Planter un arbre est un moment qui allie toujours le présent et le futur. Faute de connaissances, l'«avenir végétal» réserve souvent des surprises désagréables. Rares sont les propriétaires qui n'ont pas sorti la tronçonneuse un jour ou l'autre.

Planter un arbre est un moment qui allie toujours le présent et le futur. Faute de connaissances, l'«avenir végétal» réserve souvent des surprises désagréables. Rares sont les propriétaires qui n'ont pas sorti la tronçonneuse un jour ou l'autre.

 Combien d'érables de Norvège, par exemple, ont été sacrifiés au bout de 20 ou 25 ans parce qu'ils faisaient trop d'ombre, masquaient le paysage ou tout simplement, occupaient toute la place.

Il existe pourtant des dizaines d'espèces d'arbres ou de grands arbustes au port élancé, des végétaux souvent magnifiques, qui prennent peu de place sur un terrain. Leur longévité est grande, leur hauteur peut parfois dépasser les 15 mètres, mais jamais ils ne vous feront ombrage.

Les arbres fastigiés, puisqu'il faut les appeler par leur nom, restent encore méconnus. Bien sûr, nous avons tous à l'esprit ces grands peupliers de Lombardie ou peupliers d'Italie, mais ils sont sensibles au froid en plus d'être sujets à une foule de maladies et attaques d'insectes. Sans oublier leurs longues racines de surface. Ce sont des arbres du passé.

Maintenant, place au chêne pédonculé ou fastigié ou encore à l'érable de Norvège «Columnare». Mais ils ne sont pas les seuls. Pommetier, érable, hêtre, sorbier, bouleau, pin, épinette et bien d'autres encore offrent des hybrides au port dressé. Plusieurs petits cousins du peuplier d'Italie, plus résistants aux maladies, sont aussi du nombre. Je vous présente aujourd'hui la première partie d'une liste d'arbres fastigiés (la suite paraîtra dans la chronique de samedi prochain), un choix réalisé avec le concours de Robert Mineau, horticulteur au Jardin botanique de Montréal réputé pour sa passion arboricole. Plusieurs de ces beautés ont été introduites au Québec par Jean-Pierre Devoyault, le propriétaire des Jardins de Jean-Pierre, à Sainte-Christine, près d'Acton Vale, mais la plupart sont aujourd'hui offertes un peu partout...

L'érable à sucre «Monumental»

Bien qu'il existe depuis longtemps, l'érable à sucre «Monumental» est très peu connu chez nous. Très étroit, son feuillage, qui devient rouge ou orangé en automne, ne dépasse guère les deux à trois mètres de largeur. Sa croissance est lente mais avec le temps, il pourra dépasser les 15m de hauteur. On pourra l'entailler au printemps pour faire plaisir aux enfants. Parfois vendu sous le nom de «Temple's Upright», il est rustique en zone 4. Le spécimen en haut à droite [A] est âgé d'environ 12 ans. Acer saccharum «Monumental» a aussi un cousin similaire, très beau en raison de ses longues branches verticales et plus rustique encore (zone 3). Il s'agit de «Newton Sentry». Son port est un peu plus large (5m), du moins à maturité. Malheureusement, il est encore plus rare. L'érable de Norvège «Columnare» est plus connu mais son feuillage tourne au jaune l'automne. Sa largeur est d'environ 4m. Acer «Amstrong», un cultivar de l'érable rouge, peut atteindre 5 ou 6m de largeur. Ses coloris d'automne sont peu prononcés.

Épinette blanche «Pendula»

Picea glauca «Pendula» porte son nom en raison de ses branches retombantes. Cette appellation nous fait oublier qu'il s'agit d'un conifère très élancé de 8 à 10m de hauteur, au fût très droit, mais dont l'envergure des branches ne dépasse pas les 2m. Rustique en zone 3, cette épinette est peu utilisée dans nos jardins en dépit de sa beauté. Elle se vend à prix courant, mais les arbres de gros calibre peuvent coûter des centaines de dollars. L'épinette bleue «Iseli Fastigate», du nom d'une pépinière de l'Oregon réputée pour ses arbres élancés, est aussi un conifère fastigié intéressant. De couleur bleuâtre, rustique en zone 2, elle ne dépasse guère les 150cm de largeur et 5m de hauteur, à maturité.

Le chêne pédonculé fastigié

Souvent appelé chêne anglais ou chêne fastigié d'Europe, Quercus robur «Fastigiata» est maintenant bien connu dans la grande région métropolitaine. Il se fait remarquer, notamment parce que ses feuilles d'automne persistent aux branches tout l'hiver. Son port très élancé ne dépasse guère 3m de largeur, mais peut toutefois atteindre 15m de hauteur. De croissance lente après la transplantation, il reprend vite de la vigueur après quelques années et pousse rapidement. Sa racine pivotante exige un sol profond. Considéré rustique en zone 4, il souffre néanmoins des grands froids qui peuvent causer des engelures graves.

Le chêne pédonculé «Crimson Spire»

Il s'agit d'un nouveau venu au Québec. Souvent difficile à trouver, il se vend autour de 100$ et parfois beaucoup plus, selon le calibre. Le «Crimson Spire» se distingue de son petit cousin, le chêne fastigié, par ses feuilles plus vertes et son coloris automnal rouge foncé. Une splendeur. Photographié au Jardin botanique de Montréal le 8 novembre dernier, le spécimen ci-contre est âgé d'une dizaine d'années. Après quelques gels, les feuilles deviennent beiges. Elles tomberont au printemps. De la même taille que «Fastigiata», cet arbre est plus résistant aux maladies fongiques. Plus rustique aussi, il grandit plus vite. Planté en rangée, il fait un écran magnifique entre deux voisins.