Les annuelles sont populaires depuis le milieu du XIXe siècle, soit l'époque où les jardiniers découvrirent que ces plantes avaient la capacité de fleurir tout l'été... s'ils supprimaient régulièrement les fleurs fanées. S'ils laissaient les annuelles de l'époque «monter en graine» (produire des semences), leur floraison prenait fin dès la fin de juillet, mais s'ils les éliminaient, elles fleurissaient jusqu'en septembre. C'est pourquoi des générations de jardiniers ont pris l'habitude de supprimer les fleurs fanées de leurs annuelles, assurant ainsi une floraison pendant tout l'été.

Mais les annuelles modernes ne sont pas les mêmes qu'en 1850. D'abord, il s'en est rajouté beaucoup de nouvelles dont la floraison est naturellement continue. L'impatiente (Impatiens walleriana), par exemple, introduite seulement dans les années 1970, mais maintenant l'annuelle la plus populaire, fleurit tout l'été, qu'on supprime ses fleurs ou pas.

Aussi, la génétique des annuelles a été modifiée au cours des années. À force de récolter toujours les graines des plantes les plus florifères, et ce, à chaque génération, les semenciers ont fini par développer des lignées qui fleurissent, qu'on supprime leurs fleurs ou pas. Les tagètes modernes, ainsi, fleurissent jusqu'aux gels sans le moindre effort de notre part. De nos jours, la majorité des annuelles n'a plus besoin qu'on supprime les fleurs fanées pour assurer une floraison prolongée.

Le problème, c'est que personne ne semble avoir averti les jardiniers! Les voilà dehors, bon an mal an, à genoux sous le soleil brûlant, coupant et pinçant toutes les fleurs fanées de leurs annuelles. C'est une tâche ardue et ennuyeuse, surtout quand on a de vastes plates-bandes. C'est assez pour gâcher le plaisir de jardiner... Pourtant, ce travail est souvent tout à fait inutile.

Les annuelles à rabattre

Je vous suggère de ne pas supprimer les fleurs de vos annuelles : vous serez agréablement surpris dans la plupart des cas. Par contre, prenez note que le coquelicot (Papaver rhoeas), le pavot à opium (P. somniferum) et la dauphinelle (Consolida spp.) sont parmi les rares annuelles qui ne refleurissent pas, même si vous supprimez leurs fleurs. Inutile donc de le faire.

Certaines annuelles produisent une profusion de très petites fleurs au début de l'été, mais «se fatiguent» vers la fin de juillet. Pour ces plantes, la suppression des fleurs individuelles est impensable; il s'agit plutôt de tailler les plants de moitié quand vous voyez leur floraison diminuer. La plante reproduira rapidement de nouvelles fleurs. C'est le cas de la lobélie érine (Lobelia erinus) et de l'alysse odorante (Lobularia maritima). Notez que les hybrides les plus récents d'alysse odorante, comme 'Snow Princess', fleurissent abondamment tout l'été sans qu'on ait besoin de les tailler.

Les annuelles aux fleurs à supprimer



Il reste quelques annuelles, surtout des variétés anciennes, qui profitent de la suppression de leurs fleurs fanées. C'est le cas de la centaurée annuelle (Centaurea cyanus) et du pavot tulipe (Hunnemannia fumariifolia) ainsi que de certains cosmos (Cosmos bipinnatus et C. sulphureus). La majorité des cosmos n'ont cependant pas besoin de ce traitement. Quant aux grands mufliers (Antirrhinum majus), ne supprimez pas les fleurs individuelles, mais plutôt toute la tige florale quand il ne reste plus que quelques fleurs.