Ils ont 32 bacs Biotop sur le toit de leur duplex du Centre-Sud de Montréal, à l'ombre presque de la tour de Radio-Canada. Entre les branches des grands arbres du quartier, Pascale et Philippe entrevoient le clocher de l'église Sainte-Brigide, le logo de l'édifice de TVA et, au loin, la croix du Mont-Royal.

Ce potager sous le ciel, c'est le bonheur de cueillir avant de cuisiner, c'est aussi les repas en plein air, les chauves-souris, un bol de nature sous les étoiles. «En rentrant du travail, je monte voir ce qui a poussé», confie Philippe.

L'hiver 2009, un reportage sur les bacs Biotop retient l'attention de Pascale et Philippe: ils sont assez légers pour reposer sur un toit. En avril 2009, ils achètent 20 bacs d'un coup. Mais ils ne trouvent pas évident de les mettre à niveau, «les toits plats de Montréal n'étant pas vraiment plats», fait remarquer Pascale.

Au printemps 2010, Philippe gagne un Prix littéraire Radio-Canada, ce qui décide le couple à investir dans une terrasse sur le toit. Le jeune homme, analyste en informatique, a aussi la bosse de l'écriture et des communications. Il lance un blogue (https://montoitvert.com) sur lequel on peut suivre les progrès du projet.

Plans d'architecte et permis de la Ville en main, le couple doit consentir une dépense majeure, le travail de ferronnerie: un escalier en colimaçon, assorti d'une petite passerelle en caillebottis avec une arche (pour faire grimper les plants), de même qu'un garde-corps en bordure du toit. Le plancher est de bois de pruche, de même que le cabinet qui abrite le système d'irrigation.

Les bacs sont reliés entre eux par un tuyau qui alimente en eau le caisson du bas. Une fois par semaine, on ajoute une solution concentrée d'engrais à base d'algues au tuyau d'arrivée de l'eau. «C'est très peu d'entretien, dit Philippe. Le seul travail important consiste à planter au printemps.»

Autonomie maraîchère?

Pascale et Philippe ont récolté 35 kilos l'an dernier. «L'été, nous nous nourrissons à 80% de légumes. Le potager en fournit peut-être 20%. En bac, on ne peut pas cultiver de légumes racines.»

Pascale, bibliothécaire de formation scientifique, fille de parents français «naturalistes confirmés» et élevée à la Guadeloupe, échange depuis toujours des légumes avec les voisins. «Nous avons la satisfaction de participer au mouvement de l'agriculture urbaine, dit-elle. Nous espérons former une petite communauté avec des intérêts communs.»

Ce potager sur terrasse a coûté plus de 12 000$, essentiellement pour la fabrication de la terrasse.