Au sujet de la prolifération de mildiou dans les plants de tomates, Sylvie Plante, de Calixa-Lavallée, sur la Rive-Sud, s'étonne que les producteurs agricoles puissent se servir de fongicides dont l'usage est interdit dans les potagers domestiques. «Est-ce que ces produits sont nuisibles à la santé des consommateurs, d'où l'interdit d'utilisation chez les jardiniers amateurs?» demande-t-elle.

Le sujet est plus complexe qu'il n'y paraît.

Les pesticides, herbicides, fongicides et autres produits de même nature doivent être approuvés par l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA), une créature du ministère fédéral de la Santé. Cette homologation exige souvent quelques années de recherche, notamment pour démontrer que le composé que l'on veut utiliser n'est pas cancérigène. Ces travaux réalisés aux frais des fabricants sont très coûteux. On parle de millions de dollars. De plus, l'homologation en question est très spécifique.

 

Par exemple, le produit X ne peut servir que pour traiter un problème très particulier, disons le mildiou de la tomate, et uniquement en culture commerciale. Pourquoi cette restriction? Parce que le fongicide n'a pas été homologué pour l'usage domestique, ce qui aurait exigé des études particulières, ce qui signifie évidemment des frais additionnels pour les fabricants. Des investissements qui aux yeux des compagnies ne sont pas rentables sur le marché des jardiniers amateurs.

Les agriculteurs (comme les pépiniéristes, serristes et maraîchers d'ailleurs) suivent aussi des cours spécifiques pour manipuler les pesticides contrairement aux amateurs comme vous et moi. Ce qui explique aussi que le monde agricole et horticole dispose habituellement d'une plus grande diversité d'armes pour lutter contre les bibittes, les maladies fongiques et herbes nuisibles. Même les plantes produites en serre à des fins de ventes au détail pour votre potager pourront subir des traitements qui seront interdits quand ils seront dans votre jardin.

Les pesticides servant en milieu agricole sont théoriquement sans danger pour la santé dans la mesure où le protocole d'utilisation est suivi scrupuleusement. Par exemple, la récolte ne peut se faire qu'après une période de temps précise suivant un épandage. Il n'en reste pas moins qu'ils sont encore largement utilisés. C'est une industrie dont le chiffre d'affaires se calcule en milliards. Je vous rappelle qu'en pomiculture, par exemple, il faut habituellement sept à huit traitements par été, parfois plus selon le temps, pour assurer la production des pommes qui seront présentables sur les étals. En production en serre, la lutte biologique est toutefois répandue.

Par ailleurs, le sulfate de cuivre que l'on retrouve notamment dans la bouillie bordelaise (on s'en sert pour contrer la tavelure chez la pomme), demeure un composé encore controversé mais d'usage courant. À la longue, il peut nuire considérablement aux organismes vivant dans le sol même s'il est autorisé en culture bio.