En mettant sur pied ce partenariat inusité, Matéria affirme haut et fort que la gastronomie est un art. Elle célèbre le savoureux talent de céramistes reconnus, elle stimule l'activité de restaurants distinctifs du quartier et elle s'assure d'un certain financement en autorisant, pour la première fois, la vente de tous les objets exposés à sa galerie, sise à l'angle du boulevard Charest et de la rue de la Couronne.

En mettant sur pied ce partenariat inusité, Matéria affirme haut et fort que la gastronomie est un art. Elle célèbre le savoureux talent de céramistes reconnus, elle stimule l'activité de restaurants distinctifs du quartier et elle s'assure d'un certain financement en autorisant, pour la première fois, la vente de tous les objets exposés à sa galerie, sise à l'angle du boulevard Charest et de la rue de la Couronne.

Céramiques de Frédérique Bonmatin.

Jusqu'au 21 août, Frédérique Bonmatin laissera ses porcelaines toniques au Largo; Gilbert Poissant prêtera au Yuzu les assiettes carrées de sa série TAK; les services de table pastel de Kathleen Proulx égayeront le laurie raphaël; Koen de Winter déposera au Versa sa belle vaisselle de porcelaine et de grès; Janine Parent exposera ses bols et ses vases de raku au Clocher penché; et le couple Goyer Bonneau dévoilera sa poésie gastronomique à l'Utopie. Les oeuvres de tous ces céramistes seront aussi à l'honneur chez Matéria une partie de l'été.

Dans son contexte réel

Denise Goyer et Alain Bonneau font équipe depuis 1975. Le projet de Matéria les a immédiatement séduits. «On a toujours pensé à la fonction de l'objet», a rappelé Mme Goyer, depuis son atelier de Carignan. «Et on a toujours dessiné en plaçant mentalement cet objet dans son contexte réel.» Alors, l'idée d'exposer leurs pichets, leurs verres et leurs assiettes dans un restaurant, était un argument imparable pour convaincre le couple de suivre le «parcours gourmand» de Matéria.

Vaisselle et objets de porcelaine et de grès de Koen de Winter.

Ces deux artistes qui conçoivent et produisent eux-mêmes des objets «pensés pour être reproduits», se sont bien sûr retrouvés avec un surcroît de travail. Ils ont orienté leur réflexion sur le thème de l'eau et sont arrivés avec un concept baptisé «La chaloupe à grand-maman». Un grand plat de service en porcelaine rappelle en effet une embarcation à fond plat. Ses passagers sont les verres accompagnant une carafe en forme de phare.

«Ils ont une vision très poétique des objets», fait observer Caroline Chabot, chargée de projet chez Matéria. Denise Goyer souligne simplement qu'elle est grand-maman et qu'elle emmène souvent ses trois petits-fils en chaloupe autour de l'île Goyer, où elle réside.

Goyer et Bonneau ont beaucoup fréquenté les salons pour conquérir de nouveaux marchés. Dans les années 1980, ils se sont associés à l'entreprise Céramique de Beauce, qui a produit en manufacture et distribué à l'échelle internationale quelques-unes de leurs créations. C'est ainsi que leur fameuse théière a fait le tour du monde, avant d'intégrer la collection du Musée du Québec.

Cette association est chose du passé. Aujourd'hui, le couple est maître de sa production. Il ne participe qu'à un salon, celui de Philadelphie, chaque année en février. C'est là qu'il recrute ses acheteurs internationaux. C'est là aussi que les musées Smithsonian et Guggenheim savent où le trouver. «On est représentés à Hong-Kong», ajoute Denise Goyer.

Innover dans la fonction de l'objet et dans la technique de fabrication. Développer des concepts uniques. Créer des pièces qui sont à la fois des oeuvres d'art et des objets utilitaires. Vivre de leur métier. Tels sont les rêves de Denise Goyer et d'Alain Bonneau. Alors que le monde se les arrache, le centre de diffusion en métiers d'art Matéria les ramène à Québec.