Pour certains, les jardins communautaires sont un passe-temps et une façon de s'alimenter sainement. Pour d'autres, il s'agit d'un garde-manger permettant de joindre les deux bouts en ces temps difficiles. Puis, il y a ceux pour qui le potager est une fenêtre sur le pays où ils ont grandi !

«Pour moi, c'est un rêve», lance Mara Vujanovic qui depuis 11 ans détient un lot au Jardin communautaire les petites soeurs de la rue Rodolphe, dans Pointe-Gatineau.Dans le potager de la dame originaire de l'ex-Yougoslavie, on retrouve près d'une vingtaine de variétés de légumes et de fines herbes. Son petit lopin de terre représente bien plus qu'un terrain fertile, c'est aussi son oasis de paix.

«Si je le perdais, ça laisserait un grand vide en moi. C'est mon grand amour. J'y vais, même après le travail quand je suis fatiguée. Ça me fait du bien», confie la dame.

Dans le lot voisin poussent les légumes de Nelson Ovallé, un Gatinois d'origine colombienne. Ici, on n'y trouve pas de carottes, de tomates, ou de patates. Y germent plutôt à profusion des fèves, des haricots et des petits pois, seulement, ce qui ne manque pas de piquer la curiosité des autres pouces verts du coin.

«C'est riche en protéines les haricots et les petits pois et ça peut remplacer la viande», confie M. Ovallé en guise de réponse.

Avec ses récoltes, le jardinier mélange riz et petits pois, fèves et fromage et cuisine des plats colombiens, dont l'arépa, un pain de maïs jaune pouvant être garni de légumes et de viande.

Ce qui a incité M. Ovallé à jardiner il y a cinq ans, c'était son désir de manger mieux. «En cultivant mon jardin, ça m'évite d'acheter des produits à l'épicerie et je peux ainsi m'assurer que ce que je mange est écologique et qu'il n'y a pas de produits chimiques ou de pesticides.»

La Gatinoise Suzanne Sarrazin en est pour sa part à sa toute première expérience au jardin communautaire. La pouce vert en devenir apprend encore les rudiments du jardinage.

«Je suis envahie par les mauvaises herbes , confie-t-elle. Je me suis mise au jardinage à cause de la situation économique, explique la mère monoparentale. Ça coûte cher acheter des tomates, les prix sont exorbitants.»

Pionnier du jardinage

Le retraité Lionel Roy est un des pionniers du jardin communautaire, où il cultive ses légumes depuis les années 1980, ainsi que l'art de la parole.

«On jase et on cacasse au jardin. C'est une place de rencontres», lance-t-il. «C'est plus beau d'avoir un jardin qu'un terrain en friche bourré de mauvaises herbes», fait-il valoir.

Selon lui, le jardin serait l'oeuvre de soeur Pauline Baril qui, à l'époque, demeurait dans une maison au coin de la rue Rodolphe. Elle a semé les premières graines dans le carré de terre, où elle organisait aussi un camp de jour pour les jeunes durant l'été.

Le voisin de M. Roy, André Auger, jardine pour sa part depuis 1995. «J'aime ça manger frais, dit-il. C'est aussi une vraie relaxation. C'est calme au jardin et on s'y fait plein d'amis», confie-t-il.