Tous les coloris de la maison sont déclinés dans les contremarches de l'escalier principal. On dirait un arc-en-ciel. La salle à manger s'ouvre sur ce vestibule irisé. Ciel, tout est rose là-dedans! «C'est la fête!» exulte la propriétaire qui a osé ce rose bonbon sur lequel le blanc rebondit, d'une moulure à une fenêtre à une armoire.

Tous les coloris de la maison sont déclinés dans les contremarches de l'escalier principal. On dirait un arc-en-ciel. La salle à manger s'ouvre sur ce vestibule irisé. Ciel, tout est rose là-dedans! «C'est la fête!» exulte la propriétaire qui a osé ce rose bonbon sur lequel le blanc rebondit, d'une moulure à une fenêtre à une armoire.

Alignés sur une tablette lustrée, les animaux laminés d'Andy Wharhol accentuent la franche gaieté de cette vaste pièce lumineuse. Des masques jouent à se faire peur au-dessus d'un vaisselier d'acajou. Une suspension blanche en forme de soucoupe volante cherche un coin où se poser sur la nappe aux zébrures tonifiantes.

La cuisine, attenante, n'entretient aucun dialogue avec la salle à manger. À la frivolité de sa voisine, elle oppose confort et noblesse. Au rose fou fou, elle réplique avec du rouge dramatique, sur les armoires de merisier teint, sur le dosseret de céramique, sur les tabourets et sur les accessoires qui la définissent. Trois roses rouges s'épanouissent dans un vase sur le comptoir de granit. Des fleurs de gingembre languissent devant une fenêtre.

Cette maison cossue de la rue de la Tour est adossée à une cour d'école. À l'arrière, les voisins sont loin, dans les hauteurs du Saint-Patrick. Qu'ils se rincent l'oeil par les fenêtres sans rideau ! La proprio s'en fiche. Le luxe de sa cuisine s'exprime sans ostentation, à travers la cuisinière au gaz, les vitraux au-dessus de quelques armoires, les luminaires achetés chez Transit et des carreaux de céramique rectangulaires d'un grand raffinement.

Des retailles de verre colorées personnalisent un anonyme plafonnier Home Depot. Il éclaire le coin dînette, qui était jadis un vulgaire tambour. Maintenant ouvert sur la cuisine, meublé de deux ensembles de rotin, fenestré au maximum, il se prête aux petits déjeuners interminables et aux envies d'école buissonnière.

Le temps s'était arrêté

La maison date de 1925. Quand le couple s'en est porté acquéreur, il y a deux ans, le temps semblait s'être arrêté en 1950: moquette mur à mur à tous les niveaux, shag sur les murs, moulures d'origine remplacées par de vilains radiateurs à l'eau. «Les fenêtres étaient pourries et le toit coulait, ajoute la dame. Tout était à refaire. Il n'y avait rien à préserver.»

Le résultat est spectaculaire. Les rénovations sont loin d'être terminées. Mais aucune des réalisations n'est banale. Dans le salon, d'un sobre gris-bleu («tu vois, j'ai été zen ici», insiste la femme), du miroitant tissu à robe de bal fait office de rideaux. Dans la salle d'eau, près de la cuisine, la petite armoire sous le lavabo a été peinte de fines rayures multicolores verticales. «Chaque matin, tu fais une couleur avant de déjeuner», explique-t-elle.

À l'étage, cinq chambres donnent sur un grand palier. Les parents y dorment, ainsi qu'un ado. Le deuxième fils a ses quartiers au grenier. Sous le shag, se cachaient un mur de petites lattes et un beau plancher de bois franc.

La salle de bains principale se donne des airs maritimes avec une céramique en pâte de verre turquoise aux incroyables reflets nacrés. Sur le comptoir et sur le plancher, on a l'impression de s'y mirer comme dans une mer aux récifs de corail. Deux lavabos immaculés, des boiseries et, au mur, des carreaux blancs: comment ne pas voir la vie en rose, dans un environnement si apaisant.