À l'entrée de Saint-Antoine-de-Tilly, la maison des Dionne ressemble à l'hôtesse du village. Aristocrate et altière, lovée au fond d'un immense terrain ombragé, elle est à la fois invitante et intimidante. On a presque envie de frapper à la porte et de demander: à quelle heure la visite guidée?

À l'entrée de Saint-Antoine-de-Tilly, la maison des Dionne ressemble à l'hôtesse du village. Aristocrate et altière, lovée au fond d'un immense terrain ombragé, elle est à la fois invitante et intimidante. On a presque envie de frapper à la porte et de demander: à quelle heure la visite guidée?

À l'entrée de Saint-Antoine-de-Tilly, la maison des Dionne ressemble à l'hôtesse du village.

Depuis 1835, sept générations de Dionne s'y sont succédé. Aujourd'hui, Jean-François en est le propriétaire. Un jour, comme son père l'a fait avant lui, il la léguera à ses propres enfants.

La famille ne l'habite que l'été, bien que le nouveau solage lui permettrait d'en profiter à l'année. Le piano de 1887 y est toujours, ainsi que l'horloge Nouvelle-Angleterre de 1880, le poêle de fonte à trois ponts de 1872, les récamiers, les ensembles de chambre à coucher et la lampe Tiffany, qui fonctionnait à l'huile avant d'être convertie à l'électricité. Les fenêtres et les volets de bois, les 12 lucarnes, l'ancien lavoir et les meubles sans clou ont été les témoins de près de deux siècles d'histoire, au cours desquels Charles-François Dionne est devenu Seigneur de Tilly, au mitan du XIXe siècle.

Au grenier, une grande chambre a remplacé les deux petites de jadis.

Dans la cuisine d'époque, rien n'allait. Elle ne convenait plus au mode de vie des Dionne-Garon, des gens bien recevants. Ils ont donc misé sur la convivialité. Ils ont fait abattre le mur qui séparait la mini cuisine et son annexe, ainsi que celui qui isolait ces deux pièces de la grande salle à manger. Secondés par la designer Véronique Poussart, ils sont repartis à zéro. «Il paraît que notre nouvelle cuisine est de style gustavien», balance le proprio, tout fier de son effet.

Style gustavien

«C'est un style lumineux d'une grande fraîcheur, élabore Mme Poussart. Il est d'une immense simplicité, mais un brin sophistiqué, sans être surchargé. Il privilégie les matières naturelles, les matériaux légers et les meubles blancs. Il convient aux lumières du Nord.» Le style gustavien est originaire de la Suède, où il a connu ses heures de gloire à la fin du XIXe siècle. Il tire son nom du roi Gustave.

Une cuisine sans armoires en haut, c'est possible!

«On fait la démonstration que c'est possible, une cuisine sans armoires dans le haut», se réjouit Gisèle Garon, la conjointe du proprio. À la place, deux belles fenêtres s'ouvrent sur le jardin et sur les courts de tennis. Un comptoir de marbre pâle repose sur des modules d'armoires (des tiroirs, en fait) de laque blanche au fini satiné, fabriqués par l'ébéniste Benoît Paradis. Un bol de framboises, et voilà une formidable touche tonique dans un environnement épuré!

Comptoir d'érable, plancher de merisier, faïence de céramique claire: l'harmonie est parfaite!

Un mur séparateur isole maintenant la salle à manger de la cuisine, à laquelle on peut accéder par la droite ou par la gauche. La convivialité, c'est ça! De ce côté, le comptoir est en érable. L'harmonie avec le plancher de merisier est parfaite. Le double évier de porcelaine émaillée, très profond, est assorti aux électroménagers blancs et aux carreaux de faïence de céramique claire qui recouvrent le mur séparateur. «Une mauvaise céramique aurait gâché le projet», affirme Véronique Poussart, qui a écumé les boutiques avant de dénicher le modèle à l'aspect «fait main» et à «l'effet XIXe siècle» qu'elle avait en tête.

«Le bois est le coeur de la maison, ajoute Jean-François Dionne. On a gardé 1200 pieds de moulures en réaménageant cette cuisine. Et on a dû composer avec cinq portes d'entrée et de nombreuses fenêtres, au rez-de-chaussée.»

Conviviale et sobre, cette cuisine est non seulement fonctionnelle, mais apaisante et invitante, comme ses hôtes.