Fort de ses aptitudes en design et en décoration, Edwin Akué est allé se chercher un diplôme collégial en ébénisterie, à la Maison des métiers d'arts de Québec.

Fort de ses aptitudes en design et en décoration, Edwin Akué est allé se chercher un diplôme collégial en ébénisterie, à la Maison des métiers d'arts de Québec.

Avec ses idées «un peu flyées», il n'a pas mis de temps à s'illustrer. Déjà qu'il savait en partant où il s'en allait: vers le contemporain, le plus loin possible des moulures et des détails tarabiscotés.

Pendant ses études, il a conçu et fabriqué une «table-console d'appoint» qui lui a valu le prix du jury de la Maison des métiers d'art. «C'est une table deux dans un», a-t-il expliqué. La console est en effet munie d'un plateau elliptique de verre texturé et d'arceaux métalliques qui peuvent être enlevés et ne laisser qu'une petite table d'appoint. Le fond du tiroir est en verre givré dépoli, si bien que la lumière la traverse de part en part. Histoire d'accentuer cette transparence, Edwin aimerait intégrer une source lumineuse à la prochaine qu'il fabriquera.

Togolais d'origine, ce beau jeune homme de 34 ans est arrivé au Québec à l'âge de cinq ans, grâce à son père ingénieur qui avait déniché un emploi à Lebel-sur-Quévillon. «Il aimait le climat», affirme Edwin, très sérieux.

Edwin Akué (Photo: Le Soleil)

«Je suis en affaires depuis trois ans», raconte-t-il, pendant qu'il exhibe une carte professionnelle mentionnant le nom de sa compagnie de la 3e Avenue, Kiasma Design. Dans un grand local généreusement fenestré, Edwin Akué travaille le bois, dans l'odeur douceâtre du bran de scie. Il livre des commandes, mais il crée également, à l'opposé des poncifs marchands de l'ameublement à la mode.

Avec quelles essences de bois? «Du bois d'arbre, madame!» Les bois locaux et exotiques l'inspirent. Il les marie au verre et au métal, en ne perdant jamais de vue l'esthétique de ses oeuvres, la résistance des matériaux et la justesse des proportions. «La conception, c'est bien beau, fait-il remarquer. Mais il faut que ça se tienne, que ça soit solide.»

Statut assumé

À la fin de 2003, Edwin Akué a participé à l'exposition Le Mobilier sculptural, au Centre Matéria, en compagnie de six autres créateurs de renom. Récemment, il a fait partie d'un jury prestigieux, aux côtés du designer industriel Michel Dallaire et de l'architecte Pierre Thibault, pour un concours de conception d'objets fabriqués par des étudiants en architecture.

Vaisselier inspiré de l'esthétique industrielle du Bauhaus créé par Edwin Akué.

Il commence à assumer pleinement son statut d'ébéniste, car il considère maintenant que son portfolio est assez éloquent. Il fait défiler les photos regroupées dans un grand cahier: un meuble de merisier pour CD, piqué d'érable ondé pour faire penser à un violon, orné d'une clé d'alto et muni de sept tiroirs qui évoquent les notes de la gamme ; un vaisselier inspiré de l'esthétique industrielle du Bauhaus ; une table à café futuriste qui ressemble à un vaisseau spatial; une table console monopode au dessus de verre.

«Avant, je travaillais plus pour l'expérience que pour les revenus, confie-t-il. Aujourd'hui, je prends ma calculatrice. Je sais évaluer le temps que me prend un objet.»

Il déplore que les gens n'aient pas le réflexe d'aller directement chez les artisans. Mais il se considère chanceux, somme toute, car il a souvent eu carte blanche pour ses contrats. «Les clients qui commandent des pièces uniques sont rares, affirme-t-il. Je cherche à aller vers la création de meubles en série.»

_______________________________

Edwin Akué peut être joint au 418-529-4079 ou au 418-561-8828.