Vaste monde que celui des hibiscus. Si varié qu'on oublie parfois que deux espèces sont vivaces dans nos platebandes, du moins dans la grande région métropolitaine, et que l'une d'entre elles produit probablement les fleurs les plus spectaculaires du jardin. En les regardant s'ouvrir au soleil, on se croirait presque dans Alice au pays des merveilles.

Vaste monde que celui des hibiscus. Si varié qu'on oublie parfois que deux espèces sont vivaces dans nos platebandes, du moins dans la grande région métropolitaine, et que l'une d'entre elles produit probablement les fleurs les plus spectaculaires du jardin. En les regardant s'ouvrir au soleil, on se croirait presque dans <i>Alice au pays des merveilles</i>.

Les nombreux hybrides d'Hibiscus moscheutos donnent des fleurs de 20 à 30 cm de diamètre, en forme de coupoles, si grandes qu'on a peine à le croire, des fleurs habituellement dans des tons de rose plus ou moins prononcé, parfois même rouge vin. Certaines sont d'un blanc pur. Bon nombre sont aussi dotées d'un coeur très foncé qui ajoute à leur beauté. Elles sont d'autant plus éclatantes qu'elles apparaissent au sommet de branches qui atteignent habituellement 1,5 m de hauteur et parfois plus.

La floraison commence habituellement à la mi-août pour atteindre son apogée au début septembre à moins que le gel ne vienne mettre fin abruptement au spectacle. Comme les autres hibiscus, les fleurs ne durent qu'une journée, mais un plant peut fleurir continuellement de trois à quatre semaines.

Les Hibiscus moscheutos répondent à l'appellation française de ketmie des marais, un terme d'origine arabe signifiant guimauve. La ketmie fait partie en effet de la grande famille des mauves qui compte dans ses rangs la guimauve officinale (althaea officinalis) dont le mucilage des racines servait jadis à faire un remède pour soulager la toux et à cuisiner la célèbre friandise du même nom.

Une espèce nord-américaine

Plante de milieux humides ou riverains, la ketmie des marais est une espèce nord-américaine répandue dans l'est du continent, du nord de la Floride jusqu'aux bord des Grands Lacs. Au Canada, on la retrouve seulement dans certaines localités de l'Ontario, notamment dans les grands marais à quenouilles. Mais sa population, qui ne dépasserait guère 10 000 spécimens, est source de préoccupation car elle serait menacée par l'envahissant phragmite.

Ce sont justement les grandes fleurs roses de l'espèce indigène qui ont attiré l'attention des hybrideurs au cours des récentes décennies, notamment les trois frères Fleming de Lincoln, au Nebraska, qui ont obtenu à eux seuls une foule de cultivars dont une quinzaine sont toujours sur le marché. C'est le cas notamment du fameux «Kopper King» aux pétales rose et blanc, au coeur presque rouge, une fleur dont le diamètre atteint 29 cm de diamètre, du moins chez moi. Une beauté! Le plant mesure deux mètres, son feuillage tire sur le rouge, et ses pédoncules sont rouges. 

Il faut dire qu'il est souvent difficile de s'y retrouver parmi les hybrides de ketmies car plusieurs donnent des fleurs très similaires. Mais certains se distinguent nettement comme «Lady Baltimore», un des plus beaux avec sa fleur rose vif et son coeur rouge, ou encore son cousin, «Lord Baltimore», pourpre très foncé. Leur fiche descriptive officielle fait état d'une hauteur de 1,5 m, mais dans mon jardin, ils dépassent souvent les 2m. Créé il y a une quinzaine d'années, le «Blue River II» est blanc pur en dépit de son nom.

Par ailleurs, les hibiscus de la récente série Luna ne dépassent guère un mètre, alors que les deux nouvelles lignées mises en marché au Québec, il y a quelques semaines par la firme américaine Yoder, atteignent environ 1,5 m. Ces derniers répondent tous à un nom de cépage ou de liqueur. Tous ces hibiscus peuvent être plantés au jardin en septembre.

La plupart des variétés d'Hibiscus moscheutos se reproduisent fidèlement par semis et vont même fleurir au cours du premier été s'ils ont été semés à l'intérieur en janvier ou février. La ketmie exige le plein soleil et un sol plutôt riche, en plus d'un arrosage régulier. J'admets cependant n'avoir pas toujours comblé adéquatement leur besoin en eau sans conséquences visibles. Par ailleurs, je ne les ai jamais protégés en hiver et la plupart ont survécu durant des années. En raison de leur grande taille et de leur déploiement relativement important (un bon mètre d'envergure), il faut habituellement placer les ketmies à l'arrière de la platebande.

Il est aussi conseillé de les raser jusqu'à 15 cm du sol à la fin de l'automne, histoire de bien les localiser le printemps venu. C'est que ces hibiscus mettent un temps fou à émerger du sol au printemps, souvent pas avant le début juin. Si bien que l'on croit souvent que la plante n'a pas survécu à l'hiver alors qu'il n'en est rien. Il faut donc éviter de l'entourer de plantes à croissance trop rapide. Elle en prendrait ombrage, dans tous les sens du terme.