Les criocères du lis sont à l'oeuvre, mais le temps frais depuis le début du printemps semble avoir ralenti leurs ardeurs.

Les criocères du lis sont à l'oeuvre, mais le temps frais depuis le début du printemps semble avoir ralenti leurs ardeurs.

Dans mon jardin, ils sont peu nombreux jusqu'à maintenant, sauf que je ne me fais pas d'illusion. Il n'en reste pas moins que l'an dernier à pareille date, dans une seule touffe d'environ 45 cm de diamètre de fritillaires de petite taille (Fritillaria uva-vulpis), des plantes qu'ils apprécient aussi, j'en avais finalement éliminé une bonne centaine. Cette fois, aucun insecte rouge, du moins jusqu'au moment où un lapin à queue blanche a dévoré tout mon bouquet de fritillaires. Mais ça c'est une autre histoire.

Des lecteurs m'ont dit avoir réussi à éviter les méfaits de la maléfique bestiole rouge l'an dernier. Voici donc leurs recettes.

Par exemple, Denis Clavet a fait cinq arrosages avec de l'huile de neem mélangée à de l'eau et quelques gouttes de savon à vaisselle. Il a vaporisé la solution sous et sur les feuilles, sur les bourgeons et sur le sol près des plants. Les criocères ont délaissé tous ses lis, à l'exception de quelques plants «témoins», qui eux n'avaient pas été traités et ont été dévorés. «Après deux arrosages, j'ai aussi obtenu le même succès avec mes hémérocalles, qui étaient régulièrement broutées par les chevreuils», écrit-il.

Rappelons que l'huile de neem provient des fruits du margousier, une espèce originaire de l'Inde. Le produit ne tue pas les insectes instantanément, mais perturbe leur métabolisme au point de les éliminer. Il empêche aussi les cycles larvaires de se rendre à terme. La solution utilisée est d'environ 8 à 10 ml d'huile pure par litre d'eau. On y ajoute un peu de savon à vaisselle pour améliorer l'adhérence de la solution sur les feuilles.

Une belle bouillie

Pour sa part, Jean-Guy Lemieux, de Saint-Alphonse-de-Granby, a découvert par hasard que la solution utilisée pour traiter ses arbres fruitiers, notamment contre la tavelure, a aussi éliminé les criocères de ses lis.

Il vaporisait ses pommiers, environ cinq fois par été, avec de la bouillie soufrée, un fongicide vendu partout en pépinière et considéré sans danger pour l'environnement, du moins à dose normale. Or, ses arbres poussent ici et là dans ses platebandes. Les lis qui avaient été arrosés accidentellement ont été épargnés par les criocères. «J'ai donc traité par la suite mes lis avec le même produit. Résultat: zéro criocère. Je ne garantis pas le même succès partout et en toutes circonstances, écrit-il, mais chez moi, ça marche. Alléluia!»

Rappelons par ailleurs que le proprio des Jardins Osiris, à Saint-Thomas de Joliette, Serge Fafard, utilise quant à lui le marc de café pour éviter que ses lis ne soient envahis par la bête. Il suffit de déposer le marc au pied du plant. Il raconte qu'à une certaine époque, le feuillage de ses vignes était affecté sérieusement par l'altise, une autre vilaine bestiole.

Pourtant, non loin de chez lui, à Joliette, les clercs de Saint-Viateur, qui cultivaient environ 500 vignes, n'avaient aucun problème de bibittes. Ils m'avaient indiqué qu'ils déposaient du marc de café au pied de leurs ceps. Comme ils étaient alors assez nombreux, ce n'est pas le marc de café qui manquait. J'ai donc tenté l'expérience avec mes lis. Les résultats me semblent convaincants.»

La caféine aurait des propriétés insecticides ou insectifuges. Si tel est le cas, le traitement devrait être encore plus efficace si on verse directement du café sur les lis ou à la base des plants.

Pour ma part, j'ai commencé le même traitement dans mon jardin l'automne dernier, traitement que je poursuis encore aujourd'hui grâce à un traiteur de mon patelin qui me fournit le marc de café. Jusqu'à maintenant, mes lis qui ont été traités au café n'ont pas été touchés alors que dans d'autres platebandes, la bête s'est manifestée. Étonnant! Mais, encore une fois, la saison ne fait que commencer... À vos marcs!L'ESCARGOT VÉGÉTAL

En vente depuis quelques années au Québec, mais sur une petite échelle, le bégonia «Escargot» semble présent un peu partout sur les étals des pépinières et jardineries ce printemps. Il est remarquable. D'ailleurs, à voir l'enroulement et le coloris de sa feuille, son nom lui convient à merveille. Soit dit en passant, on a utilisé le terme français strictement pour des raisons de marketing, le mot escargot étant plus «vendable» que le terme anglais snail.

«Escargot» est un bégonia de type rex, des plantes d'intérieur vendues surtout pour le coloris de leur feuillage. Il produit une petite fleur blanche sans éclat. On le vend actuellement comme plante en pot, mais certains pépiniéristes conseillent même de le planter en pleine terre, quand le temps sera assez chaud, évidemment. Dans ce cas, il faut l'installer en position mi-ombragée, idéalement caressé par le soleil du matin. L'idéal serait de le laisser dans son pot original, mais en enlevant le fond afin de permettre aux racines de faire leur chemin dans le sol. S'il pourra atteindre 60 à 70 cm de diamètre au cours de l'été, il ne dépassera guère les 30 cm de hauteur. On conseille de ne pas arroser le feuillage et d'éviter les conditions de grande humidité. Avant le premier gel, vous pourrez le transplanter dans un nouveau pot pour le conserver à l'intérieur comme plante d'intérieur.

Le bégonia «Escargot» a été enregistré en 1998 par l'hybrideur néerlandais Dick Alderden, qui l'a ensuite confié à une firme australienne pour le reproduire sur une grande échelle. La plante a été obtenue après hybridation et de nombreuses sélections à partir d'un bégonia ancien, un hybride obtenu en 1883. Les spécimens vendus à l'heure actuelle sont issus de laboratoires, en culture in vitro.

Photo: Ivanoh Demers, La Presse

Le bégonia «Escargot» porte bien son nom.