Au lieu de partir en voyage de noces, comme l'immense majorité des nouveaux mariés, Erik Graf et Renate Heidersdorf ont préféré s'offrir un petit coin de paradis dans leur cour arrière de Beaconsfield. Ils ont aménagé trois étangs dont un, beaucoup plus grand où, en compagnie de poissons et de quelques grenouilles attentives qui la surveillent, Renate fait ses 35 longueurs chaque matin dans une eau cristalline avant d'entamer sa journée d'artiste et de professeur d'art.

Au lieu de partir en voyage de noces, comme l'immense majorité des nouveaux mariés, Erik Graf et Renate Heidersdorf ont préféré s'offrir un petit coin de paradis dans leur cour arrière de Beaconsfield. Ils ont aménagé trois étangs dont un, beaucoup plus grand où, en compagnie de poissons et de quelques grenouilles attentives qui la surveillent, Renate fait ses 35 longueurs chaque matin dans une eau cristalline avant d'entamer sa journée d'artiste et de professeur d'art.

 Une «piscine» tout ce qu'il y a de naturelle, avec quelques nénuphars et plantes aquatiques, comme un lac du Nord, mais en un peu plus chaud. Pas de béton, aucun produit chimique, que quelques pompes pour assurer une bonne circulation de l'eau, une bonne épaisseur de pierres de rivière d'un côté et un minimarais filtrant de l'autre pour garantir une épuration constante.

Cette folie, ce gros risque qu'ils ont pris il y a plus de huit ans (car il s'agissait alors d'un prototype à Montréal) est devenu un véritable gros lot dont ils profitent quotidiennement et sur lequel s'extasient immanquablement des visiteurs ébahis. Depuis, ils ont même vendu leur chalet du Vermont. «On y allait pour se baigner. Maintenant on n'en a plus besoin», dit le propriétaire.

Ils ont aménagé de magnifiques massifs floraux et un sous-bois, qui camoufle la «piscine», leur assure l'intimité. Le couple intègre même à son aménagement des plantes tropicales qui reprennent le chemin de la serre aux premiers froids.

Leur famille et les amis invités à leur mariage ont d'ailleurs contribué à la mise en place de l'aménagement en leur offrant en cadeaux de noces une grande quantité de plantes pour habiller leur projet.

S'il est à l'aise, le couple ne roule tout de même pas sur l'or et sa propriété n'a pas les dimensions qu'on s'imaginerait de prime abord. Sur un terrain totalisant 24 000 pieds carrés, la cour arrière compte quelque 15 000 pieds. La piscine, elle, fait 48 pieds sur 20 avec une profondeur maximale de six pieds et borde l'arrière du terrain. «On n'avait pas les moyens de s'acheter une propriété au bord de l'eau. À Beaconsfield, les propriétés en bordure du fleuve sont hors de prix. Alors, on a amené l'eau sur notre terrain», dit M. Graf, professeur d'histoire à la retraite. «Et ici, on n'a même pas à composer avec le bruit des hors-bord et des motos marines.»

Avec le temps, les algues ne prennent-elles pas le dessus pour devenir un horrible cauchemar? M. Graf assure que, depuis toutes ces années, l'eau est toujours aussi pure et l'entretien minimal. «J'ai déjà eu une piscine creusée et c'était beaucoup plus de trouble. Le secret avec un bassin naturel, c'est l'équilibre. Il suffit de reproduire la nature et celle-ci se chargera du reste.» Seul travail qu'il s'impose:chaque automne, il installe sur le plan d'eau un filet pour recueillir les feuilles et le retire au printemps.

Bordé de pierres plates, le bassin permet une entrée en douceur surtout que le couple a aménagé une miniplage avec deux chaises longues juste à l'entrée. Bien assise sur une des pierres plates, une grenouille nous observait d'ailleurs placidement lors de notre visite. «J'ai répertorié une trentaine d'espèces d'oiseaux, dont des Orioles de Baltimore, qui viennent nous visiter, sans compter les libellules qui, dit-on, viennent seulement si l'écosystème est totalement équilibré», précise M. Graf.

Point de mire

À l'île Bizard, les MacLaughlin ont eux aussi installé un bassin qui constitue un des points de mire de leur jardin. Ils pourraient sûrement y faire trempette, surtout par temps chaud, mais ils préfèrent en laisser l'usage exclusif à leur carpe japonaise. «On se contente de l'admirer», dit Mme MacLaughlin.

À une beaucoup plus grande échelle, soulignons que la plage Doré de l'île Notre-Dame fonctionne en grande partie selon ce principe et que des marais filtrants ont été aménagés pour assurer la qualité de l'eau.

Selon Wolfram Franke, auteur de Piscines écologiques-de la conception à la réalisation, un ouvrage allemand qui vient d'être traduit en français, les dimensions minimales de la pièce d'eau ne devraient pas être inférieures à 60m carrés si l'on veut s'y baigner. Là-dessus, il ne faut tout de même pas oublier qu'au moins le tiers du bassin doit être occupé par la zone de végétation (plantes palustres et aquatiques). Plus le bassin est grand et profond, plus l'équilibre est facile à obtenir. Comme l'eau s'y réchauffe moins facilement, les algues ont plus de difficulté à s'y propager.

Au Québec, les concepteurs utilisent souvent des filtres à bactéries (ces bactéries bénéfiques détruisent les algues) ou des purificateurs à rayons ultraviolets pour donner un coup de pouce à la nature. Certains estiment toutefois qu'il vaut mieux viser un équilibre naturel qui permet d'éviter toute intervention artificielle, à l'exception évidemment d'un certain mouvement de l'eau qui, à défaut d'un ruisseau, doit être assuré par des pompes (souvent on créera une chute ou des remous pour allier efficacité et beauté).

L'aspect esthétique réclame qu'on aménage aussi les abords du bassin. Selon les spécialistes, le ratio idéal est de 1/3-1/3-1/3 pour les trois composantes bassin de baignade, plantations aux abords de la piscine et zone de végétation aquatique.