Chaque fois que je l'ai vue, elle était dans son plus simple appareil, c'est-à-dire nue. Enfin presque!

Chaque fois que je l'ai vue, elle était dans son plus simple appareil, c'est-à-dire nue. Enfin presque!

La plante bouteille, comme on l'appelle parfois, est formée d'un tronc à l'écorce grisâtre souvent sans feuille, un peu boursouflé, mais aussi en version allongée ou même difforme. À l'extrémité apparaissent des touffes de fleurs d'un rouge éclatant, petites, délicates, suffisamment nombreuses pour lui assurer une certaine pudeur. Ses feuilles, toujours clairsemées, qui rappellent celles du figuier, sont formées de trois à cinq lobes.

Son nom? Jatropha podagrica, une appellation pour le moins curieuse, le premier terme référant au fruit, une noix qui est un violent purgatif. Podagrica est le terme grec pour la goutte, une allusion au tronc gonflé du plant.

Étonnamment, j'ai fait à nouveau la rencontre de jatropha dans un jardin publique au cours d'un récent voyage en Martinique. On en comptait des dizaines, à leur taille maximale d'environ 1 m, la plupart recouvertes de fleurs et de... feuilles. Un aménagement pour le moins original.

On dénombre environ 170 espèces de jatropha, des plantes de la famille des euphorbes, la plupart étant originaires de l'Amérique centrale, de l'Amérique du Sud et des Antilles même si elles sont aujourd'hui répandues partout dans le monde. J. podagrica est la plus populaire du groupe, du moins auprès des amateurs de plantes d'intérieur inusitées. Dans de bonnes conditions, elle fleurit toute l'année.

Le «ventre de bouddha», comme on l'appelle parfois en anglais, exige une position ensoleillée, mais en prenant soin de lui éviter les chauds rayons du midi en été. Comme toutes les plantes grasses, jatropha réussit à emmagasiner l'eau dans ses tissus, notamment dans son tronc renflé. Les arrosages doivent donc être limités. On évite de détremper les racines. Si la plante est soumise à une période de dormance (environ 12 C) en hiver, il faut se montrer encore plus avare avec l'eau. Par contre, si vous la conservez à une température ambiante, disons de 18 C à 20 C, elle perdra son feuillage au cours de l'automne en raison des jours plus courts, mais poursuivra sa floraison.

On peut rempoter la plante au besoin, mais toujours au printemps. Jatropha se reproduit facilement à partir de semis et on peut se procurer des graines en consultant l'internet. Vous l'avez deviné, les plants de jatropha sont plutôt difficiles à trouver. Certains fleuristes et parfois de grandes surfaces en offrent. La maison Le Cactus fleuri, à Saint-Madeleine, sur la Rive-sud, en tient régulièrement, de même que le grossiste La Jardinière Saint-Louis, à Saint-Lazare.

Un dernier mot: toutes les parties de jatropha sont toxiques, comme c'est le cas chez les euphorbes. Les tiges produisent aussi un latex qui peut être irritant pour la peau.

Du jatropha dans le réservoir d'essence

 Trois ou quatre espèces de jatropha sont cultivées comme plantes décoratives. Leur proche cousine d'origine brésilienne, Jatropha curcas, jouit cependant d'une réputation mondiale en matière de... biodiesel. Ses graines contiennent en effet 30% d'une huile qui est un excellent combustible biologique sans production de gaz carbonique.

 De nombreuses plantations ont vu le jour à titre expérimental dans plusieurs pays en voie de développement, notamment en Inde, à Madagascar et ailleurs en Afrique et en Amérique centrale. La plante qui atteint 5 m peut produire durant une quarantaine d'années. Elle pousse en milieu aride, là où il est habituellement impossible de cultiver autre chose, ce qui n'est pas le cas des autres espèces utilisées aux mêmes fins comme le maïs et la canne à sucre. Mieux encore, elle n'exige ni pesticide ni fongicide en culture commerciale.

 

Photo Pierre McCann, La Presse

Une autre variété de jatropha est aussi prisée des amateurs de plantes inusitées: <i>Jatropha berlandieri</i> dont le tronc a la forme d'une grosse boule.