Généralement, on remarque d'abord une fleur ou une plante pour son allure, ses couleurs. Mais il y a bien plus. Son bouquet, par exemple...

Juste pour le plaisir de sentir leur parfum de miel, je plante chaque année dans différents coins du jardin des touffes d'alysses blanches, ces petites annuelles qui forment des tapis odorants tout l'été.

Une foule de plantes produisent des fleurs parfumées, mais l'intensité de leur fragrance fluctue souvent selon les variétés. La perception de leurs odeurs varie aussi considérablement d'une personne à l'autre.

Parfois les effluves sont si faibles ou si subtils qu'il faut littéralement mettre son nez dans la fleur pour les humer. C'est le cas de la majorité des hostas, hémérocalles et iris barbus considérés comme odorants.

Si une fleur seule excite à peine nos narines, l'effet de groupe peut parfois parfumer complètement l'air ambiant. Je me souviens de ces tulipes «Orange Favorite» et de leurs exquises fragrances d'orange perceptibles à deux mètres de distance. Mon bosquet en comptait... une centaine. On trouvera à l'occasion le même effet chez les astilbes.

Par ailleurs, de nombreuses plantes odorantes sont si petites qu'elles exigent des prouesses de gymnaste pour arriver à sentir leur odeur. Le jardinier un peu fou se mettra à quatre pattes pour humer le délicat parfum du puschkinia, espèce bulbeuse à floraison printanière.

À l'inverse, une odeur puissante peut déplaire à certains nez. Le lis oriental «Stargazer», espèce vivace chez nous, mais aussi très prisée des fleuristes, dégage un arôme si fort qu'il choque parfois l'odorat.

Soulignons aussi que bon nombre de fleurs se parfument à un moment précis de la journée et que les conditions climatiques influent sur l'intensité et la quantité de leurs émanations. Les immenses fleurs de brugmansias commencent habituellement leur envoûtement en toute fin de journée.

Voici une première liste de fleurs offrant les parfums les plus perceptibles. La semaine prochaine, ce sera au tour des grimpantes, vivaces et annuelles.

LES ARBRES

Plusieurs arbres ont des fleurs qui embaument, mais leur floraison est habituellement très courte, quelques jours tout au plus. C'est le cas du tilleul et de l'érable de Norvège.

Mon arbre préféré demeure toutefois l'olivier de Bohême, Elaeagnus angustifolia, dont la floraison est plus longue, une bonne semaine. Ses fleurs en grappes jaunes dégagent un parfum très agréable, en plus de produire de petits fruits verts prisés des oiseaux. Son feuillage est argenté comme celui de son petit cousin, le chalef argenté (Elaeagnus communata), lui aussi odorant. Tous deux sont très rustiques.

Certains magnolias sont aussi parfumés, mais les bourgeons floraux sont fragiles aux gels d'hiver et surtout du printemps. Zone 5.

Pour sa part, l'arbre de Katsura (Cercidiphyllum japonicum) se manifeste l'automne. Son feuillage magnifique émet alors une odeur de caramel ou de cannelle dont l'intensité semble varier considérablement d'un arbre à l'autre ou encore, selon la perception des gens. Rustique en zone 5.

Photo archives La Presse

Les fleurs de l'olivier de Bohême peuvent embaumer tout un terrain.

LES ARBUSTES

Azalées (photo)

Bon nombre d'azalées, notamment plusieurs cultivars rustiques de la série Lights (par exemple, le «Spicy Lights», notre photo), émettent des fragrances extraordinaires, perceptibles à des mètres de distance. C'est le cas du printanier «Golden Lights», mon préféré. Les azalées de la série Weston sont aussi très odorantes et fleurissent à partir de la fin du mois de juin. Elles sont cependant relativement rares sur le marché, mais la pépinière Au jardin de Jean-Pierre (www.jardinjp.ca), à Sainte-Christine, près d'Acton Vale, en tient une importante collection. Par ailleurs, certaines espèces de rhododendrons à feuilles persistantes ont également un parfum prononcé. Rusticité variable.

Daphnés

Arbustes de petite taille, habituellement de 80 à 100 cm, à floraison abondante et printanière. Leur parfum est souvent puissant, notamment celui du bois joli (Daphne mezereum). Zone 4.

Lilas

Parmi les arbustes aux inflorescences parfumées, les lilas sont incontournables. On en compte des centaines de cultivars sur le marché, mais l'intensité de leurs effluves varie beaucoup. Zone 3.

Seringats (photo)

Les seringats ou philadelphus sont réputés pour leurs fleurs blanches odorantes. La floraison a lieu au printemps. Il en existe de nombreux hybrides et leur hauteur varie de 1 à 2 m. Zone 4.

Buddleias (photo)

L'arbre aux papillons est en réalité un arbuste qui ne dépasse guère 2 m. Sa floraison en épis se pare de plusieurs coloris, du rouge au bleu en passant par le violet et le blanc. Son parfum attire effectivement les papillons. Le hic, il est peu rustique, mais peut parfois survivre deux ou trois années, selon les rigueurs de l'hiver. Zone 5.

Clethras

Peu connus, les clèthres, qui atteignent environ 1 m, produisent à la fin du mois de juillet des fleurs en épis, blanches ou roses, habituellement très parfumées. Rustiques en zone 4.

Rosiers (photo)

Les rosiers n'ont guère besoin de présentation. Les effluves varient beaucoup d'une variété à l'autre. Parmi les rosiers rustiques particulièrement odorants, notons «Lasting Love», rouge; «Thérèse Bugnet», rose (notre photo); «Henry Hudson», blanc, et «Hanssa», violet.

Brugmansia (photo)

Grandes fleurs en forme de cloche roses, blanches ou jaunes qui émettent un parfum divin en fin de journée perceptible à grande distance. La plante grandit à vue d'oeil et peut parfois produire des centaines de fleurs durant l'été. Le hic: il faut l'entreposer dans un endroit frais pour l'hiver et la tailler radicalement.

Autres

Certaines variétés de viornes, prunus, pommetiers, bois bouton (Cephalanthus). Chez les espèces non vivaces sous nos climats ou encore chez les arbustes d'intérieur, les citrus et les osmanthus produisent des effluves exceptionnels.