Ils ne sont pas les seuls. Près d'un ménage sur deux au Québec prévoit entreprendre cette année des travaux de décoration, constate l'Association des détaillants de matériaux de construction du Québec (ADMCQ).

Ils ne sont pas les seuls. Près d'un ménage sur deux au Québec prévoit entreprendre cette année des travaux de décoration, constate l'Association des détaillants de matériaux de construction du Québec (ADMCQ).

Pas d'investissement majeur

«La décoration est une activité de plus en plus populaire qui, contrairement aux travaux de rénovation, ne donne pas lieu à un investissement majeur», indique le directeur général de l'organisme, Donald O'Hara.

Mais qu'est-ce qui incite les Québécois à réaménager de fond en comble leur demeure? «La maison est le refuge ultime du soi», répond la psychologue et sociologue Perla Serfaty-Garzon.

Dans son dernier livre, Chez soi. Les Territoires de l'intimité, elle s'interroge sur le rôle de l'habitat dans une société axée sur l'individu. «Les gens sentent le besoin d'exprimer leurs valeurs par leur habitat. Dans une société individualiste, la maison est le reflet de ce que l'on est et surtout, de ce que l'on aimerait être», soutient-elle.

Deux sexes, deux approches

En matière de décoration, la plupart des décisions se prennent sur un mode collégial, selon les désirs et les aspirations de chacun.

De façon générale, les hommes ont tendance à privilégier les achats pratiques et ergonomiques, alors que les femmes se laissent aller à des coups de coeur, choisissent les styles et les couleurs et préfèrent acheter des accessoires plutôt que de gros meubles.

Mais les rôles commencent à changer. Les hommes s'intéressent à la cuisine, les femmes aménagent leur bureau, les jeunes ont leur mot à dire. C'est en famille que de plus en plus de Québécois courent désormais les magasins. Dominic et Nadia disent d'ailleurs s'entendre sur la plupart des choix de décoration et tirer à pile ou face lorsque ce n'est pas le cas! «J'ose plus que Dominic, mais il a un esprit très ouvert», ajoute la jeune femme.

L'objet unique

La quête du luxe et de l'objet unique se constate en se promenant dans les allées des magasins spécialisés. Pour les planchers, fini la moquette ou la marqueterie. On veut des carreaux de céramique importés, du bois dur, un stratifié de qualité, etc. «On offre bien un modèle de base, mais personne n'en veut», confie un préposé, chez Réno-Dépôt.

Il y a un coût associé à cette quête de l'unicité et de l'authenticité. Et peu de ménages peuvent se permettre de combler tous leurs désirs.

«Il est faux de croire que le luxe est à la portée de tous, prévient Mme Serfaty-Garzon. Il est certes le signe d'une société qui s'enrichit, mais ce n'est qu'un faible pourcentage de la population qui peut se le permettre.»

La tendance à la personnalisation se confronte alors au marché des grandes surfaces, qui gagne en popularité.

Compromis acceptable

«On cherche à être unique alors qu'on achète le 10 000e fauteuil de tel modèle chez IKEA», dit l'auteure et psychologue. Acheter des meubles dans les grandes surfaces, ajouter un accessoire authentique et disposer le tout de façon originale constitue un compromis satisfaisant.

Le confort passe aussi par un certain minimalisme qui incite au dépouillement. Certains achètent moins, mais mieux et des produits haut de gamme. On privilégie les achats responsables, on s'informe sur la provenance des meubles et des accessoires.