Son nom nous est peu familier : sanguisorbe. Au printemps, on la remarque peu dans les pépinières car ce n'est qu'à la mi-juillet qu'elle commence à se donner en spectacle. À une époque, il faut bien le dire, où les amateurs d'horticulture se font rares dans les centres de jardin. De plus, la plante est parfois difficile à trouver.

Pourtant, la sanguisorbe est offerte par plus d'un grossiste au Québec et la variété la plus courante, Sanguisorba obtusa, une plante d'origine japonaise mais rustique en zone 4, mérite de figurer au jardin. Ses feuilles très dentelées et décoratives ne sont pas sans rappeler celles des fraisiers. La plante, qui atteint 1 à 2m, se pare de petits épis roses, dressés, délicats, très jolis, d'environ 5 à 6cm de longueur qui ressemblent à des « petites brosses à bouteilles «, nous dit le guide d'identification Fleurbec, dans son deuxième tome de Plantes sauvages des villes, des champs et en bordure des chemins (éd. Fleurbec.) en parlant de Sanguisorba canadensis, qui représente le groupe parmi la flore québécoise.

 

On compte en effet une vingtaine d'espèces de sanguisorbes dans le monde et l'espèce présente chez nous atteint elle aussi 2 m mais produit des épis de fleurs blanches, relativement longs puisqu'ils dépassent parfois les 15 cm. Présente surtout dans le nord-est de la province, elle est offerte parfois au rayon des plantes indigènes puisqu'elle figure au catalogue du grossiste Horticulture Indigo.

 

On peut aussi trouver en pépinière le cultivar «Chocolate Tips» aux épis floraux rouges, très foncés, presque noirs, petits et compacts, que les chardonnerets jaunes visitent de temps à autre, de même que Sanguisorba officinalis «Lemon Splash» au feuillage vert parsemé de taches jaunâtres, très beau.L'origine du nom vient de sang et absorber, en raison de la réputation qu'avait la sanguisorbe officinale de mettre un terme aux hémorragies intestinales des patients souffrant de dysenterie. D'ailleurs cette réputation était manifestement surfaite, quand on sait que cette maladie causait régulièrement des dizaines de milliers morts il y a deux ou trois siècles. En Europe, la plante est habituellement appelée pimprenelle, un terme ayant pour origine le mot poivre. La feuille, au goût piquant et à saveur de concombre, dit-on, servait à relever les salades.

Les sanguisorbes préfèrent les sols riches en humus qui retiennent bien l'humidité tout en étant bien drainés. Elles sont toutes rustiques en zone 4 et poussent aussi bien en plein soleil qu'à l'ombre légère. Elles conviennent aux bordures des étangs, des jardins d'eau ou encore à l'arrière des platebandes en raison de leur grande taille. Il faut parfois les tuteurer.

On peut obtenir certaines espèces à partir de semis. La maison Thompson & Morgan (www.tmseeds.com ) vend des semences de S.tenuifolia, une espèce d'origine asiatique qui produit des épis blancs, parfois rougeâtres ou pourpres, mais penchés d'environ 7 cm de longueur. Cette plante est rustique en zone 4.

Photo: Bernard Brault, La Presse

La Sanguisorba «Chocolate Tips»