Pour l'amateur de jardinage qui n'a guère de poils sur le crâne, comme c'est mon cas, les eucomis exercent un attrait particulier.

Pour l'amateur de jardinage qui n'a guère de poils sur le crâne, comme c'est mon cas, les eucomis exercent un attrait particulier.

 La hampe florale qui se termine par un long épi de fleurs est surmontée d'une jolie touffe de feuilles qui n'est pas sans rappeler une tête bien garnie, du moins chez ceux qui ont de l'imagination. D'ailleurs, l'appellation scientifique d'eucomis a pour origine deux mots grecs signifiant «belle chevelure» ou «belle coiffure», si vous aimez mieux.

 Pour d'autres, le chapeau des eucomis rappelle plutôt les feuilles pointues de l'ananas, d'où son nom de «pineapple flower» ou «pineapple lily» dans la langue de Shakespeare.

 Mais cette allure particulière n'est qu'une des qualités qui font de l'eucomis une plante exceptionnelle à cultiver au jardin, même s'il s'agit d'un bulbe tendre, même s'il faut le déterrer l'automne pour le conserver à l'intérieur durant la saison froide. Rassurez-vous, l'entreposage hivernal est facile. Il suffit de déposer le bulbe dans un contenant, de le recouvrir de mousse de tourbe, et le tour est joué.

Non seulement l'eucomis se conserve très bien ainsi, année après année, mais vous aurez aussi la surprise de le voir se multiplier. Là encore, pas de problème, les bulbilles restent attachées après le bulbe mère et prendront de l'ampleur rapidement pour former une touffe bien garnie au jardin.

 Originaires de l'Afrique du Sud, les eucomis comptent une quinzaine d'espèces dont trois ou quatre sont vendues commercialement. À cela s'ajoute quelques cultivars dont certains sont apparus il y a quelques années à peine, des hybrides intéressants et fort jolis.

 Je cultive des eucomis depuis une bonne quinzaine d'années et je suis toujours étonné de constater à quel point cette plante est rare dans nos jardins. Elle est pourtant offerte au printemps dans plusieurs pépinières et jardineries.

 D'ailleurs, plusieurs les vendent maintenant en plants afin de charmer les clients. Un heureuse initiative car il est impossible de rester indifférent, à mon avis, devant un eucomis en fleur.

 Des fleurs à la dizaine

 Après la plantation vers la fin mai ou le début de juin, le bulbe produit une rosette de feuilles, parfois ondulées ou teintées de pourpre, d'environ 40 à 60 cm de diamètre (mais parfois le double), d'où émergera en juillet une hampe florale plutôt inusitée qui ressemblera dans les premiers jours à un bébé ananas.

 Cette tige de 45 à 70 cm se couvre sur le tiers de sa longueur d'une multitude de petites fleurs blanches, roses, rose foncé, bourgogne ou bicolores. Parfois, c'est presque toute la hampe florale qui est recouverte de fleurs comme c'est le cas de l'eucomis «Pink».

Parmi les introductions récentes, notons le cultivar «Oakhurst» qui donne des feuilles pourprées, parfois très foncées (les fleurs, elles, sont blanchâtres à l'intérieur, pourpres à l'extérieur) et «Octopus», une variété naine d'environ 20 cm, aux fleurs rouge vin et aux feuilles (incluant le chapeau) recouvertes d'une multitudes de picots bourgogne.

 Mais le bonheur avec les eucomis, c'est que la floraison est progressive et s'étale sur trois semaines. Mieux encore, une fois toutes les fleurs ouvertes, elles se transforment en fruits verts, très jolis, qui persistent sur la hampe presque jusqu'au gel. Certains réussissent même à faire sécher les tiges couvertes de fruits. La plante préfère un sol bien drainé et résiste facilement à des périodes de sécheresse. Allez! Laissez-vous séduire, vous ne le regretterez pas.

 

Photo Armand Trottier, La Presse

<i>Eucomis bicolor</i>