Le jardin potager n'est pas in. Car nos terrains sont petits, la vie trépidante qu'on mène commande le farniente à la maison au milieu de plantes ornementales pour lesquelles notre penchant est presque exclusif alors que les marchés publics sont pleins à ras bord, d'août à novembre, de légumes aussi frais que si nous les avions nous-mêmes cultivés.

Le jardin potager n'est pas in. Car nos terrains sont petits, la vie trépidante qu'on mène commande le farniente à la maison au milieu de plantes ornementales pour lesquelles notre penchant est presque exclusif alors que les marchés publics sont pleins à ras bord, d'août à novembre, de légumes aussi frais que si nous les avions nous-mêmes cultivés.

 «Néanmoins, le potager a ses mordus. Les personnes âgées, en nombre important. Mais en bas de 30 ans, il n'y en a pratiquement pas», trouve Richard Turcotte, conseiller au centre jardin Paradis, boulevard Bastien.

«En fait, la désaffection pour le potager a commencé avec l'exode rural, il y a de ça au moins trois générations. Depuis, chez les citadins, la passion s'est étiolée progressivement», continue-t-il.

Le potager pourrait reprendre ses droits par retournement de l'économie. «En s'apercevant, par exemple, que ce qu'on produit coûte moins cher», soutenait Louis Saint-Hilaire du Centre jardin Hamel. «Ou jusqu'à ce que se produise une crise alimentaire mondiale», appréhende M. Turcotte.

Perdre ici, gagner là

Et tandis que, dans la cour, le potager perd du terrain, il en gagne sur le balcon. Par la culture des fines herbes, des tomates, voire des pommes de terre.

Un couple, passionné de culture de «patates nouvelles biologiques», raconte-t-il, en cultive dans trois gros pots. Il y place d'abord des cailloux pour le drainage, puis de la terre, les tubercules, puis du compost. Au fur et à mesure de la croissance, les tiges sont renchaussées. «Ainsi vont la culture et la cueillette à maturité en septembre, et la conservation jusqu'en décembre», relate M. Turcotte.

Il regrette, par ailleurs, cette obsession qu'ont les particuliers pour les engrais à tomates ou autres à triple composition d'azote, de phosphate et de potassium. «Or, pour que les plants soient idéalement bien portants, ils doivent comprendre 16 éléments et minéraux. Ce que contient le compost», plaide-t-il. À moins, suggère-t-il, qu'on emploie un engrais naturel complet McInnes (Stanstead), sans fumier ni boue d'égout.

Botamix



Pendant qu'ailleurs, on s'inquiète de la désaffection des gens pour le potager, le groupe RONA, dans la dernière édition de son guide Botamix, estime que le jardin potager fait un retour en force en raison de l'intérêt pour les produits frais et la culture bio.

S'il fait des progrès, selon lui, il évolue aussi. Puisqu'il n'est plus nécessaire d'aligner ses légumes intensivement et en rangs traditionnels.

La notion d'esthétique entre maintenant en ligne de compte. «Certains légumes et herbes ont une grande valeur ornementale. Comme les feuillages de la bette à carde, de la carotte, des laitues et les vibrants coloris des poivrons.» Ils côtoient les plantes aromatiques et les fleurs annuelles comestibles.

Pour une famille de quatre personnes, Botanix propose un potager d'une superficie de 2 m X 4 m (6,5 pi X 13 pi).

D'un autre côté, afin d'accroître la biodiversité, l'opuscule recommande d'associer à la culture des plantes aromatiques et des fleurs qui attirent des insectes nuisibles au potager. M. Turcotte précise que le tagète, aux fleurs jaunes ou orangées ornementales et à senteur poivrée, est du nombre.

Cependant que la très sucrée capucine, d'après Botanix, attire les pucerons qui, trop occupés à les déguster, ne s'attaquent pas aux légumes.

La publication du groupe RONA propose aussi d'échelonner les récoltes de sorte d'en profiter le plus longtemps possible durant la saison. L'intégration de légumes à semis successifs et à croissance rapide, comme les radis, les laitues frisées, les haricots et les choux-raves, est intéressante à cet égard. «En semant aux deux semaines durant une certaine période, vous obtiendrez des radis, des laitues et des carottes durant toute la saison.»

Les plants de légumes, rappelle-t-on, n'ont pas tous la même résistance au gel. Quelques-uns comme les laitues, les oignons, les poireaux et les choux peuvent être repiqués avant les derniers gels, car ils sont plus résistants au froid.

En revanche, les tomates, les poivrons, les aubergines, les concombres et les courges ne doivent être plantés que lorsque tout risque de gel est écarté.

D'autre part, on peut, dit une maraîchère, faire pousser les haricots et les concombres sur treillis. Cela donne matière à une économie d'espace.

Enfin, sur le balcon, suggère Botanix, on peut aménager en pots un petit jardin potager. Il nécessite, cependant, plus d'arrosage alors que les légumes mettent un peu plus de temps à arriver à maturité et sont plus sensibles aux vents et aux variations de température.

 

Photo Steve DeschĂŞnes, Le Soleil

Gros pot (pour cultiver les pommes de terre bio) et banc pliant en polymère, chez Centre Jardin Paradis.