Vous n'avez ni cour ni jardin? Ce n'est pas une raison pour vous priver du plaisir de cultiver votre petit potager.

Vous n'avez ni cour ni jardin? Ce n'est pas une raison pour vous priver du plaisir de cultiver votre petit potager.

Habituellement, il y a suffisamment d'espace sur un balcon ou une terrasse pour faire pousser beaucoup plus que des fines herbes. D'ailleurs, certaines plantes sont souvent très heureuses en contenant et donnent d'excellents résultats, justement parce que le pot est réchauffé par le soleil, insiste Edward C. Smith. C'est le cas notamment des plantes originaires de pays chauds, comme les poivrons, les tomates ou encore la grande famille des cucurbitacées, à commencer par les concombres, dit-il.

 Edward C. Smith, jardinier du Vermont, s'est spécialisé dans la culture des plantes potagères. Il a publié Le grand livre du potager, aux Éditions de l'Homme, qui s'est vendu à près de 200 000 exemplaires dans sa version originale aux États-Unis. Tout récemment, il publiait un autre ouvrage, Cultivez vos légumes et vos herbes en pots, une traduction de Incredible Vegetables from Self-Watering Containers.

 «L'approvisionnement en eau est un problème beaucoup plus important que le terreau, a-t-il expliqué au cours d'une entrevue. Il suffit de mélanger à parts égales de la mousse de tourbe et du compost. Le mélange sera suffisamment aéré tout en conservant l'eau assez longtemps. On peut substituer un terreau tout préparé pour semis, car il contient aussi une très grande part de tourbe. Par contre, la gestion de l'eau est plus compliquée.»

Comme l'indique le titre de son volume en anglais, M. Smith préconise l'utilisation de contenants disposant d'une réserve d'eau à la base qui permet aux racines de s'abreuver, au besoin, par capillarité. Dans son ouvrage, il nous montre comment en fabriquer, ce qui ne semble pas compliqué. Malheureusement, ces contenants sont souvent difficiles à trouver sur le marché québécois. Ils sont coûteux, et la plupart des jardineries et des détaillants ont cessé d'en vendre, faute de demandes. On peut toutefois en trouver dans certaines grandes surfaces.

 Il est possible de contourner la difficulté, en partie, en utilisant avec le compost un terreau contenant des granules de polymère absorbant. On peut d'ailleurs faire le mélange soi-même en achetant ces polymères horticoles vendus notamment sous la marque Soil-Moist. Ils absorbent de 100 à 200 fois leur volume d'eau qu'ils libèrent tranquillement quand le temps se fait sec. Attention! Au Canada, les contenants de granules polymérisées indiquent qu'on ne doit pas les utiliser pour faire pousser des plantes comestibles. Pourtant, ils servent régulièrement à cette fin aux États-Unis. La situation s'explique par le fait que l'homologation du produit n'a pas été demandée aux autorités canadiennes en raison des coûts du processus.

 La situation n'est pas sans rappeler l'huile de neem et ses dérivés, reconnus officiellement comme insecticide chez l'Oncle Sam, mais qui sont vendus uniquement comme lustrant à feuilles chez nous.

 Mais polymère ou pas, contenants avec ou sans réserve d'eau, il faudra arroser très souvent vos plantes de balcon. Côté fertilisation, M. Smith recommande d'utiliser la recette suivante: 80 ml de farine de sang, 80 ml de phosphate colloïdal et 80 ml de produit à haute teneur en potassium (du genre Sulpo-Mag ou K.Mag; 0-0-20) par 38 litres de terreau.

 Que faire pousser maintenant? Les plantes potagères les plus faciles et à croissance rapide sont les légumes en feuilles - laitues, épinards, bettes à carde (notamment «Bright Lights») -, ou encore des mélanges à mesclun. On peut aussi faire pousser aisément des radis, des petites carottes ou encore des pommes de terre de petite taille. Se cultivent facilement aussi en pot les potagères grimpantes comme les concombres (essayez les concombres «Lemon» ou citron, ronds et jaunes), certaines courges grimpantes ou encore des tomates cerises («Sweet 100» et «Sungold»). Les pois, les pois mange-tout et les haricots de toutes les formes et couleurs sont aussi un bon choix. Ces plantes se placent sur treillis, près d'un mur ensoleillé, et prennent relativement peu de place.

Edward Smith conseille également de faire pousser en contenant la prolifique courgette «Eight Ball», dont je vous ai parlé à maintes reprises (le fruit rond et délicieux est de la grosseur d'une balle de baseball). Et comme clou du spectacle de votre potager-balcon, pourquoi pas un ou deux artichauts en raison de leur feuillage argenté et de leur fruit qui, à défaut d'être mangé, donnera de grosses fleurs violettes extraordinaires.

 Un dernier mot: pour la délicatesse et la couleur de sa fleur, l'abondance et le goût exquis de ses fruits, je vous conseille le fraisier «Rosalyne». Il pousse bien en pot.

 

Photo fournie par les Éditions de l'Homme

La courge musquée «Ponca Baby».