La récolte des champignons sauvages a été excellente une grande partie de l'été et les divines chanterelles ont été particulièrement abondantes au mois d'août. Mais le meilleur moment mycologique au Québec reste le mois de septembre, rappelle Raymond McNeil, auteur de Champignons communs du Québec et de l'Est du Canada (éd. Michel Quintin).

Évidemment, si la pluie se manifeste durant quelques jours, la récolte sera plus abondante. D'ailleurs même les amateurs de jardinage peuvent faire des trouvailles intéressantes dans leurs platebandes, surtout dans leur pelouse, souligne M. McNeil. Par exemple, septembre est souvent le moment propice pour y découvrir des coprins chevelus, une espèce facile à identifier. On peut aussi trouver à l'occasion des psalliotes des prés, des psalliotes des trottoirs ou encore la psalliote à pied bulbeux qui, elle, préfère le voisinage des épinettes, toutes d'excellentes espèces de la grande famille des agarics, celle qui a nous a donné l'industriel champignon de Paris.

Mais l'espèce la plus commune dans le gazon est sans doute le marasme des Oréades ou rond de sorcière, un petit champignon à chair blanche qui pousse en groupe, habituellement en forme de cercle ou d'arc, souvent là où persistent d'anciennes souches ou bouts de bois dans le sol. Relativement facile à identifier, il est considéré comme meilleur séché et réhydraté (comme la morille d'ailleurs).

Attention, cela ne veut pas dire que tous les champignons que l'on retrouve dans le gazon sont comestibles. Loin de là. Évidemment un ou deux bons guides d'identification s'imposent ou encore l'expertise d'un amateur. En cas de doute, il faut toujours s'abstenir. Les minuscules lépiotes qu'on découvre aussi dans la pelouse ou dans le jardin sont souvent très toxiques.

Photo: Raymond McNeil

Psalliote à pied bulbeux

Des lactaires en abondance

En forêt, septembre nous donne encore quelques exquises chanterelles, notamment une espèce plus petite qui cohabite avec les épinettes, de nombreuses russules (les russules à goût piquant doivent être éliminées), des lactaires en abondance, des pleurotes (ils poussent sur le bois mort). En milieu plus ouvert, on trouvera les grandes lépiotes dont il faut toutefois se méfier, certaines étant toxiques. De plus, le passage de l'été à l'automne est habituellement la période par excellence pour cueillir des bolets, ces champignons à la texture étrange qui comptent parmi eux le cèpe d'Amérique qu'on appelait encore récemment bolet comestible.

Si la plupart des bolets sont justement comestibles, il ne faut pas oublier que l'on en compte une centaine d'espèces dont certaines sont indigestes, indique Raymond Archambault, porte-parole du Cercle des mycologues de Montréal, le plus important en Amérique du Nord. Quant au délicieux cèpe d'Amérique, il peut être confondu avec le bolet amer qu'il suffit de goûter du bout de la langue pour réaliser de quelle espèce il s'agit.

Petit rappel : on s'initie à la cueillette des champignons sauvages en se concentrant d'abord sur les espèces bonnes au goût, communes et faciles à identifier. Il est toujours préférable d'utiliser plus d'un guide d'identification et au besoin de faire identifier sa récolte par un expert, comme ce sera le cas demain au Jardin botanique de Montréal. Participer aux sorties d'un groupe de mycologues est encore une des meilleures façons de s'initier à la mycologie. Le site du Cercle des mycologues de Montréal (www.mycomontreal.qc.ca) vous permettra notamment de trouver le regroupement qui oeuvre dans votre région. On puisera aussi une foule de renseignements sur le site www.mycoquebec.org qui compte une banque de plus 12 000 photos, un site qui s'adresse cependant surtout aux initiés.

Quant aux guides d'identification, ils sont nombreux et la plupart de bonne qualité Toutefois, il ne faut jamais acheter ou se servir d'un guide européen car les confusions sont nombreuses et souvent dangereuses.

Champignons endimanchés

Rendez-vous mycologique demain de 9 à 18 h au Jardin botanique où le Cercle des mycologues de Montréal présente son exposition annuelle. Vous pourrez voir de 200 à 300 espèces de champignons dont les spécimens sont fraîchement cueillis. De nombreux experts et passionnés répondront à vos questions. On vous invite à apporter vos champignons pour fins d'identification. L'expo a lieu dans le grand hall d'entrée des serres et l'entrée est libre (frais de stationnement seulement).

Photo: Rocket Lavoie, le Quotidien

Le coprin chevelu est une espèce souvent abondante sur nos pelouses en septembre.