La fougère de Boston a une histoire fascinante qui date de la fin du XIXe siècle. À l'époque, les fleuristes utilisaient souvent les frondes des fougères dans les arrangements floraux. Ça se fait d'ailleurs encore, sauf qu'aujourd'hui on ne peut importer que des frondes fraîchement découpées qui sont alors livrées par avion.

La fougère de Boston a une histoire fascinante qui date de la fin du XIXe siècle. À l'époque, les fleuristes utilisaient souvent les frondes des fougères dans les arrangements floraux. Ça se fait d'ailleurs encore, sauf qu'aujourd'hui on ne peut importer que des frondes fraîchement découpées qui sont alors livrées par avion.

 À l'époque, sans avion, il fallait commander une fougère vivante d'un producteur et la faire venir par train ou bateau. Après on prélevait les frondes directement de la plante. Ainsi, un fleuriste de Boston qui en 1894 avait commandé en 100 néphrolépis (Nephrolepis exaltata), une fougère aux hautes frondes dressées qu'on trouve à l'état sauvage dans presque tous les pays tropicaux du monde, remarqua qu'un des spécimens n'était pas comme les autres. Ses frondes se courbaient joliment vers le bas. Alors, plutôt que de prélever les frondes, le fleuriste conserva la fougère mutante et s'est même mis à la multiplier et à la vendre. Le climat à Boston étant trop froid pour cette fougère tropicale, il suggéra aux gens une idée inusitée : la cultiver à l'intérieur.

 La nouvelle fougère fut un succès de foule et, aujourd'hui appelée «fougère de Boston» ou N. exaltata Bostoniensis, fit le tour du globe. D'ailleurs, c'est cette plante qui a essentiellement lancé une nouvelle mode, soit celle des plantes d'intérieur, mode qui perdure et même qui s'accentue de nos jours.

 De nombreuses variantes

 Si la fougère de Boston fut elle-même à l'origine une mutante, elle n'a pas cessé de donner naissance à d'autres mutations. On compte aujourd'hui presque une centaine de variétés aux frondes longues ou courtes, simples, découpées ou carrément frisées et même des variantes «dorées» (de couleur vert lime) et panachées. Jusqu'au milieu du siècle dernier, rares étaient les maisons où ne trônait pas une grosse fougère de Boston sur un piédestal dans le salon, alors réservé strictement aux visiteurs. On les trouvait également dans les églises, dans les couvents et même dans les hôpitaux.

 De nos jours, il existe un plus grand choix de plantes d'intérieur, et la fougère de Boston ne domine plus nos aménagements intérieurs. Par contre, on la trouve encore facilement sur le marché. Et sa culture n'est pas difficile.

 Surtout de l'humidité

 Le grand secret de la culture de la fougère de Boston est de savoir maintenir une bonne humidité ambiante, quitte à utiliser un humidificateur, sinon elle a tendance à perdre beaucoup de frondes l'hiver. Côté éclairage, elle est très tolérante, pouvant supporter le soleil direct ou la mi-ombre. On l'arrose abondamment lorsque son terreau est sec, mais pas plus souvent, car, contrairement à d'autres fougères, elle n'aime pas les sols très humides. On peut la fertiliser une fois par mois au quart de la dose recommandée avec tout engrais soluble : elle n'est pas très exigeante en minéraux.

 Avec le temps, votre fougère grossira, car elle se divise au pied comme le font les vivaces de nos jardins. Ainsi le pot se remplit et un rempotage s'impose, peut-être tous les deux ou trois ans. Vous remarquerez qu'elle produit aussi des stolons, de longues «tiges» rampantes vert pâle et hirsutes qui courent dans tous les sens. Dans la nature, la plante s'étend ainsi, car les stolons, en touchant au sol, s'enracinent et forment de nouvelles plantes. En culture, souvent on les supprime. Mais si vous voulez produire d'autres fougères de Boston, placez une potée de terreau légèrement humide à côté de la plante mère et fixez-y, avec un trombone déplié, un stolon. Un bébé plante se formera à cet emplacement. Quand le bébé plante sera bien formé, coupez le «cordon ombilical».

 Enfin, un peu de ménage s'impose de temps en temps, car les vieilles frondes jaunissent en vieillissant. On les coupe à la base, tout simplement.

 Belle mais stérile

 Curieusement, la mutation à l'origine de la fougère de Boston la rend stérile : elle ne produit jamais de spores comme les néphrolépis sauvages et ne se reproduit donc que par division ou stolons. La plupart des multiples variétés issues par mutation de la première fougère de Boston sont tout aussi stériles que leur mère. Certaines ont toutefois regagné leur capacité de faire des spores. Dans ces cas, vous voyez à l'endos des frondes de petites bosses qui sont des sporanges, producteurs de spores. Ainsi il est possible que vous trouviez, ailleurs dans la maison, un bébé fougère de Boston qui pousse spontanément dans un autre pot, car les spores très fines voyagent facilement avec le moindre courant d'air.