L'été est court, mais les gens veulent vaincre l'hiver afin de profiter, à longueur d'année, de leur jardin. C'est une tendance que perçoit, chez les Québécois, le président de l'Association des paysagistes professionnels du Québec (APPQ), Medhi El Gaied.

«La demande de bains à remous [spas] est énergique. Pour se détendre, d'accord. Mais aussi pour s'insinuer dans la nature. Pour ce, les particuliers réclament de leur paysagiste un train de conifères pour avoir, l'hiver, une impression de verdure», dit le leader de l'APPQ qui est aussi vice-président et directeur de service chez Embellissement des Deux Rives-Teronet Paysagiste de Breakeyville.

 

La cuisine couverte sur la terrasse et le foyer extérieur sont aussi des carrefours de rencontres, en tenue de ski, dans la cour.

«Les uns sont dans le spa, les autres se groupent autour du barbecue ou se tiennent près du feu pour bavarder et se réchauffer», détaille M. El Gaied. Les gens, même l'hiver, n'entendent pas baisser les bras.

Des professionnels américains du paysage, continue-t-il, se demandent pourquoi, au Québec, on se donne tant de mal pour à peine quelques mois d'été et six mois de neige.

Cela peut s'expliquer, dit-on, par la lassitude d'être captif tout l'hiver de la maison tout en étant coupé de la nature et par le besoin irrépressible de profiter de la luxuriance et de la quiétude du jardin avant, pendant et après l'été. Alors que la verrière, qui s'avance dans la cour, est déjà une façon, par temps froid, de se fondre dans le paysage. Tout en étant bien au chaud chez soi.

Le bois

Le retour en force du bois dans le jardin est également «tendance». Il y a cinq ans, on n'en voulait plus. Trop d'entretien, se disait-on.

«À présent, les teintures sont d'une grande finesse et tiennent bon durant quatre ou cinq ans. C'est, entre autres, pourquoi le bois prolifère et s'exprime dans la terrasse, la pergola, la gloriette [gazébo], l'ameublement de jardin, voire la cuisine extérieure», détaille M. El Gaied.

Quant aux grandes étendues de pavés, elles cèdent du terrain. Ceux dont la propriété en est pourvue n'en peuvent plus au bout d'une couple d'années. «Ils veulent de la végétation à tout prix», assure M. El Gaied.

En fait, résume-t-il, le jardin est plus que jamais composite, comme dans la nature. Il comprend des plantes, des arbres et arbustes, des monticules, des dépressions, de la pierre, des étangs, des rochers, de l'herbe... et du pavé.

Il est tantôt anglais et procède d'un beau désordre calculé, tantôt martial ou cartésien. Le premier reste incontournable, spécialement si on habite à la campagne, dans un lieu de villégiature ou à l'orée d'un bois, constate Daniel Villeneuve, pdg de Candide Villeneuve Paysagiste de Lac-Saint-Charles. Le second, aux lignes pures, «est typique des maisons neuves», ajoute-t-il.

Environnement

L'environnement est une corde sensible des particuliers, trouve Medhi El Gaied. Elle devrait normalement trouver écho dans leurs aménagements paysagers.

«Or, paradoxalement, ils n'en sont pas encore là. Quand on les informe du coût, par exemple, d'un système d'irrigation du jardin par récupération de l'eau des gouttières, l'environnement prend congé», constate-t-il tout en se hâtant d'ajouter qu'en contrepartie, plusieurs réclament un tonneau pour la cueillette et le réemploi des eaux pluviales.

gangers@lesoleil.com