Ces drôles de plantes répondent à un drôle de nom: la poule et ses poussins. On les appelle indifféremment joubarbes ou encore sempervivum, deux termes qui correspondent pourtant à deux appellations scientifiques différentes. Les sempervivum sont connus depuis des lunes et rares sont les jardins où on ne trouve pas ici et là quelques poules entourées de leur tendre progéniture.

Ces drôles de plantes répondent à un drôle de nom: la poule et ses poussins. On les appelle indifféremment joubarbes ou encore sempervivum, deux termes qui correspondent pourtant à deux appellations scientifiques différentes. Les sempervivum sont connus depuis des lunes et rares sont les jardins où on ne trouve pas ici et là quelques poules entourées de leur tendre progéniture.

Il s'agit-là d'un portrait un peu trompeur puisque les sempervivum forment à eux seuls un monde végétal distinct parmi les plantes grasses. Un petit univers qui reste méconnu de la plupart d'entre nous. D'ailleurs, si on trouve la plante presque partout, elle n'est jamais présentée sous son véritable nom de cultivar même si ce ne sont que des hybrides que l'on vend. Ce qui laisse croire d'ailleurs que tous les sempervivum sont identiques même si, évidemment ils ont tous des airs de famille.

À vrai dire, au Québec, il n'y a probablement que le Jardin de Jean-Pierre, à Sainte-Christine, près d'Acton Vale, qui vend ces cultivars sous leur véritable nom. La maison en tient d'ailleurs une cinquantaine de variétés. Toutefois, comme ils sont peu coûteux, il est relativement facile de trouver des variétés différentes d'un endroit à l'autre. Originaires des montagnes d'Asie, mais surtout d'Europe, les sempervivum sont des plantes vivaces qui produisent une rosette de petite taille, de 5 à 15 cm de diamètre, formée de feuilles très charnues et pointues.

La rosette est parfois recouverte d'une toile blanche délicate qui rappelle une toile d'araignée et au moins une espèces, S. ciliosum, est poilue. À partir de juillet pour les variétés les plus hâtives, la poule produit une grosse hampe florale couverte de poils qui émerge du centre de la rosette et se ramifie pour donner de jolies fleurs délicates, très belles, aux coloris variés. Une fois la fleur fanée, la rosette meurt, mais les nombreux petits drageons identiques à la mère - les poussins -, comblent l'espace rapidement.

Si bien qu'au cours des années, les sempervivum forment de véritables «poulaillers» de verdure avec leurs nombreuses petites poules vertes ou rougeâtres, des colonies qui peuvent parfois s'étendre sur des mètres si on leur laisse le temps et l'espace. Mais ce n'est habituellement pas le cas puisque notre poulette végétale est surtout cultivée à petite échelle, dans des auges, des rocailles ou entre les pierres des murets. On retrouve aussi la plante sur certaines toitures vertes.

Chez Sempervivum arachnoideum, la rosette centrale est entourée d'une multitude de poussins minuscules parfois reliés à la poule par une sorte de pédoncule ou fine tige. Elle est souvent recouverte d'une fine toile blanchâtre qui lui donne une allure particulière, souvent arachnoïde, comme son nom l'indique. La plante est fort jolie. Par contre, si je me fie a mon expérience, les bébés se détachent parfois trop facilement, du moins chez le cultivar que je possède (il en existe au moins une trentaine).

Joubarbes ou sempervivum?

Il existe une quarantaine d'espèces de sempervivum, mais le nombre de cultivars se compte par centaines. Ils diffèrent par leur coloris, la forme de leurs feuilles ou de leur rosette. À elle seule, la maison Squaw Mountain Gardens de l'Oregon, le plus important producteur de plantes grasses rustiques sur le continent, offre 500 variétés. Cette entreprise vend d'ailleurs au Canada par la poste. Vous serez impressionnés par son site Internet (www.squawmountaingardens.com). La collection de Squaw Mountain comprend plus de 2000 espèces et cultivars de sedums et sempervivum. Le Jardin de Jean-Pierre s'approvisionne d'ailleurs à cet endroit.

Le site vous permettra aussi de découvrir les nombreuses espèces de joubarbes offertes. Car, si elles ressemblent parfois à s'y méprendre au sempervivum (d'où la confusion des termes en jardinerie et en pépinière), les joubarbes forment un groupe différent de six espèces qui sont toutes originaires des montagnes européennes. La compagnie de l'Oregon en vend près de 200 espèces et variétés dont 106 pour la seule espèce Jovibarba.

Curieusement, le terme Jovibarba (barbe de Jupiter) nous vient de Charlemagne qui l'avait utilisé à l'époque, quand il avait fait recouvrir de joubarbes le toit de la maison d'un jardinier royal. L'objectif n'était nullement décoratif. On croyait alors qu'installée sur un toit, la plante avait la propriété d'éloigner la foudre. Mais à défaut d'agir contre le feu du ciel, le récit nous montre à quel point cette plante est peu exigeante et résistante. Joubarbes et sempervivum ont les mêmes exigences culturales. Elle ne sont ne sont pas «tuables». Sempervivum signifie «toujours en vie». Ce n'est pas pour rien. Comme la plupart des plantes grasses, ils exigent un sol bien drainé et le plein soleil.

Si les plants sont trop à l'ombre, les feuilles vont se décolorer. Ils résistent facilement à la sécheresse grâce à leurs feuilles gorgées d'eau. Roger Jolin, de Saint-Bruno, membre de l'Association des petits jardins, qui possède une belle collection de sempervivum et de cactus rustiques, fait pousser ses plants dans un terreau composé de 3cm de sable grossier recouvert d'environ 15 cm de terre légèrement sablonneuse, pas trop riche, insiste-t-il. Le tout est recouvert de gravier pour ajouter de la couleur au milieu tout en absorbant la chaleur du soleil qui se transmet aux plantes.

Non seulement les sempervivum et leurs petites cousines sont prolifiques, mais ils se reproduisent facilement. Il suffit d'ailleurs de détacher un poussin de sa mère et de le déposer sur le sol, au soleil, là où rien ne veut pousser et il prendra racine. Ils sont rustiques en zone 3.