Les tables de lecture, les chaises et les fauteuils réussissent à être légers malgré la lourdeur de la tâche, si on peut dire. Les lecteurs à la Grande Bibliothèque viennent d'en avoir la preuve. Signée Michel Dallaire, la table de lecture, avec sa lampe verte en verre, située dans la grande salle de la Collection nationale, est devenue le symbole d'une réussite.

Les tables de lecture, les chaises et les fauteuils réussissent à être légers malgré la lourdeur de la tâche, si on peut dire. Les lecteurs à la Grande Bibliothèque viennent d'en avoir la preuve. Signée Michel Dallaire, la table de lecture, avec sa lampe verte en verre, située dans la grande salle de la Collection nationale, est devenue le symbole d'une réussite.

«C'est une table inclinée. Comme les pupitres de notre enfance. Elle est inclinée à cinq degrés, juste assez pour que le livre ne glisse pas», souligne le designer. C'est en regardant une toile représentant Saint-Jérôme à sa table qu'il a eu la «révélation».

Chaque détail est pensé et soigné; le tout dans le respect d'un petit budget de 300 $ pour chaque poste de travail. Le porte-crayon est taillé dans la table et ne gêne aucunement la lecture ou le passage de documents. Le repose-pied en arche, très ergonomique, rappelle la pente douce de la table. La chaise vient compléter le tout avec son étrange trépied qui lui donne l'air d'un petit insecte studieux.

Quand on est assis, la tête est moins rigide au-dessus de la table. La posture suit la douce harmonie des coudes dans la courbe. «Je pense que cette réalisation encourage les créateurs à développer des produits originaux», dit-il. Les postes d'ordinateur, les coins fauteuils, l'espace des enfants, tout est signé Michel Dallaire. Il a même pensé à cacher tous les fils disgracieux dans le pied central et le repose-pied des tables. «J'ai voulu que la colonne centrale (de chaque table) soit assez robuste et rappelle les colonnes du bâtiment.»

Les lampes de lecture en verre confectionnées par Élisabeth Marier, professeure à Espace verre, sont sûrement un des points forts de cette création. Chaque lampe est faite à la main. Avec trois épaisseurs. De près, on s'aperçoit que chaque bulle est différente. La couleur verte a été choisie d'une part parce qu'elle favorise la concentration. Et aussi parce que cela rappelle les vieilles lampes de notaire. «On dirait une émeraude», constate M. Dallaire.

L'immense salle de la Collection nationale monte vers l'horizon. Des colonnes massives mais rendues plus légères par ces murs de bouleau jaune aérés, en espaliers, évoquent les Chambres de bois d'Anne Hébert. Dallaire a respecté l'architecture du lieu pour y intégrer ses pupitres de merisier contreplaqué russe, particulièrement solide et homogène. Au lieu de mouler la table, il a réussi à la faire plier en l'amincissant dans le centre. Le procédé était ingénieux et beaucoup moins onéreux.

Malgré son air spatial, et ses surfaces généreuses, chaque pièce de mobilier a été conçue pour un usage intensif. Dans certains cas, les pièces d'acier sont usinées au laser. Dans les aires publiques, les fauteuils cubiques noirs accompagnent des tables basses en béton. Essayez de les déplacer pour voir...

On peut regretter que Dallaire ne soit pratiquement associé qu'à des réalisations de grande envergure. Et pourquoi pas davantage de résidentiel? «Toutes les techniques peuvent être utilisées dans l'application du résidentiel. J'ai choisi de travailler sur l'objet. C'est par l'objet et les équipements que je change l'environnement.» Et tôt ou tard, les lignes conçues par les designers se retrouvent dans la maison.