Un théier à la maison

Faire pousser son théier à la maison? Pourquoi pas!

Le comptoir postal Horticlub offre des plants de thé pour fins de production de feuilles, vraisemblablement une première au Québec. L'idée est très intéressante et relativement abordable: autour de 16$ pour un plant d'environ 30 cm. Selon le catalogue, la plante est très productive et donne même de jolies fleurs, simples comme celles de camélia, puisque le thé, qui répond au nom scientifique Camelia sinensis, fait partie de cette grande famille.

Votre plant vous donnera sûrement quelques tasses de thé, mais il n'en reste pas moins que Camelia sinensis demeure une plante difficile à cultiver à l'intérieur. Même le Jardin botanique de Montréal, qui dispose pourtant de tout l'équipement nécessaire, éprouve des problèmes à conserver ses plants.

 

C'est que le thé provient des montagnes d'Asie où il tombe 1,2 m de pluie par année, des conditions d'humidité impossibles à maintenir à la maison et même en serre, font valoir les horticulteurs de l'institution. Le pH du terreau doit se situer autour de 5,5 comme pour les azalées.

À l'intérieur, il sera dont impérieux de placer le plant à la lumière vive mais sans soleil direct et d'installer le pot sur un lit de petites pierres mouillées en permanence. Le terreau doit aussi être maintenu humide en tout temps sans jamais toutefois être détrempé. Attention: la difficulté est de maintenir une température adéquate, c'est à dire entre 10 et 20 ºC, préférablement entre 12 ºC et 15 ºC. Une pièce très fraîche s'impose donc.

L'été, il faut placer le plant à l'extérieur, à la mi-ombre. Si l'expérience se déroule bien, je parle bien d'une expérience, les bourgeons floraux devraient apparaître au cours de l'automne pour s'épanouir durant l'hiver ou au printemps. Les fleurs, de couleur blanche, légèrement jaunâtre, sont petites, de 1 à 2 cm de diamètre. Le grossiste La Jardinière Saint-Louis, de Saint-Lazare-de-Vaudreuil, vend aussi des cultivars à fleurs rose pâle.

 

Dans de bonnes conditions, votre théier pourra atteindre 1 m. Côté fertilisation, on conseille un engrais acidifiant, du même type que celui que l'on utilise pour les azalées.Pourtant, en dépit de toutes ces mises en garde, le gros plant que j'ai obtenu en décembre est encore en pleine forme. Il a été confié à mon ami Ricardo Larrivée (nous devons faire une émission sur le sujet). Le théier a été placé dans un endroit frais, très aéré, abondamment éclairé où l'humidité ambiante est, disons, normale. La plante a même donné quelques petites fleurs en février. Elle a aussi produit de nouvelles pousses et perdu plusieurs feuilles qui, séchées, ont servi à faire un thé plutôt agréable, même si, normalement, ce sont les jeunes feuilles séchées qui sont mises à contribution.

Peu importe la floraison ou la survie de votre plant à long terme, il produira des feuilles et c'est ce qui compte. Il vous suffira de pincer les nouvelles pousses pour cueillir les plus jeunes, opération qui favorisera d'ailleurs la croissance de nouvelles tiges. Les feuilles seront alors séchées au four pour en faire ensuite du thé vert. Il existe plusieurs recettes à ce sujet. Mais si vous voulez obtenir du thé noir... je vous conseille plutôt de vous rendre dans une boutique de thé. Incidemment, à Montréal et à Québec, trois d'entre elles appartiennent à une maison réputée du nom de... Camelia sinensis.