Surprise en feuilletant le catalogue Horticlub, la semaine dernière: la maison de Laval offre pour la première fois des bulbes de Sauromatum venosum. Une plante étrange dont l'appellation scientifique signifie lézard, une allusion aux taches qui parsèment le long pétiole des feuilles et rappellent, semble-t-il, la peau de certains lézards.

Surprise en feuilletant le catalogue Horticlub, la semaine dernière: la maison de Laval offre pour la première fois des bulbes de Sauromatum venosum. Une plante étrange dont l'appellation scientifique signifie lézard, une allusion aux taches qui parsèment le long pétiole des feuilles et rappellent, semble-t-il, la peau de certains lézards.

J'avais abordé ce sujet en juillet dernier à la suite d'une tournée de jardins dans la région de Lanaudière. À mon grand étonnement, le lézard végétal se retrouvait dans la plupart des aménagements. Pourtant, cette plante est peu connue et habituellement difficile à trouver. J'ignore d'ailleurs d'où proviennent les quelques spécimens qui poussent chez moi depuis plusieurs années.

Plante bulbeuse de la famille des arums, proche cousin de la plus grande fleur au monde (Amorphophallus titanum), le sauromatum est cultivé avant tout pour ses feuilles étonnantes qui ne sont pas sans rappeler un panache de cerf. Composées de grandes folioles, elles peuvent atteindre 90 cm de largeur, comme c'est le cas dans mon jardin, et la hauteur du plant est d'environ 75 cm. Considérée avant tout comme une plante en pot, elle réussit aussi très bien en pleine terre durant la belle saison, en position mi-ombragée. Le bulbe principal produit une feuille unique, très grande, qui meurt habituellement en septembre. Mais les nombreuses bulbilles qui se forment au cours de l'été produiront à leur tour des feuilles, beaucoup plus petites cependant.

Originaire des pentes de l'Himalaya, Sauromatum venosum doit être entreposé à l'intérieur durant l'hiver. Par contre, Jean Lussier, un lecteur de Laval qui a obtenu plusieurs centaines de bulbes au cours des années, indique que les bulbilles oubliées en terre à la fin de l'été résistent habituellement à nos hivers. Par contre, contrairement aux bulbes qui sont déterrés chaque année, elles ne prennent par d'ampleur et les feuilles produites sont toujours de petite taille, soit de 30 à 40 cm de largeur.

Le lézard végétal produit aussi une fleur spectaculaire qui émerge habituellement du bulbe à la fin de l'hiver, avant même qu'il ne soit planté à nouveau au jardin. Cette fleur ne dure habituellement qu'une journée ou deux. Heureusement! car elle émet une odeur épouvantable de pourriture ou de charogne qui vous obligera inévitablement à l'entreposer ailleurs, le temps que le parfum s'estompe. Cet effluve vise en réalité à attirer des petites mouches qui permettront aux fleurs minuscules du spadice d'être fécondées. D'ailleurs, si fécondation il y a, votre plant produira un joli fruit au cours de l'été, un fruit semblable à celui de notre petit prêcheur, une plante qui fait aussi partie de la famille des arums.

On peut se procurer Sauromatum venosum chez Horticlub (www.horticlub.com). Le catalogue postal ontarien GardenImport (www.gardenimport.com) en offre lui aussi. Certains pépiniéristes spécialisés dans la vente de bulbes en tiennent également au printemps.

 

Photo fournie par Jean Lussier

La fleur du lézard végétal est spectaculaire. Heureusement, elle ne dure qu'une journée ou presque, car elle sent épouvantablement mauvais.