Il en va de la bonne santé de Baronet, qui tire plus de 75 % de son chiffre d'affaires de ses ventes aux États-Unis. «Il faut surprendre, éviter de refaire ce qu'on a déjà fait, mais également saisir le bon timing», résume-t-il.

Il en va de la bonne santé de Baronet, qui tire plus de 75 % de son chiffre d'affaires de ses ventes aux États-Unis. «Il faut surprendre, éviter de refaire ce qu'on a déjà fait, mais également saisir le bon timing», résume-t-il.

Évidemment, l'administrateur devenu spécialiste du design en profite pour montrer ses nouvelles créations. Sa dernière porte le nom de Berlin. Comme pour la majorité des collections de Baronet, elle est inspirée d'une grande école du design du XXe siècle. Berlin est l'oeuvre d'un jeune designer de la région de Québec, Marc Boudreau, qui a pris appui, cette fois, sur le Bauhaus, l'école allemande d'architecture du début du XXe siècle qui a tout rejeté de «l'esthétisme bourgeois».

Les meubles de la collection Berlin arriveront en magasin en février. Ils se caractérisent par leur forme «très linéaire». Ivan Lacroix a osé introduire la couleur «graphite», un peu plus pâle que l'anthracite, dont la popularité ne se dément pas. Depuis cinq ou six ans, en effet, les couleurs foncées sont à la mode. «C'est très pratique pour la décoration, a-t-il observé. Car le foncé peut se marier à beaucoup de choses.» En avril 2005, quand il lancera son prochain catalogue, il devra en tenir compte.

C'est à High Point également que Baronet avait dévoilé les meubles de la ligne Brasilia. «Dépouillés et contemporains» à l'instar des lits, des chiffonniers et des rangements audiovisuels de la collection Berlin, ils se distinguent par «leur finition à l'européenne». Le système à coulisse des tiroirs est métallique et invisible; le sommier des lits comporte un cadre de métal à lattes de bois. Ils sont beaux sous tous leurs angles, si bien que dans un loft, ils peuvent servir de division à la fois pratique et décorative.

«Les nouvelles tables à café de Brasilia ont aussi été très appréciées, mentionne Ivan Lacroix. Leur plateau est constitué d'un miroir laqué au fini velouté, donc sans réflexion, de la même couleur que les poignées de métal titane.»

Chef de file

L'entreprise Baronet a été fondée en 1942, à Sainte-Marie de Beauce. Ivan Lacroix la dirige depuis 20 ans, soit depuis qu'elle a percé le marché américain. Il y a mis les pieds à titre d'administrateur. Mais aujourd'hui, la création fait partie de son quotidien. Merci à Vello Hubel, un designer d'origine estonienne décédé en 1996, qui a donné 30 ans à Baronet et qui a contribué, à partir du milieu des années 1980, à en faire un chef de file parmi les manufacturiers canadiens de meubles de maison. Ivan Lacroix le considère comme son mentor.

«Il m'a appris l'importance des ombres et de la lumière», confie-t-il. Plus de 300 personnes travaillent dans son usine de Sainte-Marie et dans sa scierie de Saint-Just-de-Bretenières, qui traite l'érable et le bouleau. «Baronet ne fait aucune fabrication en Chine», insiste son président.

Il se targue d'avoir lancé des «classiques qui durent 10 ans». «Si on veut que les gens vivent avec nos meubles, il faut être à la fois innovateur et classique, analyse-t-il. Aujourd'hui, le travail demande beaucoup de mobilité. Les meubles doivent pouvoir s'adapter à un endroit, puis à un autre.»

Baronet a souffert dans le passé des pratiques douteuses de la Malaisie, qui se plaisait à copier ses meubles. «Nos clients n'achètent pas de copie, affirme Ivan Lacroix. Mais reste que la contrefaçon entraîne de la confusion chez les consommateurs et qu'elle raccourcit la vie d'un produit.»

Hier, la Malaisie. Aujourd'hui, la Chine. Demain, le Vietnam? La concurrence est vive dans le monde manufacturier du meuble. Mais Ivan Lacroix a confiance en ses forces: les idées et la bonne réputation de son entreprise en matière de qualité et de service personnalisé.