La neige qui s'accumule au sol depuis novembre a pris nombre de jardiniers les culottes baissées. Plusieurs ont l'habitude de poser les protections hivernales à la toute fin de novembre et voilà que l'hiver est déjà là. Qu'arrivera-t-il aux plantes qu'on n'a pas eu le temps de protéger?

La neige qui s'accumule au sol depuis novembre a pris nombre de jardiniers les culottes baissées. Plusieurs ont l'habitude de poser les protections hivernales à la toute fin de novembre et voilà que l'hiver est déjà là. Qu'arrivera-t-il aux plantes qu'on n'a pas eu le temps de protéger?

 Probablement rien. En effet, la protection hivernale telle que pratiquée au Québec est, dans la vaste majorité des cas, strictement inutile.

 Jouons donc au petit jeu du «qu'arriverait-il à certaines plantes si elles n'étaient pas protégées l'hiver?»

 Rosiers : de nos jours, la vaste majorité des rosiers vendus sont rustiques. Et rustique, ça veut dire capable de supporter le froid. Au printemps, ces plantes n'auront subi aucun dégât, sinon peut-être une branche ou deux cassées par la neige, situation vite corrigée avec un sécateur.

 Quant aux rosiers hybrides de thés, grandifloras et floribundas, en perte de vitesse commerciale, les marchands les vendent désormais en nous disant de les considérer comme des annuelles. Si vous les avez plantés comme tel et qu'ils meurent l'hiver, est-ce la fin du monde? De toute façon, même en les recouvrant d'un cône à rosier (la méthode de protection traditionnelle), une bonne partie des rosiers non rustiques meurent pendant l'hiver. Après tout, il y a une limite au froid que ces végétaux, de zone 7 ou 8, peuvent supporter. Suggestion : laissez-les crever et plantez des rosiers adaptés à notre climat.

 Conifères : l'un des plus grands mystères de l'horticulture québécoise est sûrement l'idée bizarre que les conifères ont besoin de protection hivernale. Pourtant nos forêts ne sont-elles pas remplies de conifères? Et est-ce que quelqu'un les protège pour l'hiver? Bien sûr que non! Alors pourquoi pensez-vous donc qu'ils auraient besoin de protection hivernale dans votre cour? D'ailleurs, pourquoi cultive-t-on des conifères de toute façon? Mais, parce qu'ils sont beaux 12 mois par année, bien sûr. S'il faut les emballer pour l'hiver, ils n'ont plus leur raison d'être. Évidemment, un conifère planté trop près du chemin pourrait brûler l'hiver à cause du calcium qui se dépose sur ses aiguilles. La solution est de ne jamais planter de conifères près d'un chemin.

 Mais les conifères plantés sous le surplomb d'un toit peuvent recevoir de la glace sur la tête et casser. Il faudrait sans doute au moins les ficeler, non? Ça, je vous l'accorde, mais il ne faut jamais planter un conifère érigé à un tel endroit : c'est tout simplement un mauvais usage. Déplacez-les et vous éliminez le problème.

 Rhododendrons : mais c'est sûr qu'il faut protéger les rhododendrons, non? Vraiment? Allez voir les rhododendrons du Jardin botanique Roger-Van den Hende, sans doute les plus gros de la région. Ils n'ont jamais été protégés et poussent très bien. Évidemment, le secret, c'est de planter des rhododendrons rustiques dans nos régions, donc de zone 4 ou moins. Même protégés, les rhododendrons de zone 5 et plus finissent toujours par claquer.

 Arbustes : si on n'attache pas les branches de nos arbustes, elles peuvent être brisées par la neige lourde. D'accord, mais les branches qui cassent sont les plus faibles. Qu'elles cassent et votre arbuste sera en meilleure santé. Il suffit de couper les branches cassées, voilà tout.

 La protection hivernale naturelle

 Cet hiver hâtif est une bénédiction pour les jardiniers : il n'existe pas de meilleure isolation contre le froid que la neige. Merci donc à Dame Nature de nous avoir envoyé de la neige si tôt et nous avoir épargné tant de travail inutile.