Marie-France Duval est créatrice textile, mais elle est aussi entrepreneure à ses heures. Depuis qu'elle est sortie de la Maison des métiers d'art de Québec, il y a un an, elle a acquis une petite notoriété en ville, grâce à ses bracelets d'acier inoxydable, ornés de fines incrustations de perles de couleur.

Marie-France Duval est créatrice textile, mais elle est aussi entrepreneure à ses heures. Depuis qu'elle est sortie de la Maison des métiers d'art de Québec, il y a un an, elle a acquis une petite notoriété en ville, grâce à ses bracelets d'acier inoxydable, ornés de fines incrustations de perles de couleur.

Elle tisse aussi des chemins de table, des coussins, des vêtements, des jetés, avec des matières nobles, comme le lin et la laine, qu'elle pimente de touches personnelles, originales... et métalliques. La plupart de ses textiles présentent une rigidité étonnante.

Elle vient d'ouvrir un atelier-boutique derrière sa maison de Beaumont, sur la rive sud du fleuve. Perché sur une falaise qui domine le Saint-Laurent, bordé par une chute qui alimentait jadis un moulin, situé au coeur de l'un des beaux villages du Québec, l'atelier Touchfil s'inscrit dans la liste des points d'intérêt de Beaumont. Au moment de la visite du Soleil, les étagères étaient plutôt dégarnies, mais la bonhomie de la proprio comblait ces vides temporaires.

Ses objets tissés sont dispersés sur de belles étagères de bois, sur des vieilles tables et sur des métiers en chantier. Mais Marie-France Duval se fait aussi un devoir d'encourager la relève. Les artisans de moins de cinq ans d'expérience sont les bienvenus chez elle. «Je veux faire connaître ce qui se fait en métiers d'art», résume-t-elle.

Mathieu Gnocchini lui a ainsi laissé ses sacs à main et ses accessoires de papeterie en bois; Geneviève Gaboury, des bijoux et des vide-poches en marqueterie; et, aux jolies craquelures rougeâtres. Les joaillières Caroline Lantagne et Mélissa Bélanger, la sculpteure Marie-Christine Frigault, la céramiste Kathy Ouellette, l'ébéniste Alexandra Lavoie ont aussi trouvé chez Touchfil un lieu pour diffuser leurs oeuvres.

Au fond de l'atelier, trois mannequins arborent des tenues intrigantes. Il s'agit de son projet de fin d'études, qu'elle a intitulé Vol aveugle. Ces trois silhouettes de femme représentent le passé, le présent et l'avenir. Elle les a imaginées au lendemain du 11 septembre 2001, alors qu'elle cherchait à comprendre l'influence de l'actualité dans sa vie et son oeuvre. «Les émotions sont nécessaires à ma création», confie-t-elle.

Le passé est figé dans une burka de soie qu'elle a mis une centaine d'heures à tisser. «Je l'ai essayée, raconte-t-elle. Mais je l'ai aussitôt enlevée, parce que je me sentais mal. Je me sens incapable de la recycler en un autre vêtement. Il y a eu trop d'émotions dans sa fabrication.»

Sur le métier, un claustra de lin est en chantier. À première vue, ça ressemble à une écharpe. L'ouvrage ajouré deviendra sous peu une longue cloison légère, et sera surmonté d'une sculpture de métal signée Marie-Christine Frigault. Du textile rigide sous du métal fluide: assurément, Marie-France Duval fait ce qui ne se fait pas en industrie.

L'atelier Touchfil est situé au 80, chemin du Domaine, à Beaumont. Jusqu'au 10 juin, il est ouvert du jeudi au dimanche, entre 11h et 17h. Mais à compter du 11 juin, il sera ouvert tous les jours, de 9h à 21h.