«Des roses et de la neige en plein hiver, tout ça dans la région de Charlevoix, le meilleur des deux mondes!» écrit Louise Constantineau, de Saint-Irénée, fière d'avoir réussi à faire fleurir un hybride de thé dans sa maison cet hiver.

«Des roses et de la neige en plein hiver, tout ça dans la région de Charlevoix, le meilleur des deux mondes!» écrit Louise Constantineau, de Saint-Irénée, fière d'avoir réussi à faire fleurir un hybride de thé dans sa maison cet hiver.

«Je voulais un de ces beaux hybrides de thé, mais sans prendre la peine de le faire hiverner à l'extérieur», précise-t-elle. Or au début de l'automne, Mme Constantineau a acheté un beau plant aux fleurs jaunes, le «Peace». «En octobre, j'ai pris le risque de le mettre dans la maison, dit-elle. L'arbuste s'est retrouvé dans mon sous-sol bien éclairé. Il a perdu toutes ses feuilles et je l'ai taillé légèrement. Qu'elle ne fut pas ma surprise de voir par la suite des feuilles apparaître, puis des bourgeons floraux sur chaque tige.»

Situé près d'une fenêtre sud-est, son rosier, indique-t-elle, exige beaucoup d'eau et, à l'occasion, un peu d'engrais à base d'algues. L'expérience de Louise Constantineau démontre qu'il est possible de faire fleurir un hybride de thé à l'intérieur en respectant certaines conditions. La rose, comme on le sait, reste encore la fleur la plus populaire.

Les fameux hybrides de thé occupent toujours la première place chez les amateurs parce qu'ils produisent une rose parfaite, celle qui se vend par centaines de millions d'exemplaires dans le monde, celle que l'on retrouve chez le fleuriste et souvent dans nos jardins. Mais il faut bien le dire, ces hybrides de thé ne sont pas adaptés à notre climat et doivent absolument être protégés pour survivre à nos hivers.

Plusieurs utilisent ces horribles cônes en polystyrène, d'autres préfèrent butter leurs plants, mais ce sont les toiles thermiques, spécialement conçues pour les rosiers, qui demeurent la meilleure protection hivernale. Il n'en reste pas moins qu'en dépit de ces efforts, notamment avec les cônes et le buttage, le taux de mortalité est parfois assez élevé surtout si les travaux n'ont pas été réalisés selon les règle de l'art ou encore si l'hiver a été particulièrement difficile.

Ces rosiers meurent si leurs racines sont exposées à une température de moins 12°C. Les hybrides de thé peuvent pousser sans protection hivernale seulement à partir de la zone climatique 7, rappelle Claire Laberge, responsable de la roseraie du Jardin botanique de Montréal, soit sous un climat beaucoup plus chaud que celui du Québec. Au Canada, on parle de la région au sud de Vancouver, limitrophe à l'État de Washington, et aux États-Unis, du territoire à partir de Boston en gagnant le sud du pays. Comment alors obtenir des roses dans la maison tout en regardant tomber la neige?

Une question de lumière

«Oui, il est possible de faire pousser un hybride de thé dans la maison, insiste Claire Laberge. Mais les conditions de luminosité doivent être excellentes et il est toujours préférable d'utiliser un cultivar réputé pour sa résistance aux maladies. Il faut aussi traiter le plant avant son entrée à l'intérieur pour éviter que maladies et insectes ne se manifestent plus tard.» Si les acariens risquent de faire leur apparition au cours de l'hiver en raison de l'atmosphère trop chaude et trop sèche, en contrepartie, les maladies fongiques comme la tâche noire, l'oïdium (blanc) ou la rouille, ne feront plus problème, fait-elle valoir.

Autre avantage, votre rosier va pousser toute l'année en s'accordant de temps à autre un petit repos. L'hiver, si tout va bien, il devrait produire quelques douzaines de roses comme ce fut le cas du rosier «Jean-Pierre Ferland» que René Homier-Roy a fait pousser chez lui durant trois ans et demi. L'animateur de l'émission C'est bien meilleur le matin, à la radio de Radio-Canada, a aussi obtenu le même succès avec le rosier «Le Chaînon». Mais il a dû se départir de ses deux plants lorsque les bibittes, notamment les pucerons, ont jeté leur dévolu sur sa «roseraie» intérieure. Mais le bonheur de son propriétaire aura duré plus que le temps d'une rose...

Comme c'est le cas dans les zones climatiques chaudes, votre rosier devrait atteindre une taille considérable dans la maison, probablement plus de deux mètres. Claire Laberge conseille de tailler les tiges d'environ un tiers de leur longueur en février, ou encore de couper la hampe florale d'une quinzaine de centimètres sous la fleur fanée. Cela devrait stimuler l'apparition de nouvelles tiges, qui sont les seules à donner des fleurs. Évidemment il faut aussi fertiliser de temps à autre.

Pourquoi ne pas tenter l'expérience. Un rosier n'est pas coûteux, le choix est considérable et plusieurs cultivars émettent aussi un délicieux parfum. À vrai dire, les seuls obstacles sont la luminosité et les bibittes, qui sont très nombreuses à apprécier le jardinage d'intérieur, notamment l'hiver. Mais si vous réussissez à contrôler ces facteurs, vous obtiendrez des douzaines de roses durant l'année au lieu de vous contenter de trois mois de floraison au jardin. Vous pourrez d'ailleurs planter votre rosier dès le mois d'avril, puisque l'on peut déjà en trouver sur le marché.