Les paphiopedilum sont beaucoup moins connus que leurs cousins les phalaenopsis ou encore les cattleyas, mais ces orchidées, qui ont un lien de parenté très étroit avec nos sabots de la vierge indigènes, connaissent une popularité croissante ces dernières années.

Les paphiopedilum sont beaucoup moins connus que leurs cousins les phalaenopsis ou encore les cattleyas, mais ces orchidées, qui ont un lien de parenté très étroit avec nos sabots de la vierge indigènes, connaissent une popularité croissante ces dernières années.

Cet engouement bien mérité est surtout attribuable à la mise en marché de nouveaux hybrides multifloraux qui produisent plus d'une hampe florale dont chacune compte plusieurs fleurs par tige. C'est que ces «paphios», comme les appellent les orchidophiles amateurs, peuvent produire justement des fleurs sur une très longue période. Si bien que la floraison s'échelonne durant des mois, parfois même un an. Et chez les variétés hâtives, de nouvelles fleurs pourront à nouveau faire leur apparition trois à six mois plus tard. Normalement, les paphiopedilum courants produisent une fleur par hampe florale et elle reste en beauté durant environ deux mois, parfois un peu plus.

En dépit de leurs coloris intéressants et de leur forme parfois spectaculaire, sinon extravagante (plusieurs possèdent un feuillage marbré), les paphiopedilum restent malgré tout moins populaires que leurs cousines, explique Yves Aubry, orchidophile amateur reconnu notamment pour avoir obtenu plusieurs hybrides intéressants de paphio. «Ils poussent moins vite et se multiplient plutôt lentement, deux facteurs qui se traduisent inévitablement par des prix plus élevés. Et ils ne sont que rarement parfumés», indique l'expert, qui est aussi juge de l'American Orchid Society.

Les phalaenopsis peuvent en effet se reproduire facilement dans un laboratoire où on créera des dizaines de milliers de clones à la fois; ils prendront environ 18 mois pour donner leur première hampe florale. Or, le sabot de Vénus, lui, est réfractaire au clonage. Non seulement faudra-t-il attendre trois ou quatre ans pour qu'il manifeste son intention de donner son premier spectacle, mais une fois qu'il aura produit sa ou ses hampes florales, ce sont des drageons qui assureront la relève. Le plant initial va dépérir plus ou moins lentement et s'il ne meurt pas, il ne refleurira jamais. Mais en revanche, certaines variétés peuvent vivre durant des décennies. M. Aubry possède par exemple un rejeton issu d'un hybride qui date du début du XXe siècle. On aura compris qu'il est toujours préférable d'acheter un paphio en fleur ou sur le point de fleurir.

De la lumière S.V.P.

Dans leur milieu naturel, les paphiopedilum poussent souvent dans des sous-bois, ce qui explique qu'à la maison, les hybrides se retrouvent souvent dans un endroit peu lumineux. Erreur! insiste Yves Aubry. Les paphios multifloraux exigent une lumière vive en évitant toujours le soleil direct, à l'exception des délicats rayons du matin. Les feuilles ne doivent jamais devenir chaudes. Quant aux variétés standard, le manque de lumière explique souvent leur refus de fleurir.

D'ailleurs, en plus de la photopériode, ce sont les écarts de température entre le jour et la nuit qui déclenchent habituellement la floraison, comme c'est aussi le cas chez une foule d'autres orchidées. «Ce stress leur est nécessaire pour fleurir. Si elles sont trop confortables, elles deviennent paresseuses», fait valoir notre expert.

Côté fertilisation, on conseille un engrais à orchidée dilué par quatre ou par deux, trois arrosages sur quatre. La plante doit être bassinée avant de procéder à la fertilisation. On laisse ensuite le pot s'égoutter. Si on favorise une bonne humidité ambiante en déposant le plant sur un lit de cailloux mouillés, les racines ne doivent jamais tremper dans l'eau. On procède habituellement à l'arrosage une fois par semaine mais uniquement quand le terreau est sec, ce qu'on peut normalement mesurer en soupesant le pot. Fait intéressant, la plante puise ses nutriments dans le milieu de culture, qui s'épuise donc peu à peu avec le temps, et cela en dépit de la fertilisation régulière. M. Aubry recommande donc de transplanter les paphios chaque année ou, au maximum, aux deux ans.

Les sabots de Vénus se vendent un peu partout, notamment dans les grandes surfaces. Lors de l'achat, il faut s'assurer que les feuilles sont bien rigides, un signe évident de santé, et que le plant est bien enraciné. Comme c'est aussi le cas lorsqu'on achète toute autre plante, un examen attentif du feuillage et des fleurs s'impose pour détecter les petits intrus à six pattes. En cas de doute, prévoyez une vaporisation d'insecticide biologique une fois par semaine, durant un mois, pour briser le cycle de reproduction des insectes indésirables. Signalons que les cochenilles qui font parfois apparition sur nos orchidées nous viennent la plupart du temps des nouvelles plantes qui ont été introduites à la maison.

Un dernier mot: si vous décidez d'offrir une orchidée en cadeau de Noël, faites très attention lors du transport de votre protégée: cette plante est très sensible au froid. Assurez-vous qu'elle est bien emballée et que l'intérieur de votre véhicule est suffisamment chaud avant de la transporter à la maison.

UN PRIX FABULEUX!

Les orchidées sont des plantes très abordables de nos jours. Mais certains spécimens rares valent néanmoins leur pesant d'or. Le propriétaire du Paradis des orchidées, à Laval, Laurent Leblond, raconte que lors du Congrès mondial sur les orchidées qui s'est tenu il y a quelques mois en Floride, un nouvel hybride de paphiopedilum s'est vendu... 20 000$US.

ACCOMMODEMENT VÉGÉTAL

Les noms d'orchidées donnent souvent des maux de tête en raison de la confusion qui les entoure. À vrai dire, autant en français, en anglais et parfois même parmi les appellations scientifiques, c'est souvent la tour de Babel. Les fameux sabots de la Vierge sont des exemples intéressants à cet égard.

Au Moyen Âge, nous dit Marie-Victorin dans sa Flore laurentienne, la plante répondait au nom de sabot de la Vierge, soulier de la Vierge ou de Notre-Dame, catholicisme oblige. Mais plus tard, le père de la nomenclature moderne, le pasteur luthérien Linné, a «cru faire oeuvre de lumière en la dérobant à la Vierge pour en faire hommage à Vénus, la grande déesse de la Grèce et de Rome», explique, sarcastique, l'éminent scientifique québécois et frère des écoles chrétiennes.

Sabot de la Vierge et sabot de Vénus sont donc synonymes. Ces appellations correspondent à trois groupes de plantes semblables dont la caractéristique la plus spectaculaire est ce labelle central et gonflé, en forme de sabot, de soulier ou encore, de mocassin, selon certaines langues amérindiennes. Les termes scientifiques restent donc infiniment plus précis. Ainsi les cypripedium qu'on retrouve notamment au Québec (Cypripedium acaule, de couleur rose; le cypripedium soulier, de couleur jaune; cypripedium royal, rose et blanc, etc.) sont des plantes présentes en Amérique du Nord, en Amérique Centrale et en Amérique du Sud de même que dans le Sud-Est asiatique. On en compte une cinquantaine d'espèces.

Par ailleurs, on dénombre autour de 15 espèces de phragmipedium et leurs hybrides les plus populaires sont les variétés aux pétales retombants, parfois très longs, presque 30 cm.

Quant aux paphiopedilum, ils sont originaires de l'Asie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Plusieurs des 80 espèces ont produit des milliers d'hybrides. Ce sont les sabots de la Vierge les plus populaires auprès des amateurs d'orchidées. Les termes pedilum ou pedium font allusion au sabot alors que paphio et cypri rappellent Aphrodite (chez les Grecs) ou Vénus (chez les Romains), déesses de la beauté.

UN BIJOU SUR LES ORCHIDÉES DU QUÉBEC

La plupart des amateurs de jardinage connaissent les principaux sabots de la Vierge indigènes du Québec. Le plus fréquent, le cypripède acaule, de couleur rose, est malheureusement impossible à garder au jardin. Après sa transplantation, il meurt généralement au bout de deux ou trois ans. Par contre, Les plus spectaculaires, le cypripède royal et le cypripède jaune, deux petites splendeurs, aujourd'hui cultivées commercialement, poussent facilement dans plusieurs de nos platebandes. Mais le Québec en compte beaucoup plus, une cinquantaine d'espèces, toutes plus belles les unes que les autres.

 L'auteur Sylvain Beauséjour, de Joliette, nous les présente dans un volume qui vient de paraître en librairie: un bijou intitulé Les orchidées indigènes du Québec. Les photos sont nombreuses et très belles, la facture de l'ouvrage de grande qualité et le contenu informatif, intéressant et complet. On y retrouve chacune des espèces présentes en territoire québécois. Un beau cadeau du temps des Fêtes pour l'amateur de jardinage intéressé par notre flore sauvage. Son prix: 49,99$, taxes en sus.

 

Photo André Pichette, La Presse

Paphio hybride