Pas d'âme, non, mais des êtres humains plus ou moins déracinés, et leurs sourires qui reviennent en rappel dans toutes les pièces où ils s'arrêtent.

Pas d'âme, non, mais des êtres humains plus ou moins déracinés, et leurs sourires qui reviennent en rappel dans toutes les pièces où ils s'arrêtent.

Sylvio Correa est de passage à Québec pour suivre un stage postdoctoral en sociologie, à l'Institut national de recherche scientifique. Le voici bien loin de son Brésil natal et de l'Université de Santa Cruz do Sul, où il gagne sa vie comme professeur.

Il passera les cinq prochains mois dans un petit 4 1/2 de Saint-Roch avec sa conjointe d'origine suisse, Caroline Christe, et leurs deux fillettes, Julie, quatre ans, et Amélie, dix mois. Regardez leurs visages dans cette page. Un homme a-t-il vraiment besoin de céramiques signées et de meubles en érable mondé pour faire de son logement un foyer?

Sylvio désigne, perplexe, la lampe en forme de bol à salade suspendue au-dessus de la table de la salle à manger. Caroline ne s'en fait pas pour si négligeable détail.

«On est surpris et contents de ce quartier mixte qui bouge», expose-t-elle doucement. «Au Brésil, nous habitons une ferme, ajoute le conjoint. Nous voyons du vert partout, il y a même des toucans. Ici, avec le béton, c'est une autre beauté.»

Bien qu'ils s'ennuient de leurs tableaux et de leurs petits effets personnels, ils apprécient déjà cet appartement meublé «très fonctionnel», doté d'un accès Internet sans fil, du câble et du téléphone.

Tout est neuf, neuf, neuf à l'intérieur des résidences de l'Université du Québec, rue Saint-Hélène, sises derrière le siège social de l'UQ. Les armoires et les meubles de mélamine couleur acajou sont robustes, mais pas massifs.

L'un des studios a été équipé «en mode auberge», fait observer Céline Côté, la responsable des résidences. Il accueillera les professeurs de passage. Sur le lit double, une couette moelleuse égaye la chambre avec ses fleurs et ses couleurs pimpantes. Dans la cuisine, Mme Côté a dressé la table pour le petit déjeuner. C'est sobre, mais pas ennuyeux. Un jour, un prof osera épingler une affiche sur le mur ou suspendre une toile de son coin de pays et là, ce studio anonyme développera sa vraie personnalité.

Au troisième étage, quatre jeunes femmes se partagent un 6 1/2. Elles ne se connaissent pas, c'est à peine si elles ont eu le temps de déballer leurs boîtes. Elles n'ont pas encore la tête à la décoration. Christine Daigle, 23 ans, nous ouvre les portes de sa chambre. Elle a apporté de Sherbrooke une lampe torchère en inox, un chic édredon gris et un panier d'osier.

Des dictionnaires et un portable sur un pupitre, des vêtements dans une penderie: l'étudiante en design graphique met peu à peu d'elle-même entre ces murs nus qui se languissent du défilé des jeunes âmes.