Sa vie publique a commencé par une méprise. Où Carl von Linné avait-il donc la tête quand il l'a baptisée «hélénie d'automne»? Le naturaliste suédois avait probablement mis la main sur un plant perturbé par un long voyage en bateau, périple qui durait des semaines à l'époque. Si bien qu'à son arrivée en Europe, le choc de la transplantation l'a probablement amené à fleurir plus tard que dans son habitat naturel.

Sa vie publique a commencé par une méprise. Où Carl von Linné avait-il donc la tête quand il l'a baptisée «hélénie d'automne»? Le naturaliste suédois avait probablement mis la main sur un plant perturbé par un long voyage en bateau, périple qui durait des semaines à l'époque. Si bien qu'à son arrivée en Europe, le choc de la transplantation l'a probablement amené à fleurir plus tard que dans son habitat naturel.

En dépit de leur nom, les hélénies d'automne et leurs hybrides fleurissent une bonne partie de l'été. S'il est vrai que certaines sont toujours en fleurs à la mi-septembre et parfois plus tard, elles montrent alors des signes évidents de fatigue. Un repos bien mérité après des semaines de floraison.

Autre méprise: le mot helenium nous vient d'une plante grecque nommée en l'honneur d'Hélène de Troie, mais qui n'a cependant aucun rapport avec notre plante nord-américaine. Helenium autumnale est originaire en effet de l'est de l'Amérique du Nord, et on la trouve encore sur les terres humides du bord du Saint-Laurent, notamment dans la région du lac Saint-Pierre. C'est dans les années 1720 qu'elle a traversé l'Atlantique pour finalement aboutir entre les mains de Linné.

Les premiers croisements ont commencé aux États-Unis et en Angleterre au début du 20e siècle, et dès 1930, le cultivar «Moerheim Beauty», d'origine néerlandaise, a fait son apparition. Avec ses pétales orange foncé et son coeur brun, il reste aujourd'hui encore un des plus populaires au monde. Dans les années 40, l'hybrideur allemand Karl Foster a présenté son premier cultivar d'hélénie. Il en a produit par la suite des dizaines d'autres. Cet engouement pour les hélénies s'est poursuivi en Angleterre dans les années 50 et 60, puis aux Pays-Bas. Au cours des récentes années, plusieurs autres cultivars sont apparus sur le marché dont le magnifique «Mardi Gras», introduit en 2005, qui fleurit sans interruption de la fin juin (parfois même avant) jusqu'à la fin août, soit pendant près de 10 semaines. Quel souffle!

Une hélénie domestiquée

Membres de la grande famille des asters, les hélénies comptent une quarantaine d'espèces toutes originaires d'Amérique du Nord, exception faite de quelques espèces qui poussent en Amérique centrale. La grande majorité des cultivars aujourd'hui sur le marché sont originaires d'Helenium autumnale, qui contrairement à ses nombreux rejetons, est jaune. Son bouton central est brunâtre avec une tache de vert au milieu. Les fleurs de 5cm de diamètre font leur apparition vers le début d'août. La hauteur de la plante varie de 30 à 100cm.

Dans son habitat naturel, l'hélénie d'automne pousse dans des sols lourds, argileux et humides, au point où l'eau peut même stagner un certain temps, comme c'est parfois le cas le cas au printemps en milieu riverain. Voilà donc une espèce qui peut croître facilement là où plusieurs autres mourront. L'hélénie d'automne «originale» est offerte par le producteur-grossiste Horticulture Indigo et peut donc, en principe, être disponible un peu partout au Québec.

La maison recommande environ 11 plants par mètre carré. Quant aux cultivars, les plus vieux sont souvent offerts sous l'appellation générique d'hélénie d'automne, mais les plus récents portent un nom spécifique. La plupart présentent des tons d'orange foncé, presque rouges, mais les coloris ne sont pas uniformes et varient d'orange pâle à jaune foncé sur un même plant, ce qui ajoute à son charme.

Les hélénies aiment le plein soleil, mais elles peuvent tolérer une position un peu ombragée. Dans ce cas, toutefois, les grandes tiges devront probablement être tuteurées, faute de rigidité. Règle générale, elles atteignent autour d'un mètre, bien que le nouveau cultivar «Ruby Tuesday», introduit cette année en Europe, ne dépasse guère les 60cm. Peu exigeante en matière de sol, elle nécessite toutefois un terreau retenant l'eau. Il faut aussi l'arroser de temps à autre, surtout dans les périodes de sécheresse, sans quoi la floraison sera moins abondante.

On conseille aussi de diviser les hélénies à tous les trois ou cinq ans, chose que je n'ai jamais faite jusqu'à maintenant. Mon bosquet d'hélénies, «sans nom», date d'une quinzaine d'années et s'il a perdu de l'importante en raison de ses voisines plutôt encombrantes, il reste en pleine forme grâce à un bon apport de compost chaque automne. Les cultivars les plus intéressants restent «Moerheim Beauty» et «Rubenzwerg» en raison de leur couleur orange très foncée (ce dernier est moins haut:75 cm); «Crimson Beauty», qui est presque rouge vif et uniforme; «Pumilum Magnificum» jaune et au coeur brunâtre, plus ou moins foncé, selon le degré de maturité de la fleur.

Une nouveauté de 2006 de la maison néerlandaise Darwin répond au nom de «Double Trouble». Elle produit des fleurs jaune foncé et doubles. Distribuée cette année à 38 000 exemplaires dans le monde, elle est offerte chez quelques pépiniéristes québécois (dont la Jardinière du Nord à Saint-Félix-de-Valois). Autre nouveauté, «Sahin's Early Flowerer», aux pétales orange foncé, est distribuée par Simple Pleasures. Et bien sûr l'éclatante «Mardi Gras», une anglaise arrivée au pays l'an dernier et qui semble s'y adapter à merveille. Les hélénies sont habituellement rustiques en zone 4 sans protection hivernale.

Un dernier mot: dans plusieurs catalogues, vous trouverez aussi en vente l'Helenium «Autumn Lollipop», dont je vous ai parlé lors de sa mise en marché par le grainetier Thompson & Morgan en 2001. J'avais alors publié la photo promotionnelle en la comparant à la plante qui poussait dans mon jardin. De grâce, ne vous laissez pas avoir par la photo comme je l'ai fait. La plante n'est d'aucun intérêt en dépit de son apparence de vedette.