Paradoxalement, les variétés de glaïeuls sont plus nombreuses et plus spectaculaires que jamais, mais elles n'ont plus la cote d'amour. Au cours des 10 ou 15 dernières années, par exemple, les ventes ont baissé considérablement, mais tendent à se stabiliser depuis deux ou trois ans.

Paradoxalement, les variétés de glaïeuls sont plus nombreuses et plus spectaculaires que jamais, mais elles n'ont plus la cote d'amour. Au cours des 10 ou 15 dernières années, par exemple, les ventes ont baissé considérablement, mais tendent à se stabiliser depuis deux ou trois ans.

  Pourtant, on compte aujourd'hui plus de 10 000 cultivars, plusieurs centaines sont offerts dans les jardineries ou pépinières, et certains sont même des créations québécoises. Les fleurs affichent des coloris souvent incroyables, parfois composés de deux et même trois couleurs.

 Cette baisse de popularité est attribuable en partie aux grandes surfaces, estiment certains experts. Car on y vend souvent des cormes de petites dimensions, ce qui se traduit fréquemment par des petites fleurs sur une seule hampe florale. Un gros corme produit normalement deux à trois tiges. (En raison de leur forme et leur physiologie particulière, les bulbes de glaïeuls, de crocus, de crocosmias, etc., portent le nom de cormes.)

Ex-président de la Société des glaïeuls du Québec, Denis Croteau explique que cette baisse de popularité s'explique aussi par la concurrence avec les autres espèces de plantes bulbeuses à floraison estivale. Il ajoute que dans l'esprit de nombreux amateurs, la fleur est encore associée à la mortalité (le glaïeul était très utilisé dans les salons funéraires). Par ailleurs, l'espèce est cultivée habituellement pour fins de fleurs coupées et fleurit au moment, justement, où les glaïeuls font leur apparition en abondance dans les marchés publics. Les bouquets sont alors vendus à prix presque dérisoires, du moins si on compare avec l'investissement et le temps qu'exige la culture au jardin.

  L'expert estime que les détaillants sont aussi responsables de cette défection. «Ils offrent à leur clientèle des cultivars qui datent souvent de 20 ou 30 ans parce que les cormes sont deux fois moins chers que les nouvelles variétés, pourtant beaucoup plus intéressantes. Les marchands s'assurent ainsi de limiter leurs pertes en cas de méventes. Le hic, c'est que le consommateur se montre alors beaucoup moins intéressé.»

  Mais Denis Croteau, qui compte une vingtaine d'hybrides de glaïeuls à son crédit, croit que ce sont surtout les mauvaises méthodes de culture qui ont provoqué la déception des jardiniers amateurs au cours des années. Par exemple, le Centre d'information des bulbes à fleurs des Pays-Bas recommande de planter le corme à 10 cm de profondeur. L'hybrideur amateur suggère plutôt à 15 et si possible, 20 cm. «Les glaïeuls sont des plantes qui ont relativement peu de racines. Plusieurs plants atteignent 90 cm et même plus de 1 m de hauteur. Si bien que lorsque les fleurs sont gorgées d'eau, leur poids fait tomber la tige au sol. Quand on vit l'expérience à quelques reprises, on abandonne.»

  Pourtant, les glaïeuls sont faciles à cultiver, insiste-t-il. Ils se contentent d'un sol ordinaire, mais bien drainé, et on peut les planter dès le mois de mai, sans se soucier de la température du sol puisqu'ils vont germer seulement quand le terreau sera suffisamment chaud. Aucun problème non plus si les cormes sont déjà germés avant la mise en terre. On les place en plein soleil, à 8 ou 10 cm les uns des autres. En culture commerciale, on butte même les plants avec 15 à 20 cm de terre durant l'été. Il existe aujourd'hui des variétés naines et les hybrides de grande taille devraient aussi être tuteurées.

  M. Croteau conseille de planter surtout des variétés hâtives (floraison vers la mi-juillet) et celles qui fleurissent à mi-saison. Mais en raison de nos automnes qui sont plus chauds que dans le passé, les hybrides tardifs pourraient aussi donner de bons résultats. Ceux-ci exigent une centaine de jours de croissance pour fleurir. La floraison du glaïeul s'étale sur environ trois semaines si on enlève régulièrement les fleurs fanées.

  L'automne, après avoir déterré les cormes, on brise la tige à la main. On peut les conserver très facilement dans de la mousse de tourbe. Quant aux bulbilles, parfois nombreux, ils devraient fleurir après deux ou trois saisons de culture.

 

Photo archives La Presse