L'Est-du-Québec se peint de rose tous les étés grâce aux fleurs des mauves et des lavatères. Je ne connais aucune autre région du monde où l'on semble aimer autant ces plantes. Et pourquoi pas? Elles produisent quantité de fleurs assez grosses et voyantes pendant presque tout l'été et, même si les plants individuels ne vivent pas très longtemps (deux ou trois ans), elles se ressèment à volonté, ce qui fait qu'elles reviennent fidèlement pendant des décennies.

La couleur de base de ces fleurs est... le rose. En effet, elles sont rarement mauves (qui est une teinte plutôt pourprée). Les cinq pétales sont souvent étroits à la base, créant une «fenêtre» d'où l'on aperçoit le calice vert, mais larges à l'extrémité, se touchant pour former un disque. Au centre de la fleur, il y a une colonne portant le stigmate et une masse d'étamines. Si vous trouvez que la fleur ressemble à celle de l'hibiscus, vous avez bien raison : les trois plantes sont proches parentes.

 

Identité confuse

Les botanistes distinguent les lavatères (Lavatera) des mauves (Malva) par des détails de la fleur qui ne sont pas très évidents. D'ailleurs, plusieurs prétendent qu'il n'y a aucune raison de faire de distinction entre les deux genres. Imaginez donc le désarroi du jardinier qui n'y voit que du feu. Essayons quand même de clarifier les choses.

La mauve musquée (Malva moschata) est une plante médicinale depuis longtemps échappée de culture au Québec. C'est la plus petite des mauves de la région, ne mesurant que de 30 à 60 cm de hauteur. Ses feuilles sont fortement découpées, même celles à la base de la plante. La fleur est rose ou blanche et l'on retrouve généralement les deux couleurs poussant ensemble. Le feuillage dégage une odeur musquée quand on l'écrase. Zone 2.

La mauve alcée (M. alcea) est deux fois plus grande, atteignant 1 m ou plus, avec des fleurs aussi deux fois plus grosses que celles de sa soeur. Ses feuilles sont moins découpées aussi. Dans la région, elle est généralement confondue avec la mauve musquée. Depuis quelques années elle est devenue la mauve de nos jardins. Zone 2.

On distingue facilement la mauve sylvestre (Malva sylvestris) par ses fleurs striées de pourpre. Il y a plusieurs couleurs, allant du rose au mauve, car c'est cette fleur qui a donné à la couleur son nom. Ses feuilles sont arrondies avec des lobes peu profonds. Peu rustique (zone 5), cette plante pousse cependant assez rapidement pour fleurir la première année à partir de semences et réussit donc à se maintenir en se ressemant.

La lavatère vivace (Lavatera thuringiaca) ressemble comme deux gouttes d'eau à la mauve alcée, mais son feuillage est moins découpé, plutôt comme une feuille d'érable. La lavatère du Cachemire (L. cachmeriana) est similaire, mais au feuillage plus duveteux. Zone 4.

La lavatère annuelle (L. trimestris) est, comme le nom le dit, annuelle. Elle produit des fleurs en forme de disque parfaitement rond, comme un hibiscus, et de couleur rose ou blanche, souvent striées. La forme normale est plutôt dressée, atteignant jusqu'à 150 cm de hauteur, mais il existe aussi des variétés naines à croissance en dôme. Les feuilles sont arrondies. On la sème au printemps pour une floraison estivale.

Une culture commune

Peu importe leur nom, les mauves et les lavatères aiment le soleil et se contentent de tout sol bien drainé, même pauvre. On les multiplie uniquement par semences. D'ailleurs, elles se ressèment si généreusement qu'il ne faut qu'un seul plant pour décorer toute votre plate-bande de rose!

Curieusement, à l'exception de la lavatère annuelle, il est difficile de trouver des mauves et des lavatères dans le commerce.

Par contre, sans aucun doute qu'un de vos voisins en cultive. Une bonne raison, donc, pour se faire bien chum avec ses voisins!