Réjean Hubert, de Saint-Simon, près de Caraquet au Nouveau Brunswick, possède un noyer noir âgé de 8 ans. Cette année, l'arbre a produit pour la première fois une douzaine de noix.

Réjean Hubert, de Saint-Simon, près de Caraquet au Nouveau Brunswick, possède un noyer noir âgé de 8 ans. Cette année, l'arbre a produit pour la première fois une douzaine de noix.

«J'ignore toujours si elles sont comestibles. Mais une amie qui en a décortiqué une ne recommencera pas l'expérience de sitôt, écrit-il. Trois semaines plus tard, ses mains étaient encore toutes tachées. Même ses bagues sont restées marquées.» Et il a fallu une masse pour briser la coquille de la noix, qu'ils n'ont pu goûter parce qu'elle était moisie. «Pouvez-vous nous renseigner sur cet arbre?» demande M. Hubert.

Le noyer est un arbre exceptionnel à bien des égards. Les fruits de 2 à 5cm de diamètre sont parfaitement ronds et ressemblent à des petites oranges vertes. La noix est comestible mais son goût n'a guère de personnalité. (Le noyer cendré et le caryer à noix douces sont supérieurs en cette matière.) L'amande de forme irrégulière est d'ailleurs difficile à extirper du noyau et sa coquille est très dure, comme vous l'avez constaté. Un grand coup de marteau ou de masse... et vous voilà avec une pâte d'amande. Un étau convient mieux. Bernard Contré, passionné des arbres à noix et propriétaire d'une petite pépinière dans Lanaudière, offre même un casse-noix spécial au prix de 30$, justement pour briser délicatement ces noix extrêmement coriaces (Pépinière Lafeuillée: 450-759-5458).

Mais avant de procéder, il est important d'éliminer le brou, la partie charnue entourant la noix, car le goût de l'amande sera altéré, dit-il. On peut aussi attendre que le fruit devienne noir pour l'enlever en le frottant vigoureusement avec les pieds sur une pierre ou un bloc de ciment. Il est recommandé ensuite de laver les noix.

Par ailleurs, ce brou qui émet une odeur très forte rappelant le mercurochrome, tache terriblement, explique Hélène Leclerc, directrice générale du Domaine Joly de Lotbinière, le jardin où l'on retrouve la plus vieille plantation de noyers noirs sur le continent. «Je me souviens d'avoir décortiqué des centaines de noix pour fins de plantation ultérieure, dit-elle. C'était vers la mi-octobre. Eh bien! En dépit de tous mes efforts de nettoyage, mes mains sont restées tachées jusqu'à Noël. Même chose pour mes ongles.» Mme Leclerc raconte qu'à une époque pas tellement lointaine, on se servait de ces noix pour teindre en noir les cheveux et certains tissus.

Des propriétés qui ont encore leur utilité aujourd'hui. Cet automne, par exemple, des ébénistes sont allés faire provision de noix au domaine pour teindre leur bois. Le tissu végétal du noyer noir, notamment les racines, émet une substance appelée juglone qui empêche la croissance de plusieurs espèces de végétaux sous sa ramure, même ses propre drageons. Si bien que si on décide de planter cet arbre sur son terrain, il faut s'attendre à ce que les tomates, les pommes de terre, les pommiers ou encore les rhododendrons ne poussent pas à proximité de celui-ci.

Originaire du sud de l'Ontario et des États-Unis, le noyer noir ne se retrouve pas à l'état naturel au Québec. Il est toutefois rustique en zone 3 et peut atteindre 30m, mais convient surtout aux grands espaces. Son bois est très réputé et coûteux. On raconte qu'aux États-Unis, des voleurs ont profité de l'absence du propriétaire d'un terrain pour couper un de ses imposants noyers noirs qui a ensuite été transporté en hélicoptère.

La plantation du Domaine Joly est le résultat d'un semis de 100 000 noix réalisé en 1882 par un des propriétaires des lieux, Henri-Gustave Joly de Lotbinière, ancien premier ministre du Québec. Mme Leclerc souligne par ailleurs que la récolte de noix été exceptionnelle cette année et que le domaine en offre au public pour financer ses activités. Il suffit de faire un don à la fondation du domaine (de 20$ à 150$ selon la quantité de noix réclamée).

On peut contacter les responsables du jardin au www.domainejoly.com ou 418-926-2462. Les noix devront être conservées au frigo ou dans un endroit non chauffé au cours de l'hiver. Elles pourront aussi être mises en terre immédiatement, mais elles exigent parfois jusqu'à deux ans pour émerger du sol. Il est conseillé de planter les noix du noyer noir à 30cm les unes des autres, en rangée. Au cours de la deuxième année de croissance, on transplante les spécimens les plus vigoureux aux endroits appropriés.