L'asperge est normalement cueillie au printemps. Mais un producteur audacieux en récolte aussi en fin d'été.

L'asperge peut se cultiver dans la platebande ou le potager pour sa beauté et le plaisir de manger ses tiges bien fraîches.

D'un beau vert tendre, le délicat feuillage tourne au jaune vif à l'automne. Son aspect flamboyant perdure d'ailleurs une bonne partie de l'hiver. Comme il s'agit d'une plante dioïque, le plant est femelle ou mâle. Dans la platebande, la différence est intéressante, parce que les plants femelles produisent de beaux petits fruits rouges qui persistent aux branches une fois le feuillage disparu. En quelques années, la touffe devrait mesurer de 50 cm à 1 m de diamètre.

Je cultive quelques touffes d'asperges depuis un bon moment. Chaque printemps, parfois même à la fin d'avril, j'éprouve une grande excitation à couper mes premières tiges, un délice incomparable.

N'ayez crainte, la récolte des turions (c'est ainsi qu'on nomme les tiges naissantes) ne mettra aucunement votre plant en danger. Si tel était le cas, il n'y aurait pas d'asperges sur le marché.

En récolte commerciale comme au jardin, la cueillette commence trois ans après le semis. On peut alors couper toutes les tiges qui sortent de terre durant 10 à 12 jours. La quatrième année, on peut cueillir toutes les asperges dodues durant 30 jours, et la cinquième année, la récolte peut se faire durant environ 45 jours. Ensuite, on laisse les nouveaux turions tranquilles afin qu'ils grandissent pour permettre au plant d'accumuler des réserves et prendre de l'ampleur. Ainsi, chaque asperge qui aura été sauvée de l'assiette deviendra une tige de 1,5 à 2 m.

Au mois d'août

Mais le monde d'Asparagus officinalis, de son nom scientifique, évolue. Si l'asperge est normalement cueillie au printemps, de la première semaine de mai à la Saint-Jean-Baptiste, le producteur Mario Rondeau, de Saint-Thomas, près de Joliette, tente de changer un peu les choses. Depuis deux ans, il cueille une petite partie de ses asperges à partir de la mi-août jusqu'en septembre, une nouvelle méthode de culture qui serait originaire du Mexique. M. Rondeau travaille en collaboration avec un spécialiste international, Christian Befve (www.befve.com), dont les clients sont responsables de 22% de la production d'asperges dans le monde.

Mario Rondeau, qui vend ses asperges sous la marque Primera (www.aspergesprimera.com), laisse donc quelques plants pousser normalement au printemps, sans les cueillir, évidemment. Au début d'août, il les rase au niveau du sol et arrose la plante pour que les nouvelles tiges soient tendres à souhait. Les premiers turions font leur apparition quatre à cinq jours plus tard. Comme au printemps, la récolte a lieu quotidiennement, mais elle ralentit progressivement avec les jours plus frais de septembre. L'asperge cesse de produire quand le thermomètre tombe à 12°C. Le goût est le même que celui des asperges printanières.

Selon M. Rondeau, les rendements sont légèrement inférieurs à ceux d'une récolte printanière, mais les prix obtenus en août sont supérieurs. Cette année, sa production se limite à quelque 150 kilos et reste expérimentale, le temps de vérifier la rentabilité sur une plus grande échelle.

Je vais donc tenter l'expérience dans mon jardin la saison prochaine, notamment avec un ou deux plants d'asperges violettes, «Purple Passion». Soulignons que les asperges sont faciles à cultiver, et on peut trouver des plants (ou des racines) dans plusieurs centres de jardin, des plants qui ont habituellement un an. La variété la plus populaire chez les producteurs est «Millenium», ou «Guelph Millenium» créée par l'université ontarienne du même nom.

Il est possible aussi de faire des semis tôt au printemps, à l'intérieur, pour transplantation en mai. La maison Horticlub de Laval (www.horticlub.com) vend des semences de la variété «Jersey Supreme». Cultivée dans de bonnes conditions (sol riche, un peu sablonneux, bien draîné et en plein soleil), l'asperge est une plante dont la longévité est étonnante. On parle de plusieurs décennies.

Dans mon patelin, j'ai découvert une touffe d'asperges âgée d'au moins 60 ans dans un terrain en friche jadis occupé par un jardin. À l'époque, il était fréquent de cultiver l'asperge à des fins décoratives dans les jardins de campagne.

Le 18 février dernier, je vous ai présenté «Rainbow Treasure», fraisiers de la maison ontarienne William Dam Seeds. La photo promotionnelle était exceptionnelle, presque trop belle pour être vraie. C'est souvent le cas des photographies dans les catalogues.

On y voyait des dizaines de fraises et autant de fleurs roses, rouges, blanches. Je n'ai pu résister. Avec des amis, j'ai donc fait l'essai de cette nouvelle lignée de fraisiers domestiques, une variété vendue en graines. Les semis ont été réalisés le 10 mars et les plants ont été transplantés en mai. Ils ont commencé à fleurir en juin. Les premières fraises ont été mangées vers la fin du mois de juin. Voici le constat.

- Cinq plants dans mon gros pot ont tous donné des fleurs aux coloris différents. Fort joli, certes, mais rien à voir avec l'arc-en-ciel de William Dam. Par contre, chez mes amis, le hasard a voulu que les fleurs soient toutes de la même couleur ou de deux coloris seulement.

- La production de fruits est abondante, mais elle a baissé considérablement en août, probablement en raison des grandes chaleurs ou encore d'une fertilisation insuffisante.

- De grosseurs diverses, les fraises ont un bon goût, sont légèrement sucrées, mais à la condition d'avoir été cueillies à pleine maturité. Sinon, elles sont très fades.

- Conclusion: une variété très intéressante pour le balcon. Ces fraisiers sont rustiques, mais on doit enterrer le pot afin de protéger les racines du gel hivernal.