Le monde des échinacées est en pleine effervescence. Non seulement, une foule de variétés sont apparues sur le marché au cours des récentes années, mais on nous en promet une dizaine d'autres en 2010, dont «Hot Papaya», qui produit un gros pompon orange foncé d'environ 6 cm de diamètre. La plante est déjà assurée d'un succès commercial.

Les échinacées figurent aujourd'hui parmi les vivaces les plus populaires sur le continent et le Québec ne fait pas exception à la règle. À une époque pas très lointaine, la plupart des variétés sur le marché résultait de croisements ou encore de sélections d'Echinacea purpurea, une espèce nord-américaine. Puis les hybrideurs ont commencé à utiliser d'autres espèces dans leurs travaux. Résultat: une panoplie de couleurs différentes, toutes plus belles les unes que les autres, souvent étonnantes d'ailleurs, telle «Green Envy». Sans oublier la création de fleurs doubles formant de gros pompons spectaculaires comme «Razzmatazz» de couleur rose ou encore, «Coconut Lime» aux pétales blancs et au pompon verdâtre. Les premières teintes de jaune ont notamment fait leur apparition chez «Mango Meadowbrite» et plus récemment «Big Sky Sunrise», de même que d'orangée avec «Big Sky Harvest Moon» et «Tiki Torch» toutes deux mises en marché cette année au Québec, des variétés aux coloris exceptionnels. À ce bouquet s'ajoutent aussi les variétés pourpres très foncées telles que «Ruby Glow», «Vintage Wine» et «Fatal attraction», trois bijoux.

 

«La popularité toujours grandissante des échinacées est justement attribuable à ce grand choix de couleurs. De plus, la plante fleurit longtemps, est rustique en zone froide et exige peu d'entretien», explique Alain Baril, de la maison Plant Select, à Saint-Paul-d'Abbotsford, un grossiste qui vend des milliers d'échinacées chaque année.

Profil génétique instable

Mais cette prolifération de cultivars devrait toutefois provoquer une raréfaction de certaines variétés, parce qu'elles sont déjà déclassées par de nouvelles vedettes. D'autres offrent des similitudes tellement grandes qu'on a peine à les distinguer.

Cependant, le problème le plus évident reste le temps extrêmement rapide qui s'écoule entre la découverte d'une nouvelle variété et sa mise en marché. Si bien que la stabilité génétique des nouvelles venues n'a pas été suffisamment éprouvée, ce qui peut donner lieu à des surprises désagréables.

Le cas le plus évident est celui de «Double Decker», une plante extraordinaire apparue en 2003 au Québec et qui pousse encore à de nombreux exemplaires dans mon jardin. Le hic, c'est que la plante qui présentait une deuxième rangée de pétales sur le bouton central n'a jamais tenu ses promesses. Chez moi, par exemple, dès la troisième année dans la platebande, aucune plante n'a produit ces excroissances de pétales. Le phénomène avait d'ailleurs commencé à se manifester au cours des deux premières années suivant la plantation. La plante est vouée à la disparition.

Recettes variées

Par ailleurs, certaines nouveautés sont manifestement instables. Une fois sélectionnés, les nouveaux cultivars sont reproduits en laboratoire à travers le monde. «Il devient de plus en plus évident, explique M. Baril, que les recettes de production varient d'un laboratoire à l'autre. C'est ce qui explique qu'un arrivage, peut donner des plantes qui ont tendance à produire une tige longue, très florifère mais ayant peu de racines, alors qu'un autre, nous apportera des plants plus trapus, produisant plus de feuilles et un peu moins de fleurs, par exemple.»

Ce changement de comportement a été détecté notamment chez plusieurs cultivars récents dont «Tiki Torch», une petite splendeur brevetée par la maison TerraNova, de l'Oregon. Le problème, c'est que cette instabilité peut sérieusement affecter la période d'aoûtement, si bien que la plante ne résistera pas à l'hiver. Sans que je puisse affirmer que ce phénomène est en cause chez moi, il n'en reste pas moins que j'ai perdu tous mes plants de «Tiki Torch» l'hiver dernier. Les grossistes qui produisent leurs plants à partir de boutures devront se montrer de plus en plus exigeants envers leurs fournisseurs.

On compte une dizaine d'espèces d'échinacées, toutes d'origine nord-américaine, mais les variétés se comptent par dizaines. Ces plantes faciles à cultiver préfèrent une position ensoleillée, mais peuvent aussi pousser à l'ombre légère où elles seront alors moins prolifiques. Elles exigent un sol riche et bien drainé, de préférence sec, la majorité des insuccès étant attribuable à un excès d'eau, une situation qui s'est d'ailleurs manifestée à plusieurs reprises au cours de notre été pluvieux.

J'ai d'ailleurs perdu «Sunrise» et «Green Envy», qui ont semblé particulièrement sensibles au taux élevé d'humidité du sol et de l'air ambiant même si «Razzmatazz», pourtant plantée 1 m plus loin, est toujours en pleine forme. Quelques plants situés ailleurs dans d'autres platebandes ont aussi succombé à des maladies fongiques, bactériennes ou virales à la suite du mauvais temps.

Règle générale, les échinacées atteignent une hauteur variant de 70 cm à 1 m, bien que la nouvelle «Big Sky After Midnight» ne dépasse guère les 30 cm. Par contre, certains plants d'origine (E. purpurea) peuvent atteindre facilement 1,5 m.

Elles fleurissent habituellement à partir de la mi-juillet, du moins dans la région métropolitaine, et la floraison se poursuit durant plusieurs semaines. Les fleurs attirent une foule de papillons monarques à partir de la mi-août, les lépidoptères profitant de l'occasion pour faire des réserves d'énergie en vue de leur long voyage vers le nord du Mexique. Plusieurs sont aussi parfumées, mais il faut habituellement mettre ses narines près de l'inflorescence pour apprécier ses effluves. Les fleurs fanées sont décoratives et attirent de nombreux chardonnerets jaunes, qui sont en plein festin chez moi. On conseille parfois de les couper, cette taille pouvant provoquer l'apparition sporadique denouvelles fleurs. La plupart des échinacées sont rustiques en zones 4, parfois même en zone 3.