Plantes dépolluantes et potagers d'intérieur: la passion du jardinage d'appartement gagne de plus en plus d'urbains soucieux de donner une touche verte à leur environnement quotidien. Désir de participer symboliquement à sa subsistance alimentaire en temps de crise ou tout simplement plaisir de voir pousser sa propre production, la fibre maraîchère gagne du terrain dans tous les milieux, selon les professionnels.

Le nombre de Français cultivant un potager a ainsi progressé de 32 à 34% de la population en un an, selon une étude de la Lettre du végétal présentée lors du Salon du végétal qui a rassemblé 650 exposants cette semaine à Angers.

«Cette vogue n'épargne pas les urbains, malgré des habitats de plus en plus petits», relève Ghislain Bousseau, un des organisateurs de la manifestation.

Un pimentier, du persil, du thym, de la menthe, de la sauge, voire un citronnier et un plant de tomate nains, voici fleurir les potagers d'intérieur.

Une pratique, encore souvent spontanée et empirique, qui intéresse aujourd'hui designers et développeurs à l'affût d'un nouveau marché.

Lauréat d'un prix de l'innovation décerné à l'occasion du salon, le prototype Eco n'home propose, sur une élégante desserte en bois, une surface cultivable d'un demi-mètre carré. Astuce: la création, élaborée par des étudiants en BTS design de produits du lycée Jean-Monnet des Herbiers (Vendée), abrite en outre un composteur permettant de recycler sans odeurs les déchets organiques du foyer.

«Les gens qui n'ont pas la possibilité d'avoir un jardin ont de plus en plus envie d'avoir un petit coin vert chez eux, et de pouvoir cueillir ne serait-ce que de quelques feuilles de menthe 'maison'«, souligne Margot Lebrin, l'une des conceptrices.

Décliné comme un arbre modulable, un autre projet, guère plus gourmand en place, permet pour sa part de cultiver jusqu'à une douzaine de plants. Moins fonctionnels mais très design, d'autres modèles interpellent les amateurs de luxe, de high-tech ou encore de science-fiction.

La culture des plantes dites «dépolluantes», également portée par les nouvelles préoccupations environnementales, connaît elle aussi un fort essor.

«Les espaces intérieurs sont souvent saturés de composés organiques volatils toxiques comme le formaldéhyde, le xylène ou encore le benzène, lesquels peuvent être absorbés par certaines plantes», affirme Pierre Samson, président de l'association Plant'aipur, qui cherche à promouvoir ces cultures.

«Dans un contexte de sensibilisation des consommateurs aux pollutions ambiantes, ces plantes dépolluantes deviennent un véritable marché», souligne-t-il.

Les plus efficaces et les plus demandées sont d'un coût modique, relève-t-il: il s'agit en particulier de la simple fougère nephrolepis ou encore du chrysanthème, pudiquement rebaptisé «marguerite d'automne».

Déjà proposée en rayonnages spécifiques par quelques grandes chaînes de jardinage, ces plantes sont également de plus en plus demandées chez les petits commerçants.

«Aujourd'hui, elles représentent 10% de mon chiffre d'affaires et la progression est exponentielle», indique une paysagiste d'intérieur de Quimper (Bretagne), Anne-Marie Le Courtès.