Mes tomates mûrissent bien lentement cette année... et je ne suis pas le seul qui s'en plaint. Je n'ai récolté que quelques tomates jusqu'à maintenant alors que, d'habitude, ma maison est devenue une véritable usine de conservation de tomates depuis déjà le début d'août. Que se passe-t-il ?

 Mes tomates mûrissent bien lentement cette année... et je ne suis pas le seul qui s'en plaint. Je n'ai récolté que quelques tomates jusqu'à maintenant alors que, d'habitude, ma maison est devenue une véritable usine de conservation de tomates depuis déjà le début d'août. Que se passe-t-il ?

  Si vous connaissez les tomates (Lycopersicon esculentum), la réponse est évidente : pas assez de chaleur. La tomate, en effet, est une plante tropicale. Elle aime un long été plutôt chaud... mais pas trop : les températures au-dessus de 30 degrés Celcius ralentissent sa croissance et fait avorter la floraison. Or, après un mois de juin trop froid, qui a retardé la plantation et après un mois de juillet frais, qui n'a pas aidé à la floraison, on a eu de la très grosse chaleur en août, trop pour les tomates. Depuis, on a encore sombré dans la fraîcheur. Une telle combinaison de conditions ne donnera sûrement pas une récolte record !

 Du bon côté, du moins chez moi, les plants de tomates sont vigoureux comme jamais avec peu de signes de maladie. Il faut dire que j'applique des mycorhizes sur les tomates en les plantant, ce qui semble beaucoup sérieusement réduire les infestations de maladies. Et les fruits sont là... mais ils mûrissent bien lentement.

 Peut-on hâter la maturation ? Autrefois, on croyait qu'il était possible de hâter le mûrissement des tomates de trois façons :

 - en supprimant les «gourmands» ;

 - en pinçant l'extrémité des tiges ;

 - en effeuillant les plants en fin de saison.

 Tristement, tout cela relève de la pure superstition.

 Les gourmands

 D'abord, les tomates ne produisent pas de gourmands ! Difficile donc de les supprimer. Un «gourmand», par définition, ne produit pas de fruits. Les pommes, entre autres, produisent des gourmands. Mais les «gourmands» trouvés sur les tomates et que tant de jardiniers s'empressent de supprimer sont en fait des tiges secondaires qui auraient produit des fruits... si on ne les avait pas enlevées. (Notez bien que je ne dis pas de ne pas supprimer ses tiges secondaires : si vous fixez vos tomates à un tuteur unique, il y a une limite à ce que ce dernier peut supporter et il faut parfois supprimer des tiges. Mais il faut le faire en sachant que, en fait, cela réduit la récolte.)

 Les extrémités

 L'idée que pincer l'extrémité des tiges en fin de saison accélère le mûrissement est tout aussi fausse. On croyait, en effet, que la plante gaspillait son énergie en continuant de produire de nouvelles feuilles et fleurs tard en saison, quand il n'y avait plus aucune possibilité que ces fleurs aient le temps de donner des fruits, et qu'il valait alors mieux les supprimer. Sauf que des études démontrent que, du moins pour les tomates cultivées en pleine terre, cela ne donne strictement aucun résultat positif. Autrement dit, les tomates ne mûrissent pas plus tôt si on pince les plants. Autre mythe à mettre aux rebuts.

 Effeuiller

 Enfin, une croyance tenace veut qu'il faille effeuiller les tomates en fin de saison pour que le soleil puisse toucher les fruits directement et ainsi les faire mûrir. Pourtant, tout jardinier sait, d'expérience, que le soleil n'a pas besoin de toucher un fruit de tomate pour qu'il mûrisse. En effet, les tomates récoltées vertes mûrissent aussi rapidement à la noirceur, dans un garde-manger par exemple, que lorsqu'on les met sur le rebord de fenêtre ensoleillé. Le soleil n'a rien à voir là-dedans. Par contre, il y a un risque à effeuiller les tomates. En effet, les fruits peuvent brûler d'un contact trop subit avec le soleil. Pas une bonne idée, donc.

 Que faire alors ?

 Les plus ambitieux peuvent construire des serres pour leurs tomates. Une simple structure en bois ou en tuyau de PVC, recouverte de feuilles de plastique, permettra de maintenir les plants au chaud la nuit. Là, les fruits mûrissent très rapidement ! Il faut toutefois ouvrir la serre par des journées chaudes : après tout, comme on le sait, des températures supérieures à 30 degrés Celcius nuisent à la maturation des fruits. D'ailleurs, dans bien des régions du Québec, comme au Saguenay, on ne cultive les tomates que sous un abri estival, la température extérieure étant insuffisante pour la maturation.

 Avec le réchauffement de la planète qui semble, jusqu'à maintenant, nous donner plutôt des étés plus frais qu'autrefois, la petite serre sera peut-être à l'avenir la seule voie logique pour obtenir une belle récolte de tomates.

 Ou encore... patienter. En effet, depuis quelques années, nos automnes se prolongent. L'an dernier, les tomates étaient encore en pleine production à la fin d'octobre ! Il n'est donc pas trop tard pour avoir une récolte raisonnable.

 Attention cependant, si vous laissez vos tomates «sur le plant» tard à l'automne ! Si on annonce du gel, rentrez vos tomates le plus vite possible. Après tout, tout n'est pas perdu : les tomates vertes font un excellent chutney !