Franchement, l'été 2010 a été superbe pour les jardiniers amateurs jusqu'ici, surtout comparativement aux années passées, avec leur temps maussade qui a ralenti la maturation des plantes, réduit leur floraison et favorisé la pourriture. Malgré une chaleur parfois un peu excessive, les végétaux semblent presque tous bien pousser, sans doute parce que la pluie est presque toujours arrivée au bon moment. Donc, pendant que vous vous reposez en admirant vos balcons fleuris, vos belles plates-bandes et vos potagers prolifiques, voici quelques réponses à vos questions horticoles.

Nodule noir sur prunier

Q : J'ai planté il y a quatre ans un prunier sur lequel je remarque maintenant des amas noirs sur certaines branches. Une connaissance m'a dit que je vais le perdre. Je vais tenter de les enlever en coupant les branches infestées. Que puis-je faire d'autre?

Martine Audet, Québec

R : Voilà une lettre parmi plusieurs autres posant essentiellement la même question : des pruniers ou des cerisiers (Prunus spp.) infestés par ce qu'on appelle le nodule noir du prunier. Il s'agit d'un champignon (Dibotryon spp.) dont les spores sont transportées par le vent. Il peut théoriquement infester presque tous les cerisiers et les pruniers, mais dans nos régions, ce sont le cerisier à grappe 'Schubert' (P. virginiana 'Schubert'), le cerisier de Pennsylvanie (Prunus pennsylvanica), aussi appelé petit merisier, et les pruniers domestiques et sauvages (Prunus spp.) qui semblent être touchés.

Les experts plus optimistes suggèrent qu'on peut contrôler la maladie en supprimant les branches infestées, en les coupant à 10 cm sous la base des nodules et en stérilisant le sécateur entre chaque coupe avec de l'alcool à friction. Brûlez les branches taillées ou mettez-les au rebut dans un sac de plastique scellé.

Je suis moins optimiste. Mon expérience est qu'on ne vient jamais à bout de cette maladie; l'infestation ne fait qu'empirer d'année en année. Je vous suggère de couper votre prunier et d'attendre au moins un an avant d'en planter un autre. S'il y a des pruniers ou des cerisiers sauvages dans le secteur ou si vos voisins ont eux aussi des arbres infestés (facile à voir l'hiver, car les feuilles ne sont pas là pour cacher les nodules), oubliez ça, car le vent aura vite fait de transmettre la maladie. Il faudrait alors planter un autre arbre qu'un prunier ou un cerisier.

Cornouillers drageonnants

Q : Au printemps, j'ai coupé au sol une talle de trois cornouillers. Depuis ce temps, il apparaît sans cesse de petites repousses jusqu'à 15 m des souches. Je les tonds avec la tondeuse. Que dois-je faire pour qu'elles cessent de pousser, car j'ai peur d'avoir plus de repousses que de gazon!

Marie-Line Santerre

R : Plusieurs cornouillers (Cornus spp.) sont drageonnants, notamment les cornouillers à tiges rouges. D'ailleurs, c'est le sens même du nom du cornouiller indigène, appelé cornouiller stolonifère (C. stolonifera) ou hart rouge, car stolonifère veut dire «qui produit des tiges souterraines rampantes».

En coupant le plant mère, vous l'avez poussé à sauver sa vie en se multipliant. Il le fait en produisant d'abondants rejets, chacun pouvant devenir un nouvel arbuste. N'ayez crainte, cependant, c'est un effort ultime. Si vous continuez de couper fidèlement toutes les nouvelles pousses, le plant ne pourra plus refaire ses forces (c'est à partir du feuillage exposé au soleil que les plantes trouvent leur énergie). Vous devriez remarquer moins de pousses l'an prochain et celles-ci seront moins vigoureuses. L'année suivante, vos cornouillers devraient être choses du passé.

Pour cacher des poteaux

Q : Au printemps, Hydro- Québec est venu installer de nouveaux poteaux plus hauts avec de plus gros transformateurs. Pour ce faire, ses employés ont abattu la végétation entourant les nouveaux poteaux et ceux-ci sont maintenant extrêmement visibles. Quels arbres, conifères ou feuillus, pourrions-nous planter pour camoufler autant que possible ces transformateurs? Est-ce permis de faire grimper des plantes à même le poteau?

Marc Lepage

R : Il n'est pas toujours nécessaire de planter des arbres très grands pour cacher des objets indésirables, même quand ils sont hauts. Après tout, si l'arbre est juste un peu plus haut que vous, c'est son feuillage que vous verrez, non pas le poteau, du moins de votre cour. Je souligne cela, car si vous plantez de grands arbres, ils atteindront rapidement les fils électriques et Hydro-Québec viendra les tailler, ce qui est rarement très esthétique. Idéalement, donc, vous planterez un arbre de petite taille ou de taille moyenne, mais rien qui pourrait approcher les fils électriques. Un arbre de 7 m ou moins est habituellement assez grand pour cacher sans nuire aux fils et vous pourrez le planter où vous voulez. Dans ce groupe, on trouve plusieurs pommetiers et cerisiers, l'érable à épis, l'érable de l'Amour et plusieurs autres.

Voilà pour la vue «du sol». Si vous devez ne plus voir les poteaux d'un deuxième étage, il faudra des arbres de plus grande taille, mais là, il faut respecter un éloignement des fils pour ne pas avoir de futurs conflits. Quand il y a des fils électriques dans les environs, il est difficile de situer la plupart des gros arbres sur un terrain de ville ou de banlieue, car il faut plus de distance entre le tronc et les fils (10 m, 15 m, ou même plus, selon l'espèce), d'un côté, et le tronc et votre maison, de l'autre, que votre cour n'en offre. Une solution consiste à utiliser des arbres «colonnaires» (à port très étroit) comme le chêne anglais fastigié (Quercus robur 'Fastigiata') ou le tremble colonnaire (Populus trémula 'Erecta') : on peut les planter à aussi peu que 4 m des fils, pour les plus étroits.

Enfin, à moins d'avoir un grand terrain, préférez les feuillus aux conifères : ces derniers poussent toute leur vie et même les soi- disant conifères nains finissent presque toujours par entrer en conflit avec les fils.

Enfin, non, Hydro-Québec ne permet pas de cultiver des plantes grimpantes sur leurs poteaux, surtout ceux portant un transformateur ou un fil à haute tension.