Saison après saison, l'industrie horticole nous offre des nouveautés dont elle vante les mérites: coloris plus éclatants, floraison plus longue, résistance plus grande, etc. Mais avec le temps, parfois après une seule saison de croissance, bon nombre de ces plantes déçoivent. On revient alors à ses anciennes amours.

Saison après saison, l'industrie horticole nous offre des nouveautés dont elle vante les mérites: coloris plus éclatants, floraison plus longue, résistance plus grande, etc. Mais avec le temps, parfois après une seule saison de croissance, bon nombre de ces plantes déçoivent. On revient alors à ses anciennes amours.

 Des valeurs sûres. Des plantes qui défient justement le temps et restent fidèles année après année. À vrai dire, on pourrait facilement se passer de nouveautés sans que les platebandes se démodent ou perdent de leur attrait. D'ailleurs, de nombreux jardiniers délaissent les nouvelles venues et se contentent de cajoler les plantes qui leur procurent satisfaction depuis plusieurs années. Chez moi, une bonne partie du jardin est effectivement composée de ces compagnes fidèles qui me tiennent à coeur. Sans se faire prier, elles se font belles et n'exigent pas de soins particuliers. Je pense notamment aux iris de Sibérie, qui offrent une gamme de coloris beaucoup plus diversifiée qu'on ne le croit (mon préféré est «Percheron»); aux brunneras, dont le «Jack Frost» aux fleurs de myosotis et au feuillage argenté; aux pivoines, surtout la variété «À la mode» aux pétales simples et blancs ou encore à l'Eremurus bungei, une plante bulbeuse qui produit un épi floral jaune de 90 cm.

 Plus tard en saison, c'est au tour des asclépiades tuberosa orangées, des hélénies automnales, des pigamons du mois d'août (Thalictrum rochebrunianum), des gentianes bleu ciel, et des envahissantes mais combien agréables anémones du Japon. J'allais oublier les hibiscus vivaces qui produisent des fleurs géantes ou encore, vers la mi-octobre, les Crocus speciosus, qui donnent de jolies fleurs bleues alors qu'on célèbre habituellement la fin de l'automne.

 Évidemment, la liste pourrait s'allonger et chaque jardinier a ses préférées. L'été dernier, chez moi, Judith, Rosalyne et June se sont montrées particulièrement séduisantes.

Je vous ai rarement parlé de «June Bug», une hémérocalle au nom sympathique (bibitte de juin), qui a des pétales jaunes mais le coeur foncé, presque noir. Il s'agit d'un cultivar de la série Siloam, tous caractérisés par un coeur de couleur très contrastante. De la taille du «Stella de Oro», June commence à fleurir vers la fin juin, mais poursuit son spectacle durant tout l'été avec des petits entractes. Cette année, j'avais encore une ou deux fleurs en octobre. À cet égard, elle n'a rien à envier à la plus célèbre des hémérocalles même si elle est moins prolifique.

 «Rosalyne» est un fraisier décoratif aux grosses fleurs rose vif qui a été créé par les chercheurs d'Agriculture et Agroalimentaire Canada à Saint-Jean-sur-Richelieu, en collaboration avec la pépinière Luc Lareault, de Lavaltrie, le plus important producteur de fraisiers au Québec. Eh bien! je l'ai négligé, presque oublié, planté dans des endroits inadéquats. Malgré cela, il n'a jamais failli, produisant une profusion de belles et grandes fleurs. Quant aux fraises, un délice! Au cours de l'automne 2006, j'ai planté «Rosalyne» dans mon jardin alpin. Le fraisier a fleuri tout l'été. J'ai cueilli mes derniers fruits à la fin d'octobre, quand la belle «Rosalyne» a décidé de prendre un repos bien mérité, après avoir trouvé l'énergie de fleurir entre un ou deux gels. Un phénomène, vous dis-je!

 Ah! Judith! Ma belle Judith! «Judith Hindle» est un cultivar de sarracénie pourpre, une plante carnivore. Je l'ai plantée sur le bord de mon petit bassin d'eau alors qu'on m'avait indiqué à maintes reprises qu'elle ne résisterait pas à l'hiver. Voilà six ou sept ans qu'elle pousse à cet endroit et cette saison, elle était plus éclatante que jamais. Ce printemps, elle a même donné une fleur. J'en suis encore tout ému. Il faut dire que les sarracénies produisent des fleurs uniques dans le monde végétal, des fleurs d'une rare et étrange beauté. Et contrairement à la sarracénie pourpre de nos tourbières, les feuilles insectivores de «Judith» sont élancées, brillamment colorées de rose et de pourpre. Une merveille!

 Judith est en vente un peu partout. Pas besoin d'un bassin d'eau pour qu'elle se plaise. Un bac en plastique enfoui dans le sol, comblé d'un peu de terre, de mousse de sphaigne et d'eau, en position bien ensoleillée, devrait lui convenir. Et pour mon plus grand bonheur, même en décembre, quand elle ne disparaît pas sous la neige, «Judith Hindle» est toujours en beauté. Vivement que le printemps revienne!

 Je profite de l'occasion pour vous souhaiter un Joyeux Noël rempli de poinsettias et d'effluves de sapin.

Thé de Noël!

 Cette année encore, le thé des bois a fait son apparition dans les magasins pour le temps des Fêtes. Avec ses gros fruits rouges (il s'agit vraisemblablement du cultivar «Macrocarpa») et ses feuilles luisantes, d'un vert très foncé, la plante est fort attrayante. Elle exige toutefois une humidité constante et une température fraîche, sans quoi c'est la mort à court terme.

 Les fruits, au goût agréable et très particulier, sont comestibles. Les feuilles peuvent aussi être mastiquées, mais il faut éviter de les avaler sous peine de sérieux maux d'estomac.

 Plante vivace, votre thé des bois pourra être transplanté au jardin en mai s'il n'a pas trop souffert de sa réclusion. Il exige cependant des étés plutôt frais, une position mi-ensoleillée et surtout un sol très acide, une condition que je n'ai pu obtenir chez moi et qui explique mes insuccès avec cette espèce. Gaultheria procumbens ou gaulthérie couchée, de son nom scientifique, est vendu sous sa dénomination anglaise de Creeping Wintergreen, un terme que les distributeurs ontariens ont traduit brillamment par «rampement wintergreen». Faut le faire!

 Dans la nature, la gaulthérie conserve ses feuilles et ses fruits tout l'hiver sous la neige. Au printemps, les boules rouges côtoient souvent les nouvelles fleurs blanches en forme de clochettes. Attribué par le célèbre Linné, le terme gaulthérie rend hommage à Jean-François Gaulthier qui était naturaliste et médecin du roi à Québec (1708-1756).

 

Photo Ivanoh Demers, La Presse

Un de mes infatigables fraisiers «Rosalyne» le 11 octobre.