Les visiteurs se font de moins en moins nombreux dans les grands jardins publics du Québec, une tendance qui se manifeste depuis 2002, indique le président de l'Association des jardins du Québec, Alexander Reford. «La situation est la même un peu partout en Amérique du Nord», précise celui qui est aussi directeur des Jardins de Métis.

Les visiteurs se font de moins en moins nombreux dans les grands jardins publics du Québec, une tendance qui se manifeste depuis 2002, indique le président de l'Association des jardins du Québec, Alexander Reford. «La situation est la même un peu partout en Amérique du Nord», précise celui qui est aussi directeur des Jardins de Métis.

L'organisation, qui compte une trentaine de jardins affiliés, ne dispose toutefois d'aucune donnée précise pour expliquer ce phénomène. L'été dernier, on a connu plusieurs week-ends maussades dans la région de Montréal. Cela a sans doute eu un impact important sur les déplacements en région, même si à Métis, par exemple, le temps était radieux. Mais les conditions météorologiques, qui fluctuent d'une année à l'autre, n'expliquent pas tout.

Les nombreux festivals à Montréal comme à Québec incitent aussi les résidants à rester davantage chez eux. Aux Jardins de Métis, par exemple, le nombre de visiteurs est passé de 115 000 en 2002 à 73 000 en 2005 et 2006. Le Jardin botanique de Montréal connaît lui aussi une baisse constante depuis 2002 - une année record dans les annales des jardins publics. Cette période favorisait particulièrement la venue d'Américains en raison du taux de change du dollar canadien qui était à son plus bas.

Cette année-là, le Jardin botanique de Montréal a accueilli 993 000 visiteurs comparativement à 851 000 en 2005 et possiblement un peu moins en 2006. «Il va sans dire que nos clients prennent de l'âge et ne font pas la tournée des jardins chaque année. Par ailleurs, contrairement à un festival ou une exposition qui peut se renouveler souvent, il est impossible de faire des changements majeurs dans nos platebandes sans dépenser une fortune», fait valoir M. Reford. Il ajoute par ailleurs que le marché immobilier a été fébrile ces dernières années au Québec, et que manifestement, les nouveaux propriétaires, plus jeunes, restent chez eux. «Et puis tous ces gens qui nous visitent régulièrement possèdent aussi leur jardin. Voilà des années qu'ils y travaillent.

Aujourd'hui, l'âge aidant, ils veulent en profiter pleinement en restant chez eux.» Au Domaine Joly-de-Lotbinière, la directrice générale Hélène Leclerc, pense aussi que cette tendance va se poursuivre. «Le samedi, c'est beaucoup plus tranquille. Nos adeptes sont en train de jardiner. Par contre, le dimanche, ils viennent plus nombreux et de plus en plus en famille.»

Même son de cloche de la part de Gilles Paradis, président de l'Association des petits jardins du Québec qui regroupe environ 200 membres. Depuis que l'organisation a décidé d'imposer une petite cotisation annuelle, les effectifs sont tombés de moitié. Même s'il est difficile de savoir si les visites organisées entre ses membres sont plus ou moins nombreuses qu'avant, il se dit nullement surpris par la baisse d'enthousiasme des amateurs de jardinage dans ce domaine. «Les gens sortent moins et restent dans leur jardin tout simplement pour en jouir pleinement.»

Pour sa part, Fédération des sociétés d'horticulture et d'écologie du Québec indique qu'un bon nombre de jardins privés ouverts au public connaissent eux aussi un certain désintéressement de la part des amateurs depuis un moment. Par contre, on remarque une hausse de popularité dans les jardins qui offrent des activités culturelles connexes. Comptant quelque 60 000 membres, les 200 sociétés affiliées à la fédération ont également connu une chute de leurs effectifs ces dernières années, bien que le nombre d'adhésions a augmenté en 2006. Par contre, les bénévoles se font de plus en plus rares. Si les visites dans les grands jardins diminuent, le jardinage, lui, reste un des loisirs les plus populaires au Québec.