J'ai eu l'occasion, en mai dernier, de donner une série de conférences devant une association de jardiniers amateurs de l'Alaska à Anchorage. On m'avait spécifiquement demandé de montrer comment les jardiniers québécois protègent leurs végétaux pour l'hiver, car, paraît-il, nous avons une réputation mondiale pour l'exagération dans le domaine et ils en avaient entendu parler.

J'ai eu l'occasion, en mai dernier, de donner une série de conférences devant une association de jardiniers amateurs de l'Alaska à Anchorage. On m'avait spécifiquement demandé de montrer comment les jardiniers québécois protègent leurs végétaux pour l'hiver, car, paraît-il, nous avons une réputation mondiale pour l'exagération dans le domaine et ils en avaient entendu parler.

Un climat similaire au nôtre

Premièrement, il faut quand même expliquer que le climat à Anchorage (et d'ailleurs dans la plupart des parties peuplées de cet État) n'est pas aussi sévère qu'on l'imagine. Même si Anchorage est situé bien plus au nord que Québec, au 61e parallèle, il profite d'un courant marin relativement chaud qui longe la côte du Pacifique et se trouve alors en zone 4b... exactement comme nous. Il a toutefois un climat un peu plus en dents de scie que le nôtre : entre autres, la couverture de neige est moins fiable. Dans l'ensemble, cependant, les jardiniers du secteur peuvent cultiver les mêmes plantes que nous.

Contrairement à nous, cependant, personne n'emballe ses végétaux pour l'hiver, du moins, pas sur une base régulière. Il est toutefois courant d'installer un écran (du jute fixé sur des piquets) autour des arbres et arbustes fraîchement plantés pour prévenir la déshydratation le premier hiver. Mais ils étaient bien étonnés d'apprendre que bien des Québécois emballent tous leurs végétaux ligneux chaque hiver. Je les avais fait bien rigoler avec des images de conifères emballés comme des momies quand tout le monde sait que les conifères résistent très bien au froid. D'ailleurs, une remarque fréquente : que c'est triste des conifères emballés l'hiver; c'est justement la saison où on les aurait appréciés le plus!

Ils sont fous, ces Québécois!

«Pourquoi est-ce que les gens font ça?», voulaient-ils savoir. Je n'ai pas pu lui répondre. Après tout, j'ai un succès fou avec les arbres, arbustes et conifères chez moi et je n'emballe rien. Donc, d'après mon expérience, la protection hivernale, c'est une perte totale de temps, du moins tant qu'on choisit des plantes de zone 4 ou moins. Est-ce possible que les Québécois restent tellement emmitouflés dans leurs maisons l'hiver qu'ils ne remarquent pas que les arbres, arbustes et conifères sauvages survivent à l'hiver sans le moindre problème?

Du moins mes nouveaux amis se sont bien amusés de mes clichés, hurlant de rire à chaque image. Le consensus : «C'est donc bien laid chez vous l'hiver : jamais on ne s'y aventurerait!» Avis donc à Tourisme Québec : inutile d'essayer de vendre le Carnaval en Alaska. Notre mauvaise réputation est faite!

Au moins une idée vendeuse

Donc, l'idée de la protection hivernale a été universellement rejetée en Alaska. Personne ne veut enlaidir son terrain six mois par année avec des clôtures à neige et des momies! Par contre, je pense qu'il y aurait un bon marché pour les garages d'hiver. Personne n'a ri quand j'ai montré mon garage d'hiver complètement couvert de neige l'hiver dernier, avec deux autos bien à l'abri des intempéries à l'intérieur. Au contraire, ils avaient les yeux bien ronds d'étonnement. Comment se fait-il qu'aux États-Unis, qui sont tellement en avance sur nous sur tous les plans, le garage d'hiver demeure inconnu? D'ailleurs, on m'a demandé le prêt d'une photo d'un garage d'hiver pour leur bulletin. D'après moi, il y en aura quelques-uns en Alaska l'hiver prochain!

D'ailleurs, même en début de saison (comme nous, ils étaient à peine sortis de la neige lors de ma visite au début de mai), j'étais étonné par la beauté des jardins d'Alaska. Il faudrait que j'y retourne l'été!