Si l'hiver a ravagé la pelouse bien verte que vous avez entretenue avec amour l'été dernier, pas de panique! Prenez votre courage (et surtout votre râteau) à deux mains, il y a des solutions! Visez ensuite une pelouse saine, vigoureuse et diversifiée, qui vous évitera bien des problèmes, à condition d'enterrer le rêve du «vert de golf».

Si l'hiver a ravagé la pelouse bien verte que vous avez entretenue avec amour l'été dernier, pas de panique! Prenez votre courage (et surtout votre râteau) à deux mains, il y a des solutions! Visez ensuite une pelouse saine, vigoureuse et diversifiée, qui vous évitera bien des problèmes, à condition d'enterrer le rêve du «vert de golf».

 «Aujourd'hui, on est obligé de travailler avec la nature, on ne peut pas tricher», précise d'entrée de jeu Paul Poisson, vice-président du Groupe verdure, une entreprise d'entretien de pelouses. Cela n'empêche pas de donner un coup de pouce à la nature, mais à cet égard, la sueur est aussi payante que les produits.

 Pour permettre à votre pelouse de reprendre vie au printemps, il suggère d'abord un «nettoyage rigoureux» à l'aide d'un balai à feuilles. Si vous remarquez des plaques jaunes en forme de cercle, il s'agit en fait d'un champignon microscopique que la pluie et le soleil feront disparaître. Pour les plaques complètement desséchées, il faut absolument les nettoyer, resemer et y déposer une fine couche de terre. Aussi bien reprendre le dessus rapidement, sinon il y a fort à parier que ce sont les mauvaises herbes qui s'en chargeront.

 Les plus jaloux pourront ensuite réensemencer. M. Poisson conseille d'épandre un peu de terre à gazon par-dessus - pas de compost, trop lourd, qui imperméabilise le sol - et de passer un coup de râteau pour uniformiser le tout. Méfiez-vous des semences bon marché, prévient-il. Les mélanges de bonne qualité contiennent un champignon bénéfique, l'endophyte, qui aide à combattre les mauvaises herbes, alors que ces dernières pourraient justement se retrouver dans les semences de piètre qualité.

 Éviter la folie du printemps

 Au printemps, dit Paul Poisson, «les gens sont pleins de bonnes intentions, comme au lendemain de Noël». Ils sont parfois tentés d'aller trop vite. Passer le râteau sur une pelouse encore humide (ou à côté du banc de neige!) n'est vraiment pas une bonne idée puisque vous risquez de compacter le sol. Il recommande aussi d'attendre à la mi-mai pour semer parce qu'avant cette date, le sol pourrait encore geler. Précipiter les choses est donc inutile, vaut mieux être constant. Les jardiniers pris d'un excès de motivation pourront toujours profiter de cette période pour aiguiser les lames de leur tondeuse, et ainsi éviter de déchirer l'herbe avec des lames mal entretenues.

 Prévenir plutôt que guérir

 «Il faut oublier le concept de la pelouse parfaite du type "vert de golf", ce qui est très loin de la nature», souligne Lili Michaud, agronome et conférencière. Pour y arriver en restant sain d'esprit, il faudrait de toute façon utiliser des produits interdits. «Ça ne veut pas dire qu'il faut laisser tomber.» Pour Mme Michaud, plus souvent qu'autrement, le principal défi de l'entretien des pelouses relève davantage des mentalités que de l'horticulture. «Une pelouse qui est saine, vigoureuse et en santé n'a pas de problèmes», renchérit la consultante en horticulture écologique.

 D'abord, «fini la mode des coupes bien rases», lance-t-elle. La racine de la plante plonge aussi loin dans le sol que sa partie visible. Alors, une tonte à 7,5 ou 8 centimètres lui permet d'aller puiser assez loin dans le sol, lui assure une meilleure défense contre les indésirables à pattes, ailes ou racines, en plus de lui garder les pieds au frais grâce à l'ombre projetée à sa base. Les deux seules exceptions : la première et dernière tonte de l'année, où il faut réduire à 5 cm.

 «On oublie souvent qu'une pelouse, c'est vivant.» Et un être vivant, poursuit Mme Michaud, doit être nourri. La fertilisation à l'aide d'une très fine couche de compost ou d'un programme de fertilisation naturelle est incontournable. À cet effet, l'herbicyclage (laisser au sol les résidus de tonte) diminue de 30 % les besoins en fertilisants, un autre incontournable.

 Le réensemencement, l'aération d'un sol trop compact et la surveillance du pH du sol peuvent être pratiqués au besoin, prescrit Mme Michaud. Pour ce qui est de l'infâme pissenlit, aussi bien se faire à l'idée, il y en aura. Encore une fois, les plus motivés pourront les arracher lorsqu'ils sont en fleurs, encore l'un des seuls remèdes efficaces.

 Conseil de l'agronome Lili Michaud : inclure une petite quantité de trèfle dans votre semis permettra de renforcer votre pelouse. Comme les insectes ou les plantes indésirables n'attaquent pas toutes les espèces en même temps, la diversité la rend plus forte. Une fertilisation adéquate limitera le caractère envahissant du trèfle.

 Si certains craignent de s'attirer les foudres des voisins en semant du trèfle, ou en laissant s'épanouir le pissenlit, elle rappelle que lentement, «les mentalités changent»!