Si vous avez visité ces jours-ci une jardinerie, une pépinière ou même tout simplement un supermarché ou une quincaillerie, vous y aurez trouvé une véritable féerie de fleurs (lis, chrysanthèmes, bulbes de prin­temps, etc.) en vue de Pâques.

C'est que la tradition de fleurir Pâques est très ancienne, antérieure même à l'arrivée du christianisme en Europe, car Pâques fut à l'origine la fête païenne du renouveau, de la renaissance, du retour à la vie après un long hiver; et qu'est-ce qui signale mieux le renouveau que les fleurs?

Actuellement, la fleur emblème de Pâques est le lis de Pâques, Lilium longiflorum. Appelé lis trompette et originaire du Japon, c'est un nouveau venu, devenu populaire surtout après la Seconde Guerre mondiale. Mais la vraie fleur de Pâques, l'originale, est tout autre et pourtant, son nom commun est sans équivoque : la pâquerette (Bellis perennis).

Une tradition européenne

La pâquerette a reçu son nom parce qu'elle fleurit à la période de Pâques : en effet, en France et d'ailleurs partout en Europe centrale, les champs et pelouses sont blancs (de pâquerettes) au printemps. Après, la plante continue à fleurir moins abondamment, tout l'été. Il s'agit d'une petite marguerite aux tiges très courtes (5 à 15 cm) dont on faisait des bouquets - très petits! - pour décorer églises et maisons dans le temps de Pâques.

La forme sauvage de la pâquerette donne des inflorescences aux rayons blancs, rosissant un peu en vieillissant, entourant un disque composé de centaines de fleurons jaunes. Sous la main des hybrideurs, des variétés roses et rouges ont été développées et aussi des formes à fleurs doubles. D'ailleurs, la majorité des pâquerettes vendues au Québec ont des fleurs doubles, ressemblant donc davantage à un pompon qu'à une marguerite.

La tradition de fleurir Pâques, apportée en Amérique par les premiers colons, ne s'est pas transmise avec autant de succès aux cousins québécois pour la bonne raison qu'à l'époque (et encore aujourd'hui), la pâquerette ne fleurissait pas à la période de Pâques, et d'autant plus que cette fête peut avoir lieu entre le 22 mars et le 25 avril, période où nous voyons plus souvent de la neige qu'une abondance de fleurs! La pâquerette fleurit plutôt en mai ici, soit environ un mois trop tard.

Cultiver la pâquerette au Québec

Soit dit en passant, on peut facilement cultiver la pâquerette en pleine terre dans nos régions. Des plants sont disponibles en pépinière au mois de mai (souvent dans la section des annuelles) et des semences sont faciles à trouver sur Internet et dans les catalogues. La forme sauvage, à fleurs simples blanches, est une excellente plante à ajouter à une pelouse, étant assez basse pour passer sous la tondeuse sans trop de dégâts. D'ailleurs, si vous voulez voir une belle pelouse décorée de pâquerettes naturalisées, allez au Domaine Joly-de Lotbinière. Les variétés horticoles, plus hautes, conviennent davantage à la bordure des plates-bandes.

Cultivez-la au plein soleil ou à la mi-ombre dans un sol de toute qualité, mais toujours bien drainé. Les variétés horticoles ont la vie courte et ne survivent que deux ou trois ans. La variété sauvage est une vivace plus persistante, une solide zone 4.

N'empêche que la plante est facile à forcer en pot en vue d'une floraison à Pâques et on la voit ainsi utilisée dans les pays scandinaves où, comme chez nous, la floraison naturelle est trop tardive. Malheureusement, nous ne voyons que très rarement des potées de pâquerettes à Pâques au Québec.