Lors de votre visite au centre de jardin ou à la pépinière, n'oubliez pas de jeter un coup d'oeil aux Exceptionnelles 2011, une initiative horticole québécoise unique en Amérique du Nord qui en est à sa cinquième année.

Les huit plantes annuelles primées ont été retenues pour leur facilité d'entretien, leur floraison abondante ou spectaculaire et leur résistance aux maladies, en excluant l'utilisation de pesticides pour les maintenir en santé. Comme par le passé, le choix a été déterminé par les visiteurs du jardin Daniel A. Seguin, de Saint-Hyacinthe, où les plantes sont en montre, et un comité d'experts. Nous vous les présentons en deux parties, aujourd'hui et samedi prochain.

Un pétunia qui... danse

Décidément, les hybrideurs ont beaucoup d'imagination quand il s'agit de nommer une plante. Et ceux qui en font la promotion se sentent souvent obligés d'en ajouter. Avec ses fleurs bleues aux pétales bordés de blanc, le pétunia «Rhythm&Blues» est fort joli. On nous dit que son effet «est comparé aux meilleurs crescendo de La Nouvelle-Orléans, une vibration visuelle qui capte l'attention et donne du rythme à tout aménagement». Rien de moins.

Le plant atteint 25 cm et son envergure est d'environ 25 cm. Comme tous les autres pétunias, il convient particulièrement bien aux jardinières et exige le plein soleil.

Originaires d'Amérique du Sud, les pétunias comptent des milliers de cultivars et certains répondent même à une appellation commerciale particulière comme c'était le cas des Surfinias. «Rhythm&Blues» est le résultat d'un programme d'hybridation réalisé en Allemagne en 2005.

Coeur de framboise

Les angelonia sont encore relativement peu connues. Originaires des milieux humides de l'Amérique tropicale, du Mexique à l'Amérique centrale en passant par les Antilles, ces annuelles, que je cultive depuis un bon moment déjà, sont prolifiques. D'une hauteur variant de 30 à 50 cm, elles produisent des hampes florales garnies de dizaines de petites fleurs en épis qui ne sont pas sans rappeler les mufliers ou encore les orchidées.

Notre vedette, Angelonia «Carita Raspberry», donne une fleur aux pétales rose foncée mais au coeur rouge vif, couleur de framboise, comme l'indique son nom. Dédaignée des insectes et exempte de maladie, elle résiste aussi à la sécheresse et fleurit tout l'été. En vase, elle aurait une durée de vie d'une dizaine de jours, ce que je n'ai jamais expérimenté. La plante peut s'accommoder de la mi-ombre, mais préfère le plein soleil.

Une jaune américaine

Mecardonia «GoldDust» est une plante tapissante qui ne dépasse guère les 10 cm de hauteur et s'étend sur environ 30 cm. Elle produit une profusion de fleurs jaunes sur un fond de feuilles vertes, très foncées. La floraison s'étale de juin jusqu'au premier gel. «GoldDust» convient bien à l'avant d'une platebande, dans un bac ou une jardinière où elle laissera pendre une abondance de tiges florales très compactes. Elle est théoriquement résistante à la chaleur, nous disent les promoteurs, une caractéristique essentielle, cela va de soi, pour une annuelle en climat québécois. Sa résistance est toutefois conditionnelle à un arrosage régulier.

L'appellation mecardonia nous est peu familière et elle est synonyme du terme plus connu de bacopa. Le genre regroupe plusieurs espèces originaires du centre des États-Unis, à partir du sud des Grands-Lacs jusqu'en Amérique du Sud. Mais certaines sont aussi indigènes en Afrique et en Australie. Plusieurs espèces poussent en milieux arides mais habituellement près d'une source d'eau, ce qui peut laisser croire que la belle américaine ne doit jamais en manquer.

Je ne lui ai pas trouvé de nom en français et l'appellation anglaise de Baby Jump-up est probablement une allusion à la fleur de certaines violettes dont Viola tricolor. Le nom de la plante honore Anton Meca y Cardona, un des cofondateurs du jardin botanique de Barcelone.

Une rose et un roi

Deux bégonias figurent au panthéon des Exceptionnelles. «New Star Red» fait partie d'une lignée réputée pour son aspect compact. Il s'est classé parmi les premiers au palmarès du public en raison de ses jolies fleurs doubles, rouge vif qui rappellent de petites roses. Petite, de forme plutôt arrondie, la plante atteint autour de 20 cm et se cultive très bien en jardinière ou en platebande. Elle préfère toutefois la mi-ombre et résiste à la chaleur. Prolifique, il est aussi conseillé de la fertiliser de temps à autre avec un engrais balancé. Attention! Il faut se rappeler que les bégonias détestent qu'on arrose leur feuillage, sous peine de maladies. Évitez aussi de trop les abreuver par grandes chaleurs même si la tentation est grande. Dans ce cas, il vaut mieux arroser prudemment en début ou fin de journée, toujours aux pieds de la plante.

«Gryphon», lui, est un bégonia de type rex, comme les bégonias de nos grand-mères, des lignées qui sont redevenues populaires ces dernières années. Ils sont cultivés avant tout pour la beauté de leur feuillage et font aussi d'excellentes plantes d'intérieur comme c'est le cas du bégonia «Escargot» dont je vous parlais récemment. Si bien qu'une fois terminé leur séjour à l'extérieur en bac, en jardinière ou encore en platebande, ils passeront sans difficulté l'hiver à la maison. Ils pourront même vous donner quelques fleurs.

Le bégonia «Gryphon» se distingue par son feuillage extrêmement découpé et son coloris argenté. Vigoureux, il culmine à 60 cm et se plaît à l'ombre. Même si les bégonias préfèrent un sol retenant l'humidité, «Gryphon» peut résister sans trop de mal à des conditions de sécheresse, dans la mesure évidemment, où elles ne s'éternisent pas.

Promotion horticole

Conçu par Claude Vallée, professeur à l'École de technologie agro-alimentaire, à Saint-Hyacinthe, le programme horticole les Exceptionnelles vise à promouvoir la production de certaines plantes annuelles, belles et faciles à cultiver, de façon à ce que les amateurs de jardinage puissent les trouver aisément dans leurs centres de jardin.

Son originalité tient au fait que les consommateurs sont mis à contribution pour sélectionner les futures vedettes. Ainsi, une partie des visiteurs qui se présentent au jardin Daniel A. Seguin, à Saint-Hyacinthe, se voient remettre trois petits drapeaux qu'ils déposent devant les plantes qu'ils estiment les plus intéressantes parmi les 200 ou 300 nouveautés présentées dans les platebandes.

En fin de saison, les votes sont comptés et un comité d'experts décide quelles plantes monteront sur le podium. Ce comité regroupe aussi des représentants du Jardin botanique de Montréal et du Jardin Van den Hende, à Québec, où on retrouve aussi toutes les plantes testées. Sur les nouveautés qui se sont classées parmi les 10 premières selon le choix du public, seules trois ont été retenues par le comité de sélection. Les raisons justifiant l'élimination sont multiples: difficultés d'approvisionnement, problèmes de production, apparition de maladie, etc. Comme c'est le cas ailleurs sur la planète horticole, ce qui est nouveau pour les promoteurs des Exceptionnelles est peut-être déjà vendu ailleurs depuis un petit moment. L'échinacée «PowWow», par exemple, a même figuré parmi les grandes gagnantes 2010 de l'organisation All-America Selections, une plante vivace incidemment.

Photo: Claude Vallée, collaboration spéciale

Une angelonia «Carita Raspberry»