Ainsi naissent les beaux tissus, au Centre de recherche et de design en impression textile de Montréal, affilié au Cégep du Vieux-Montréal. Une trentaine de collégiens, de collégiennes surtout, se familiarisent avec les techniques de l'impression textile. «Tout part d'un tissu blanc», résume leur directrice générale, Monique Beauregard, elle-même designer textile de renom, dont les oeuvres ont été exposées au Centre Matéria, à Québec, ce printemps.

Ainsi naissent les beaux tissus, au Centre de recherche et de design en impression textile de Montréal, affilié au Cégep du Vieux-Montréal. Une trentaine de collégiens, de collégiennes surtout, se familiarisent avec les techniques de l'impression textile. «Tout part d'un tissu blanc», résume leur directrice générale, Monique Beauregard, elle-même designer textile de renom, dont les oeuvres ont été exposées au Centre Matéria, à Québec, ce printemps.

Il lui est arrivé d'imprimer «au cadre» un kilomètre de tissu. C'est tout dire de l'infinie patience dont cette artiste et ses étudiants doivent faire montre pour inventer, puis réaliser des motifs dans les étoffes.

Poufs en tissus en vente Aux 4 passages.

Au Centre, tous les tissus sont reproduits, mais en petites séries, selon des techniques variées, souvent issues d'un savoir millénaire. L'impression par «dévorage», par exemple, consiste à éliminer par voie chimique l'un des deux composants d'un tissu, afin qu'il ne reste que des taches opaques sur du polyester transparent. Un tissu teint peut aussi être «rongé» à certains endroits, par un produit chimique dont l'effet destructeur dessinera une fleur, un oiseau. Qui n'a jamais expérimenté la technique du «nouer et teindre» sur un vieux tee-shirt? Qui ne s'est jamais pâmé sur une écharpe de batik?

Il n'y a aucun mystère dans la fabrication des tissus. Juste des techniques éprouvées et les limites de la créativité humaine, assistées aujourd'hui - à l'occasion, pas toujours - par l'ordinateur.

4 passages les expose

Coussins et fauteuil aux couleurs vives.

Un bon jour, Monique Beauregard s'est dit: «C'est bien beau en faire, mais il faudrait aussi les montrer.» De cette réflexion est né «4 passages», lieu de diffusion de la création textile, conçu «en parallèle avec le Centre de recherche et de design», et inauguré à la mi-octobre, dans une ancienne manufacture de matelas, rue Saint-Ambroise, à deux pas du canal Lachine.

Derrière une banale porte de métal, une immense salle sert à la fois de musée et de boutique à des laizes de tissu, à des lampes, des fauteuils, des poufs, des couvertures, des coussins, des rideaux, des robes et des chapeaux, offerts à la vente et aux yeux des designers et du public. De toute beauté! Et bien que les designers textiles qui ont participé à cette exposition ne prétendent nullement dicter la mode de demain, l'endroit suinte l'avant-gardisme et l'innovation.

Au Centre, tous les tissus sont reproduits, mais en petites séries, selon des techniques variées, souvent issues d'un savoir millénaire.

Monique Beauregard ose prédire «un retour aux choses simples, aux dessins très structurés et aux motifs ethniques». Le petit fauteuil, les coussins et les poufs de Katherine Paré s'inscrivent dans cette mouvance, dominée par les dessins forts et les motifs prononcés, «qui ressemblent presque à de la BD». «C'est ce que vous verrez bientôt en grande diffusion», avance Mme Beauregard.

Ses étudiants utilisent davantage de fibres naturelles que synthétiques. Mais la laine demeure chère et difficile d'entretien. «Il ne faut pas lésiner sur le tissu», affirme-t-elle. De temps en temps, elle va fureter chez Fabricville. Elle y a déjà déniché du beau tissu «au rayon de la mariée». Elle confesse un faible pour le velours de viscose ou de coton, pour la soie, pour le lin.

Les étudiants de 4 Passages utilisent davantage de fibres naturelles que synthétiques.

Mélanie Morin a conçu de jolis coussins de chanvre et de coton, grâce à ses contacts avec un importateur de chanvre. Ses lampes de soie en batik, très colorées, ont été suspendues à côté des lampes de feutre, très pâles, de Marie Philibert-Dubois. Ici, heureusement, nul écriteau ne nous invite «à ne toucher qu'avec les yeux». Tous ces tissus, on a l'impulsion de les caresser et de les palper, d'en éprouver la douceur et la résistance, de tâter leurs reliefs et leurs creux. On a aussi envie, soudainement, d'acheter «québécois» afin d'encourager cette relève qui rêve de se faire un nom et de bien gagner sa vie dans le design textile. «Depuis la création du DEC, en 1989, on a formé une centaine de gradués, dont 60 % sont encore dans le métier», mentionne Monique Beauregard.

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4 passages est ouvert les jeudis après-midi, ainsi que sur rendez-vous. Courriel: quatrepassage@hotmail.com