On sait que l'état de la salle de bains et de la cuisine augmente la valeur d'une maison. Mais l'épicerie du quartier? Et le jardin communautaire au coin de la rue?

«L'environnement alimentaire peut aussi façonner l'environnement urbain et avoir un impact positif sur tout le quartier», explique Lise Bertrand, de la Direction de la santé publique de Montréal.

Ce n'est donc pas un hasard si les marchés de quartier se multiplient en ville, même dans les voisinages moins favorisés. Oui, il y a cette préoccupation de santé publique qui veut offrir des produits sains et frais aux résidants de quartiers considérés comme des «déserts alimentaires». Des endroits où l'unique commerce où acheter sa nourriture vend aussi... de l'essence!

Mais l'alimentation peut également jouer un rôle de revitalisation dans un quartier, a expliqué Lise Bertrand cette semaine, lors des Rendez-vous Montréalimentaires sur l'environnement urbain et l'alimentation.

Ordinairement, béton et fruits frais semblent se situer aux deux extrémités. Mais les choses changent. Très vite.

«Les commerces de fruits et légumes sont colorés et attirants», souligne Lise Bertrand. Idem pour les jardins communautaires ou collectifs qui poussent en ville et qui augmentent la valeur immobilière du voisinage.

Des chercheurs de l'Université de New York se sont penchés sur cette question et ils ont effectivement conclu que l'ouverture d'un jardin a un impact positif sur les résidences qui se trouvent à une distance d'environ 300 m, donc dans un rayon relativement restreint. «Nous avons aussi noté que plus le jardin était de bonne qualité, plus l'impact était positif», écrivent les chercheurs américains dans leur rapport, en 2006. Ils concluent aussi que lorsque le jardin est implanté dans un milieu défavorisé, l'impact sur la valeur des maisons est encore plus significatif.

«Les gens se sentent aussi plus en sécurité dans des quartiers où il y a des jardins collectifs, ajoute Lise Bertrand. Les résidants ont un immense sentiment de fierté et d'appartenance.»

La Direction de la santé publique n'est pas seule à miser sur l'environnement alimentaire pour revitaliser les quartiers.

À la Ville de Montréal, on commence à considérer les plantes comestibles pour les endroits publics. Dans les îlots de fraîcheur, notamment. «Tant qu'à intervenir, autant y aller avec de la biodiversité», explique Pierre Bouchard, de la Direction des grands parcs et de la nature en ville, à la Ville de Montréal. Il participait aussi cette semaine aux Rendez-vous Montréalimentaires. Les arbres fruitiers et les autres plantes comestibles ont toutefois le grand désavantage de demander beaucoup plus d'entretien, a expliqué Pierre Bouchard.

Ce n'est donc pas demain que nous allons planter du basilic dans les terre-pleins et des arbres dont les fruits sont offerts aux passants en bordure des rues, comme ça se fait en Californie!