Manque d'espace, manque de temps, omniprésence de la télévision, les Britanniques l'utilisent de moins en moins, et 24% d'entre eux n'en ont plus du tout, selon un récent sondage.

Manque d'espace, manque de temps, omniprésence de la télévision, les Britanniques l'utilisent de moins en moins, et 24% d'entre eux n'en ont plus du tout, selon un récent sondage.

Une nouvelle enquête vendredi est venue confirmer cette tendance, montrant la baisse continue des ventes de meubles de salle à manger. Celles de meubles de bureau aux particuliers ont progressé de 40% ces cinq dernieres années, celles des chambres à coucher de 37%, mais les ventes de meubles de salle à manger ont elles baissé de 8%, selon cette enquête de la société d'études de marché Mintel.

«Aujourd'hui, les salles à manger où les familles se réunissent chaque jour pour manger n'existent quasiment plus», explique son responsable David Bird.

«De nombreux Britanniques ne s'arrêtent pas pour manger, et quand ils le font, c'est souvent pour manger sur leurs genoux, devant la télé, chacun pour soi», ajoute-t-il.

Principaux responsables selon lui, «la disparition du modèle familial traditionnel, l'augmentation des divorces, mais aussi le vieillissement de la population, le fait que de plus en plus de gens vivent seuls».

Un récent sondage, réalisé pour la societé Cranks auprès de 1000 adultes, a montré que seulement 5% des Britanniques mangeaient tous les jours à table en famille.

15% le font «plusieurs fois par semaine», 21% «environ une fois par semaine», 19% «plusieurs fois par mois» et 31% «uniquement pour les grandes occasions» comme Noël. Les 9% restant ne mangent jamais en famille.

Dès lors, la table de salle à manger, quand elle existe encore, sert souvent à toute autre chose, convertie en bureau, en table à jouer, ou conservée pour des raisons esthétiques.

Pour Esther Dermott, du département de sociologie de l'université de Bristol, cette désaffection est aussi due à l'emploi des femmes, qui souvent n'ont plus guère le temps ou l'envie de cuisiner le soir, et au fait que les Britanniques mangent de plus en plus souvent à l'extérieur.

Mme Dermott, qui a mené en 2003 une enquête en profondeur sur les pères britanniques, explique que pour eux «manger à table en famille le soir n'était pas la chose la plus importante. Ils m'ont beaucoup plus parlé de leur envie de faire des choses en famille, de sortir, de jouer au foot avec leurs enfants», explique-t-elle à l'AFP.

«L'idée du repas de famille le soir dans la salle à manger semble disparaître en Grande-Bretagne», confirme-t-elle, et «même si les gens mangent ensemble, c'est souvent devant la télévision».

«Mais cela ne veut pas dire, ajoute-t-elle, que c'est la fin de la vie de famille. Cela veut dire que la façon et l'endroit où les gens se parlent a changé».

D'autres psychologues pourtant sont plus alarmistes.

Les émissions sur l'éducation des enfants sont légion sur les chaînes de télévision britanniques, et les parents se voient régulièrement conseiller de dîner avec leurs enfants le soir, si possible sainement et sans interférence cathodique.

L'apprentissage est parfois épique, entre enfants trépignants et parents vite lassés de leur peu d'enthousiasme pour les épinards.